Dissertation laclos danceny
Dissertation : Dissertation laclos danceny. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jeremie99 • 4 Janvier 2016 • Dissertation • 1 853 Mots (8 Pages) • 1 675 Vues
Propositions de corrigé
Sujet de dissertation : Le chevalier Danceny affirme que "la lettre est le miroir de l'âme", commentez cette affirmation à l'aide des textes étudiés en classes et de vos connaissances personnelles.
Plans possibles :
I/ Le lettre se définit comme l'expression sincère du ressenti.
II/ Mais elle peut être aussi un tissu de mensonges.
III/ La lettre non pas seulement un miroir de l'âme mais aussi de toute une société.
Ou
I/ La lettre est un écrit intime de vérité spontanée
II/ Mais la lettre peut aussi être un écrit maîtrisé dans laquelle le locuteur cherche à manipuler son destinataire
III/ Les différents status et la place du destinataire selon les lettres
Ou
I/ La lettre propose une image voulue du scripteur par le scripteur
II/ Mais elle peut aussi trahir l'épistolier
III/ Enfin, la lettre peut avoir d'autres fonctions que la fonction émotive et ne pas être centrée sur le scripteur.
Ou
I/ La lettre représente une image parfaite de l'état d'esprit et des sentiments du scripteur
II/ Les limites de ce type de lettre
III/ La lettre montre un reflet authentique mais subjectif et donc relatif du scripteur.
Ou
I/ La lettre constitue bien le miroir de l'âme :
A) Une démarche sincère d'introspection : l'âme comme lieu de réflexion et de sensibilité : se dire et s'étudier en toute sincérité (registre lyrique, expression des sentiments, rythme...)
B) Se dire et se dévoiler a pour fonction de faire éprouver des émotions au destinataire (registre pathétique)
C) Le dévoilement d'une personnalité
II/ Mais ce miroir, selon Merteuil, n'est possible que si les sentiments sont vrais. Donc la lettre peut masquer le scripteur plutôt que le dévoiler. Or, la lettre libertine doit davantage s'occuper du destinataire : elle doit dire ce que le destinataire veut entendre.
A) La lettre fictive comme arme de séduction ou mise en scène de soi et de l'autre : libertinage = faux dévoilement.
B) La lettre authentique qui préserve un voile sur le scripteur : miroir d'une pudeur à écrire, miroir aussi d'une relation épistolaire.
C) La lettre opaque qui a une visée argumentative, engagement de l'autre attendu.
III/ La lettre n'est pas seulement un miroir du scripteur, elle dépend aussi du destinataire.
A) La lettre se définit comme dialogue différé et l'âme du scripteur n'apparaît que dans des relations privées, réelles ou fictives : miroir qui n'a de valeur que s'il est perçu par l'interlocuteur, grâce au temps et à la relation de confiance : miroir de soi et de l'autre.
B) La lettre comme miroir de la société ; jeu romanesque correspond à ces masques et à ces dévoilements qui construisent le roman pour les lecteurs : ensemble miroir de la société.
C) Miroir comme un prisme ou un kaléidoscope : dans le roman épistolaire.
Depuis fort longtemps, l'homme n'a de cesse de parler de l'âme, c'est-à-dire de parler de lui-même. Il cherche ainsi de nouvelles façons de parler de lui, de s'exposer et de s'exprimer. Ainsi la lettre apparaît comme le moyen idéal d'exprimer ce que l'homme ressent, de montrer ce qu'il est, faisant office de miroir de l'âme comme l'affirme le chevalier Danceny dans Les Liaisons Dangereuses.
Nous verrons donc en quoi la lettre peut être le miroir de l'âme avant de nuancer le propos en abordant les autres fonctions que peut avoir la lettre et enfin nous verrons la description de l'âme dans d'autres genres littéraires et également la voix de l'auteur dans le roman épistolaire.
La lettre, par son caractère privé, qui se trouve dans une enveloppe et ne peut donc être lue que par son destinataire, constitue un moyen idéal et efficace pour exprimer ses sentiments. Directement destinée à une personne en particulier, elle permet en toute confidentialité, d'échanger avec l'être aimé. De plus, la lettre permet de développer le caractère intime des relations amoureuses renforçant par les mots, les liens qu'entretiennent les individus. Laclos, dans Les Liaisons Dangereuses de 1782, livre notamment la correspondance entre le chevalier Danceny et la jeune Cécile dévoilant là, la naïveté et l'inexpérience des deux protagonistes.
Cette intimité permet également de mettre un terme à ces relations. Ainsi Montesquieu dans son ouvrage Les Lettres Persanes de 1754, expose la rupture de Roxane et Usbek par une lettre de celle-ci à l'homme dont elle ne veut plus. Dans cette lettre, on voit la souffrance et la colère qu'éprouve la jeune femme.
La lettre peut donc en fonction du scripteur et du destinataire exprimer pleinement les sentiments de ceux-ci.
