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Dissertation sur la poésie

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Par   •  18 Mai 2018  •  Dissertation  •  2 616 Mots (11 Pages)  •  7 464 Vues

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Séquence 1ère : Mélancolie en poésie.

PROPOSITION DE CORRECTION : Dissertation

INTRODUCTION

Depuis son origine, la poésie a souvent été associée à la douleur ou à l’expression de la peine. Orphée, figure mythologique qui incarne le premier poète, pleure la mort d’Eurydice, sa bien-aimée, en chantant sur sa lyre. Une telle représentation de la poésie perdure encore aujourd’hui, nourrie du souvenir de la poésie romantique. On est même tenté de s’interroger sur la nature de l’inspiration poétique : faut-il que le poète soit nécessairement dans la souffrance pour écrire de manière remarquable, pour puiser en lui les images les plus fortes et les plus belles ? C’est ce que suggère Musset quand il écrit, dans la « Nuit de mai » : « Les chants désespérés sont les chants les plus beaux, / Et j’en sais d’éternels qui sont de purs sanglots. » Faut-il s’en tenir à cette vision de la poésie ? D’autres émotions, d’autres événements ne peuvent-ils pas nourrir l’imaginaire des poètes ? Pour répondre à ces questions, il s’agira dans un premier temps de constater qu’en effet la souffrance et la douleur figurent parmi les sources privilégiées de l’inspiration poétique. Mais il conviendra ensuite de nuancer ces analyses, en montrant que la poésie obéit à d’autres émotions, et répond à d’autres fonctions que celle d’exprimer le pathos. Ainsi, une troisième et dernière partie cherchera à montrer que l’essentiel du travail poétique s’élabore autour du langage, fût-il celui de la souffrance.

I. LA POÉSIE EST L’ EXPRESSION D’UNE DOULEUR

A) Origines mythiques

B) Des thèmes universels : souffrance amoureuse, deuil... qui inspirent les poètes

C) La souffrance stimule l’écriture poétique, le travail du langage

Dans un premier temps, Musset a raison de considérer que la douleur crée des vers inoubliables. Tout d’abord, depuis l’Antiquité en effet, la poésie est intrinsèquement associée à la perte d’un être, ainsi qu’au malheur. Orphée, en défiant les dieux des Enfers, a été frappé d’un destin funeste. Cette origine de la poésie, entourée de larmes et de souffrances, s’est pérennisée à travers les siècles. C’est pourquoi les poètes, y compris ceux du XXè siècle, se sont intéressés au mythe d’Orphée, le premier des « poètes maudits ». Ainsi, Ovide au Ier siècle après J.-C. louait déjà les paroles poétiques de l’époux d’Euridyce, tandis que Cocteau a souvent évoqué cette figure mythique dans sa poésie, et lui a même rendu hommage au cinéma dans Le Testament d’Orphée. On voit ainsi que l’origine antique de la poésie inspirée perdure à travers les siècles.

En outre, si la souffrance fait bon ménage avec la poésie, c’est qu’elle explore des thématiques qui traversent les siècles et les mouvements culturels. La rupture amoureuse, par exemple, a inspiré aussi bien Pierre de Ronsard que Guillaume Apollinaire ou Paul Éluard. Parce qu’elle concerne tous les hommes, la souffrance de la perte de l’être aimé invite à un langage universel. Source de lyrisme, la thématique de l’amour déçu, et même de l’amour perdu, trouve un espace privilégié dans les vers de la poésie. À certaines époques de l’histoire littéraire, les poètes en ont même fait leur principale inspiration. C’est le cas des poètes de la période romantique qui, en exaltant les sentiments intimes, ont tenté de creuser leur plaie pour mieux en faire ressortir le lyrisme. Ainsi, les Méditations de Lamartine ou Les Contemplations de Victor Hugo sont des recueils construits autour de l’idée d’une perte, d’une grande douleur. Mais l’expression de la douleur n’est pas le propre de la poésie romantique. Le poète surréaliste Paul Éluard, lorsqu’il perd brutalement sa compagne Nusch d’un accident de voiture, écrit un bref recueil intitulé Le Temps déborde : il se plonge dans sa douleur pour en tirer des images d’une grande beauté, telles que « Le temps déborde », « Voici le jour en trop » ; ou encore « Notre amour si léger prend le poids d’un supplice ». Grâce à ces exemples, on ne peut qu’adhérer à la formule de Musset qui considère comme les plus beaux les vers les plus désenchantés.

Enfin, si la désespérance crée les plus beaux chants, c’est qu’elle résulte de la nécessité d’une expression personnelle de la douleur. Le poète dispose en effet d’un langage à part pour exprimer ses émotions. Il leur confère une dimension universelle en quoi chacun peut se reconnaître. Les plus célèbres poèmes de langue française évoquent un événement douloureux, voire tragique. Le poème de Victor Hugo, « Demain, dès l’aube », exprime ainsi la douleur d’un père qui se rend sur la tombe de sa fille. Ce poème fait en effet allusion à un événement tragique de la biographie du poète, la mort par noyade de sa fille Léopoldine. C’est pourquoi Musset a raison de constater que les plus belles images poétiques naissent d’un grand chagrin. Lui-même en a fait l’expérience après sa rupture avec George Sand, quand il écrit « Les Nuits », cycle de quatre grands poèmes lyriques où le poète exprime sur le mode élégiaque ses inquiétudes intimes et ses regrets passés. Force est donc de constater que l’expérience personnelle de la douleur est un thème poétique qui inspire tous les poètes et toutes les époques, permettant ainsi un renouvellement de l’expression lyrique.

Séquence 1ère : Mélancolie en poésie.

II. LA POÉSIE N’A PAS POUR SEULE FONCTION D’EXPRIMER LA SOUFFRANCE

A) La révolte de l’engagement

B) L’humour, la chanson

C) Pas de fonction : l’art pour l’art

Cependant, ce serait une erreur de croire que la poésie n’est engendrée que par la douleur, et ne produit que des textes à la teneur élégiaque3 ou tragique. La poésie obéit à d’autres souffles et à d’autres nécessités. Elle peut exprimer un engagement, ou bien, à l’inverse se suffire à elle-même. Musset réduit donc un peu la poésie quand il considère que seule la poésie désespérée crée de beaux vers. De fait, la poésie peut également exprimer une révolte ou un engagement. Il n’est pas nécessaire de souffrir pour écrire des vers, mais parfois de réagir face à une situation révoltante ou injuste. Dans Les Châtiments, par exemple, Victor

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