Corpus: Beaumarchais, Molière, Giraudoux
Étude de cas : Corpus: Beaumarchais, Molière, Giraudoux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar wsiiigh • 26 Mars 2016 • Étude de cas • 2 061 Mots (9 Pages) • 6 770 Vues
Les trois extraits du corpus (Don Juan de Molière, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais et Electre de Giraudoux) mettent en scène des couples qui s'affrontent. Au théâtre, l'opposition entre les personnages sur scène sont primordiaux, et c'est ce qui a fait dire à Eugène Ionesco : « Sans conflit, il n'y a pas de théâtre. » Comment le dialogue théâtral et le didascalies expriment-ils le conflit entre les personnages dans ces trois scènes ? Nous étudierons dans un premier temps le dialogue, puis les didascalies dans un second temps.
On décèle tout d'abord la sensibilité des conflits dans les dialogues de Molière et de Beaumarchais, par la force des sentiments exprimés grâce au lexique : Done Elvire dans Don Juan emploie des termes forts comme « trahison », « perfidie », «me venger», qui montrent bien sa colère. Le comte en fait de même dans Le Mariage de Figaro, avec des mots tels que « crime » , « perfide » ou bien des insultes : « Indigne épouse ! ». De plus on perçoit une distinction dans le langage du comte. Lorsqu'il s'adresse à sa femme, il passe du vouvoiement au tutoiement : il n'a alors plus aucun respect pour elle. « Ôtez-vous … Tu es bien audacieuse d'oser me parler pour un autre ! ».
Chez Giraudoux, la tension est moins sensible, mais néanmoins présente dans la série d'accusations que le jeune homme lance à Agathe. Cette dernière par ses mots, retourne la situation lorsque le jeune homme commence à lui reprocher d'avoir un autre amant. Elle se fait passer pour la victime, et montre que les arguments expliqués auparavant font leurs preuves même avec ceux qui les connaissent : « C'est que justement j'avais pris une entorse. Celui dont tu parles me rapportait. »
Le conflit peut aussi s'exprimer par la ponctuation. En effet chez Giraudoux et Beaumarchais, on discerne un grand nombre de points d'exclamation, montrant l'indignation des deux hommes dans leur pièce respective : Le jeune homme est révolté par les mensonges d'Agathe et s'emporte : « Avoue-le Agathe, ou je pars ! », tandis que le comte est scandalisé par l'impertinence de sa femme : « Et vous vouliez garder votre chambre ! Indigne épouse! Ah ! ».
Le conflit peut d'autre part s'exprimer par les didascalies. Si elles ne sont pas abondantes dans Don Juan, elles expriment tout de même un véritable conflit entre Don Juan et Done Elvire (bien que les disdascalies soient ici tournées vers Sganarelle, qui ne veut pas s'expliquer). En effet Sganarelle, paniqué à l'idée de devoir mentir à la jeune femme,se voit être pressé par son maître, devenu agressif : « en le menaçant ». Une autre didascalie, reprise trois fois dans l'extrait montre aussi le conflit : « bas à Don Juan ». Sganarelle doit parler à son maître sans que Don Elvire puisse l'entendre, et Molière utilise donc ici des apartés pour entretenir ce dialogue d'opposition.
Beaumarchais utilise lui aussi des didascalies pour exprimer le conflit. Les actions de la comtesse montrent son désespoir : « se jette à genoux, les bras élevés », et les expressions du comte montrent sa colère : « furieux ». Mais la comtesse prend peu à peu confiance, grâce à la farce de Suzanne et prend alors la place du « dominant » dans le conflit : « assurant son ton par degrés ».
En revanche, dans le dernier texte de Giraudoux, il n’y a pas de didascalie, on ne peut donc pas voir le conflit de cette manière
Ainsi, nous avons pu voir que le lexique, la ponctuation, et les didascalies pouvaient exprimer le conflit entre les personnages, grâce aux sentiments qu'ils manifestent, et à l'évolution des rapports de force qu'ils entraînent.
COMMENTAIRE :
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais est une des figures emblématiques du siècle des Lumières, et est considéré comme un précurseur de la Révolution Française. Selon lui, seul le drame sérieux peint avec exactitude la vraie nature des mœurs des hommes. C'est alors avec cette idée en tête, qu'il crée le drame bourgeois. Des pièces telles que Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro, ou encore La mère coupable sont caractéristiques de ce nouveau genre théâtral. Le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes, écrite en 1778 et représentée pour la première fois en 1784, après avoir été censurée. La pièce relate les aventures de Figaro et de sa fiancée Suzanne qui souhaitent se marier tout en évitant que le Comte Amalviva abuse de ses privilèges de noble en exerçant son droit de cuissage sur la jeune femme. Les scènes 16 à 19 de l'acte II s'ouvrent sur un dialogue entre le comte et la comtesse. Le comte pense surprendre sa femme avec un jeune page, mais lorsqu'il ouvre le cabinet, c'est Suzanne, la femme de chambre de la comtesse, qui s'y trouve. Nous avons donc affaire ici à un affrontement entre mari et femme ; un conflit amoureux. En quoi Beaumarchais fait-il de cette scène d'opposition, une scène comique révélatrice d'inégalités sociales ? L'examen du texte portera d'abord sur son aspect comique, puis sur son message moral.
Ce dialogue possède toutes les caractéristiques d'une scène de conflit comique, plus précisément, d'une scène de vaudeville. Tout l'extrait repose sur un comique de situation et un quiproquo. Le comte pense être trompé par sa femme et un jeune garçon, soi-disant caché dans un bureau. Il y a alors un décalage entre le savoir du spectateur, et celui des personnages. Seul le spectateur sait que Suzanne est cachée dans le cabinet, il attend le retournement de situation sans avoir peur, nous sommes donc donc bel et bien dans la comédie. Il n'y pas de danger réel pour Chérubin, et le spectateur rit aux dépens du comte : tel est pris qui croyait prendre.
On note ensuite les surprises en cascades et le dialogue vivace de la pièce. En effet, ce rythme très soutenu est
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