Corpus Ronsard, Apollinaire
Commentaire de texte : Corpus Ronsard, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar avraiment • 3 Mai 2017 • Commentaire de texte • 723 Mots (3 Pages) • 2 207 Vues
Proposition de correction pour la question de corpus
Le thème du Carpe diem, invitation à jouir du moment présent, est un thème poétique très ancien, déjà développé par Horace, le poète latin, et souvent repris dans la poésie lyrique française. Ainsi, Ronsard s'en inspire dans son ode « Mignonne allons voir si la rose… » et dans le sonnet « Quand vous serez bien vieille… ». De même, au xxe siècle, Apollinaire s'inscrit dans cette longue filiation et reprend des éléments des deux poèmes de Ronsard pour composer « La cueillette » et « Adieux », publiés dans un recueil posthume Il y a.
Les quatre poèmes se présentent comme des apostrophes à la femme aimée : Ronsard s'adresse à celle qu'il appelle « Mignonne » (v.1), Apollinaire interpelle sa « Belle » (v.2). Dans « Adieux », le poète utilise simplement le pronom « vous » (v.1) comme Ronsard dans « Quand vous serez bien vieille ».
En outre, le motif de la rose est présent dans les deux poèmes de Ronsard comme dans « La cueillette ». Dans « Mignonne… », la rose est associée à la femme, à sa jeunesse et sa beauté, « son teint » (v.6) est « pareil » à celui de la femme. De même, dans « La cueillette », les roses « couronnent [la] tête » (v.3) de la jeune femme. Cependant cette fleur renvoie ici davantage à l'amour lui-même : « Chaque fleur qui se fane,/ C'est un amour qui meurt ». (v.19-20)
Les quatre poèmes reprennent le thème du Carpe diem et de la fuite du temps en évoquant la vie éphémère de la rose et en déplorant sa mort rapide. Dans «Cueillette », Apollinaire reprend directement l'impératif « cueille » (v.7), référence directe à l'impératif latin « carpe », déjà présent chez Ronsard dans les vers suivants : « Cueillez, cueillez votre jeunesse » (v.16) et « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » (v.14). Toutefois, dans « La cueillette », cueillir les roses signifie aussi assister à la fuite du temps et plus seulement profiter de l'instant présent, le poète et la femme verront « l'agonie amoureuse des roses » (v.11).
Ce dernier thème est surtout présent dans « Adieux », qui en cela se rapproche nettement de « Quand vous serez bien vieille… ». Comme Ronsard, Apollinaire se projette dans l’avenir – les verbes au futur sont omniprésents dans les deux poèmes – pour imaginer la vieillesse de la femme aimée, le même adjectif substantivé « vieille » est présent dans les deux poèmes. Dans les deux cas, la femme a perdu sa grande beauté avec sa jeunesse et elle ne peut que se souvenir de ce passé révolu où le poète la célébrait. Dans le sonnet de Ronsard, elle s'exclame : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle » (v.4), chez Apollinaire, elle remarque : « C'est en dix neuf cent un qu'un poète m'aima. » (v.14) Cependant, alors que pour Ronsard le poème est encore une invitation à jouir du présent, Apollinaire souligne davantage les ravages de la fuite du temps et dresse un portrait plus critique de la vieille femme. Enfin, dans les deux poèmes, le poète se met en scène et souligne les effets bénéfiques pour lui du passage du temps : Ronsard évoque le « bruit » (v.7) de son nom et Apollinaire le « temps glorieux » qui révélera sa beauté (v.7), tout en soulignant avec ironie que la vieille femme sera aussi la mémoire de la laideur physique du poète.
Enfin sur le plan formel, les poèmes présentent des similitudes : les poèmes d'Apollinaire sont écrits en alexandrins, comme le sonnet de Ronsard, à une époque où l’alexandrin était délaissé au profit du vers libre.
Ainsi, tout en offrant quelques variations, les poèmes d'Apollinaire font bien écho à ceux de Ronsard, « La cueillette » présente des similitudes avec « Mignonne allons voir si la rose… », alors qu' « Adieux » se rapproche beaucoup de « Quand vous serez bien vieille… ».
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