Dissertation Roman
Dissertation : Dissertation Roman. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Khabib2019 • 7 Janvier 2019 • Dissertation • 5 379 Mots (22 Pages) • 957 Vues
Séquence 1 Etude d’une œuvre intégrale – Sylvie Germain, Magnus, 2005.
Problématique La quête d’identité est-elle compatible avec le statut de héros romanesque ?
Notions et perspectives d’étude : L’intertextualité : formes et fonctions ; les enjeux de l’incipit ; le Nouveau Roman ou les notions de personnage et d’intrigue en question ; le personnage de l’enfant dans le roman ; l’expressionisme
Pour l’exposé
Lecture analytique n°7 | Sylvie Germain, Magnus, Fragment 2 , « Il porte…un rôle égal au sien. », Ed. Folio, p 15-16-17 |
Lecture analytique n°8 | Sylvie Germain, Magnus, Fragment 5, « Augusta Keller…leur chambre miteuse. », Ed. Folio, p 33-34-35 |
Lecture analytique n°9 | Sylvie Germain, Magnus, Fragment 1, « Hambourg…le fracas des explosions. », p 94-95-96 |
Pour l’entretien
Lecture cursives |
Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, incipit, 1796 M. Butor, La modification, incipit, 1957. Suskind, Le Parfum, incipit, 1985
Balzac, Le père Goriot, « portrait de Vautrin », 1839 A Robbe-Grillet, La Jalousie, « La chevelure », 1957 A. Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, « Nous en a-t-on assez parlé du personnage… », 1963. |
Histoire des Arts | Personnages romanesques et picturaux : vers une lente dissolution Les élèves auront choisi au minimum deux portraits de mouvement artistique différents et en proposeront une analyse et expliqueront l’évolution de cette représentation Munch, Le cri, 1898-1917 |
Activités |
Victor Hugo, Les misérables, « La mort de Gavroche »
L’expressionnisme, l’intertextualité |
Il porte sur chaque chose, chaque personne, dont ses parents un regard plein de candeur et d'étonnement, examinant tout avec minutie. Le regard d'un convalescent qui a frôlé la mort et qui réapprend à voir, à parler, à nommer les choses et les gens. A vivre. L’année de ses cinq ans, il est tombé gravement malade et la fièvre a consumé en lui tous les mots, toutes ses connaissances fraîchement acquises. Il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance. Des ombres néanmoins la parcourent parfois, venues il ne sait d'où. Sa mère, Thea Dunkeltal, consacre tout son temps à rééduquer son enfant oublieux et mutique, elle lui enseigne de nouveau sa langue, et à mesure elle lui restitue son passé perdu en le lui racontant épisode par épisode, ainsi qu'un feuilleton dont il est le personnage central, et elle la bonne reine veillant sur lui. Elle le remet au monde une seconde fois, par la seule magie de la parole. Dans ce feuilleton en forme de conte qui l'enchante, car, comme tout conte, il brasse le terrible et le merveilleux, chaque membre de la famille a une stature de héros : lui en tant que victime d'une fièvre vorace qu'il a cependant réussi à vaincre, sa mère en tant que fée bienfaisante, son père en tant que grand médecin. A ce trio s'ajoutent deux autres figures, bien plus valeureuses et admirables encore, celles des jeunes frères de sa mère, tués à la guerre, et à l'égard desquels il lui incombe de témoigner fierté et gratitude, à jamais. Car c'est pour lui qu'ils se sont sacrifiés en partant combattre dans une contrée lointaine où les hommes sont aussi cruels que le climat, pour qu'il grandisse dans un pays de gloire et de puissance. Et l'enfant, qui assimile les mots « ennemi » et « maladie », s'est imaginé que ses oncles guerriers sont morts en livrant bataille à sa maladie, morts de froid et d'épuisement à force de refouler l'adversaire-fièvre vers une terre glaciale afin d'en éteindre le feu. De ces deux héros dont il porte les prénoms, il se laisse avec docilité transmuer en mausolée vivant. Aussi séduisante soit l'épopée familiale pleine de noblesse et de tristesse, elle souffre néanmoins d'un défaut, petit en apparence, mais qui chagrine beaucoup l'enfant : la mère n'y accorde aucune place à Magnus, qu'elle traite d'ailleurs avec mépris, voire répugnance. Or Magnus et lui, Franz Georg, sont inséparables. Alors il introduit clandestinement son compagnon dans la légende, il invente pour lui des scènes qu'il lui murmure longuement à l'oreille (celle qui porte la trace d'une brûlure, pour la consoler), quand ils sont seuls tous les deux ; des scènes où Magnus tient un rôle égal au sien.
Sylvie Germain, Magnus, fragment 2, 2005
Augusta Keller se montre un double assombri de l’aimable Thea Dunkeltal. Elle a perdu sa belle maison, son statut social et son cercle de connaissances où chacun s’inclinait avec beaucoup de compassion et de révérence devant le grand deuil qu’elle poire de ses deux jeunes frères sacrifiés pour que s’étende le Reich immensément dans l’espace et dans le temps. Elle s surtout perdu son rêve de grandeur qui l’aidait à supporter avec bravoure son chagrin de sœur amputée de ses deux cadets, héros sans sépulture dont des chiens errants ou des loups ont dû dévorer les cadavres gelés quelque part à l’Est, en terre de neige et de barbarie.
Le Fürher est mort – lui l’incarnation à la voix flamboyante de ce rêve de splendeur – et avec lui a sombré le Reich millénaire après une dérisoire douzaine d’années. Il ne reste plus rien de ces deux passions mêlées, la patriotique et la fraternelle, rien que des débris, des cendres et des ossements. Elle vient de vois sa nation passer du jour au lendemain du triomphe au cataclysme, les belles villes du pays s’effondrent comme des termitières incendiées et son peuple si fier s’effriter en bandes de fuyards transis de trouille, de misère et de honte.. Elle se sent scandaleusement flouée ; volée, et au fil des jours son affliction s’empoisonne d’aigreur. Mais elle est forte, elle est décidée à se battre pour survivre, et elle se sangle de patience pour attendre l’arrivée de son mari. Grâce à des relations que celui-ci avait à Friedrichshafen, elle trouve une chambre où se loger avec son fils, dans un quartier excentré, épargné par les bombardements, et un emploi de cuisinière dans un hôpital ; le salaire est dérisoire, mais le poste idéal pour glaner de quoi ne pas dépérir de faim.
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