On peut parler de la lettre comme étant un miroir de l'âme car elle permet l'introspection, c'est-à-dire l'observation par le sujet lui-même, de ses états de conscience, de ses sentiments et de sa vie intérieure en s'adressant à lui-même, parfois sans même le vouloir. Par cette introspection, renforcée par l'utilisation de la première personne le « je », la personne montre qu'elle est le narrateur. En se plongeant dans ses pensées, on effectue un voyage dans l'intimité du personnage. A l'exemple de Marina, la religieuse des Lettres portugaises de 1669 de Gabriel-Joseph de La Vergne, qui affiche son amour dans ses lettres désespérées. On peut également retenir la lettre 81 des Liaisons Dangereuses où Madame de Merteuil brosse son portrait et montre alors toutes ses caractéristiques morales : manipulatrice, observatrice, indépendante.
De cette façon, la qualification de miroir de l'âme peut être appropriée car la lettre permet d'une part l'expression des sentiments et d'autre part caractérise la personne. Cependant la lettre ne peut être définie uniquement par ce qualificatif.
En effet, la lettre peut adopter différentes fonctions selon le sujet. Il faut alors prendre compte du destinataire.
Elle peut donc prendre un caractère informatif permettant au scripteur de livrer des informations, de raconter des faits ayant eu lieu à leurs allocutaires. C'est le cas, notamment avec la correspondance entre Valmont et Madame de Merteuil dans Les Liaisons Dangereuses de Laclos qui informe de l'avancée de leur dessein.
A cause des distances physiques, la correspondance est donc un moyen idéal pour informer les destinataires. Comme le montre la correspondance de Usbek et Rica, dans Les Lettres Persanes de Montesquieu, les deux Perses écrivent à leurs proches restés à Ispahan , leur faisant part de l'avancée de leur expédition et des mœurs, des conditions de vie de la société française au XVIII ème siècle qu'ils découvrent au cours de leur voyage.
Informer est donc une des fonctions que peut prendre la lettre.
Mais elle peut prendre plus de distance avec son destinataire et s'adresser de manière plutôt formelle à une seule personne ou encore à un peuple.
La volonté d'exprimer une requête ou de remercier peut être un sujet de lettre. On peut s'intéresser au personnage de Madame de Volanges, la mère de Cécile dans Les Liaisons Dangereuses de Laclos, qui demande à Madame de Merteuil de la conseiller face à la souffrance de sa fille dans la lettre 98.
On peut aussi évoquer l'usage de la lettre au Moyen-Age. A cette époque, le coté formel est plus présent. En effet, des missives d'ordres officiels étaient publiées. Avec les lettres de cachet servant à la transmission d'un ordre du roi, la population était informée des requêtes du pouvoir.
Ce genre de lettre était également utilisé dans le commerce qui se développait et se diversifiait à l'époque en particulier avec l'usage des lettres de crédit qui impliquaient un engagement de paiement.
La lettre ne peut être donc définie uniquement par l'expression « miroir de l'âme ». Elle peut en fonction de son usage et du destinataire prendre différentes fonctions.
Cependant, l'âme d'une personne peut être définie autrement que par la lettre, on peut aussi dépeindre l'âme dans d'autres genres littéraires sans oublier dans le genre épistolaire d'étudier la place de l'auteur.
Ainsi, les personnes peuvent être définies par leurs actions dans les romans. Les actions et les décisions qu'ils prennent, permettent alors de déterminer qui ils sont. Par exemple, dans La Princesse de Clèves de 1678 de Madame de La Fayette, on peut voir le sens du devoir et la vertu qui poussent la Princesse à renoncer à la passion et à tout dévoiler à son mari faisant d'elle un héroïne renonçant à l'amour. En poésie, dans Les Contemplations de Victor Hugo de 1856 largement inspirée par la mort de sa fille Léopoldine, on peut voir l'expression des sentiments de celui-ci. Ainsi l'amour qu'il porte à sa fille et le chagrin face à sa mort, montre en quelque sorte une partie de son âme, dévoilant sa peine.
L'âme d'une personne peut donc être explicitée, décrite et reflétée dans d'autres genres littéraires sans forcément passer par une lettre.
En rédigeant des romans épistolaires, certains auteurs témoignent d'une vision et d'une morale différente de la société à laquelle est destiné l'ouvrage. Ne voulant pas assumer directement ses idéologies, l'auteur fait parler ses personnages à sa place critiquant les opinions politiques et philosophiques de la population, constituant alors son œuvre comme une vraie arme révolutionnaire. Rousseau, dans son ouvrage La Nouvelle Héloïse de 1761 expose ses idées et ses sentiments. Par l'intermédiaire de ses personnages, il fait part de ses jugements sur le théâtre, les arts et la société frivole de l'époque capable de corrompre même le plus droit des hommes comme Saint-Preux. Ce roman livre montre également le concept qu'a Rousseau, notamment sur l'éducation avec les enfants de Julie et la place qu'il porte à la vertu. On peut également s'intéresser au très controversé ouvrage de Laclos, Les Liaisons Dangereuses. L'aspect morale de l'œuvre montre la satire de Laclos de la société libertine du XVIIIème siècle avec les personnages de Valmont et Madame de Merteuil, en dévoilant les mœurs dissolues de celle-ci. En « divulguant » les pratiques de cette classe sociale, il veut montrer qu'au XVIIIème siècle, la société s'adonne à des pratiques dépravantes touchant même les personnes les plus pieuses avec Madame de Tourvel et expose presque le mépris qu'il a envers cette société.
Dans le genre épistolaire, la lettre peut donc montrer et exprimer la voix de l'auteur.
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