Conciliation Emploi-Famille RIN 2013 TN1

Feuille d’identité

Le profil de la famille québécoise s’est considérablement transformé au cours des dernières décennies. La famille « traditionnelle », habituellement constituée d’un père travaillant à l’extérieur du foyer du lundi au vendredi avec un horaire stable et d’une mère à la maison assumant seule les responsabilités familiales et domestiques, a cédé du terrain à la famille dite nucléaire (ou recomposée) à au moins un revenu. Cette évolution a engendré certains problèmes de conciliation par rapport à l’emploi, ainsi qu’à la gestion de la famille. C’est ainsi qu’on a vu naître des mesures telles que les garderies à contribution réduite, la bonification des congés parentaux, le programme d’aide aux devoirs et autres incitatifs destinés à faciliter le quotidien des ménages. La société québécoise peut-elle enfin se dire : « Mission accomplie »? Avons-nous atteint une bonne articulation, un certain équilibre entre emploi et famille? Cet essai répondra à ces questions. Il traitera également de la relation entre l’emploi et la famille, plus précisément de son évolution récente, des principaux facteurs qui amplifient la problématique de la conciliation emploi-travail, des raisons qui justifient l’instauration d’horaires et d’emplois anormaux et, enfin, de solutions possibles pour améliorer la situation.  

L’avènement des garderies à contribution réduite, de la bonification des congés parentaux, du programme d’aide aux devoirs et autres initiatives ont sans aucun doute permis à la société québécoise d’atteindre un certain niveau d’articulation. Ce sont tous d’excellents services offerts par le Gouvernement du Québec aux parents présentant un besoin quelconque. Mais ils ne réglent pas tout, comme cet essai le montrera.

Emploi et famille : depuis toujours interreliés

De nos jours, l’entreprise « fournit aux personnes les ressources qui leur permettent l’autonomie économique sous réserve qu’elles apportent leur travail et acceptent les contraintes qui en découlent. » La famille, elle, « fournit en permanence au système économique ses producteurs et ses consommateurs, en les re-produisant au sens biologique et éducatif du terme, et en assurant jour après jour l’entretien de ceux et celles qui sont au travail. » (Conciliation emploi-famille et temps sociaux, Diane-Gabrielle Tremblay, p. 18) Évidemment, lorsque le salarié est mis au chômage par son employeur, il perd les revenus nécessaires au bien-être de sa famille. La relation d’interdépendance entre l’emploi et la famille est sans équivoque!

Bien avant l’ère du salariat, emploi et famille étaient souvent indissociables. Dans l’échoppe artisanale ou sur la parcelle de terre, par exemple, tous les membres de la famille étaient associés et participaient directement ou indirectement à la tâche. La prospérité (ou la précarité) de l’entreprise étaient, dans la majorité des cas, étroitement liée aux apports de chacun de ses membres. Aussi, il n’était pas rare que l’on ne fasse pas la distinction entre la vie de travail et la vie de famille. (Conciliation emploi-famille et temps sociaux, Diane-Gabrielle Tremblay, p. 17)

L’avènement du salariat a fait en sorte de séparer progressivement la sphère du travail et celle de la famille pour en faire deux entités bien distinctes. Ainsi, certains enfants se demandent parfois en quoi consiste concrètement le travail de leur parents. Ils entendent parler du « bureau » ou de « l’usine » sans trop savoir à quoi cela fait référence. « Le temps se fractionne également de façon plus rigide : la répartition entre les heures de travail et les heures de retour échappe le plus souvent au libre choix du salarié. » (Conciliation emploi-famille et temps sociaux, Diane-Gabrielle Tremblay, p. 17) Bien souvent, les collègues de travail d’entreprises de taille considérable ne connaissent pas les familles de leurs collègues. À l’opposé, les membres de la famille ont peu de chances de connaître le ou les dirigeants de l’entreprise pour laquelle travaille le parent en question.

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