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Commentraire de texte, Robert Desnos, Ce cœur qui haïssait la guerre

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Par   •  25 Avril 2018  •  Commentaire de texte  •  2 652 Mots (11 Pages)  •  2 822 Vues

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Introduction

Robert Desnos est un poète du XXe siècle qui a participé au mouvement surréaliste dont il se désolidarise en 1930, refusant d’intégrer le parti communiste. Il participe à la Seconde Guerre Mondiale, renonçant ainsi au pacifisme qui est pourtant une valeur qui lui tient à cœur. Résistant sous l’Occupation, il est déporté en Tchécoslovaquie dans un camp de concentration. Il mourra qqs jours après la libération du camp. Le poème « Ce cœur qui haïssait la guerre » est paru clandestinement et sous un pseudonyme en 1943 dans un recueil clandestin intitulé L’honneur des poètes. Ce poème témoigne de son engagement pour défendre la liberté face au nazisme. Nous nous demanderons donc quelle vision de la guerre est donnée à travers ce poème. Nous verrons tout d’abord que le poète est face à un dilemme personnel qui lui demande de renoncer à son pacifisme puis nous verrons que ce poème est un appel à la résistance.

  1. Un dilemme personnel : le pacifisme vs guerre  
  1. « ce cœur qui haïssait la guerre »

- Le poète est face à un dilemme personnel dans ce poème, dilemme qui est symbolisé par l’opposition entre les deux premiers vers.

- On comprend que, s’il est face à un dilemme, son choix est fait dès les deux premiers vers : « ce cœur qui haïssait la guerre » appartient au passé avec emploi de l’imparfait par opposition au présent « qui bat pour le combat et la bataille »

 Répétition de la syllabe « ba » renvoie à cette idée de pulsation cardiaque mise au service de la résistance

- Mais si le poète a choisi le camp de la bataille, il a toutefois du mal à accepter ce choix comme le montre la mise à distance de son cœur par le démonstratif « ce cœur » comme s’il ne le reconnaissait plus : cœur présenté comme une entité indépendante. On a l’impression que le poète ne reconnaît plus son cœur

 Poète lui-même spectateur de sa propre révolte, comme si ce n’est pas lui qui contrôlait ce désir : en effet, ce n’est pas la raison qui le guide mais le « cœur » qui est une métaphore des sentiments

- l’emploi du terme « ce cœur qui haïssait la guerre » en guise d’anaphore montre que le poète a du mal à accepter l’idée qu’il encourage les hommes à faire la guerre : il rappelle à plusieurs reprises cette haine qui l’a toujours animé contre la guerre et qu’il doit à présent renier

- Le poète lui-même est surpris de la « haine » qui l’anime avec le présentatif « voilà que » qui montre l’étonnement souligné par le point d’exclamation au v2

 On dirait que le poète est comme désolidarisé de son cœur qui devient une entité à part

- le verbe « haïr » est un terme hyperbolique qui montre un sentiment violent et un refus absolu de la guerre

2. Un cœur dédié à la poésie, à l’harmonie avec la nature

- En effet, le poète semble renier ses convictions les plus profondes : on comprend que la poésie pour Desnos n’est pas guerrière, n’est pas animée par la haine mais a pour but d’exprimer des émotions, de garantir une forme d’harmonie entre les hommes et la nature ce qui est exprimé dans les vers 3-4

- Par antithèse au CL de la « guerre » avec « combat » et « bataille », le poète emploie le CL de la nature avec « marées », « saison », « heures du jour et de la nuit »

- Les termes « battait », « rythme » renvoie à l’idée de musicalité, d’harmonie avec la nature : il existe une symbiose entre la nature et le poète, les deux partagent le même « rythme »

 rythme lent des vers 3-4 va s’opposer aux allitérations en [r] et [k] des vers 6-10 qui renvoient aux bruits des combats

- l’emploi du restrictif « ne … que » au vers 3 « qui ne battait qu’au rythme » montre l’importance de la nature aux yeux du poète : c’est le seul rythme que l’on trouve dans sa poésie

 guerre et poésie = deux termes qui s’excluent absolument pour Desnos au départ or il se retrouve à écrire un poème qui appelle à faire la guerre, ce qui semble être le comble de l’ironie pour lui

  1. la révolte qui gronde

- Or cette révolte, cet appel à la guerre, il semble presque indépendant de sa volonté : la révolte est guidée par le « cœur » comme nous l’avons déjà vu précédemment : la métonymie du « cœur »employée tout au long du poème avec CL de l’anatomie : « cœur », muscle qui se « gonfle », qui envoie le « sang » dans les « veines », le « sang qui porte dans les cervelles »

 Idée que c’est le « cœur »donc les émotions qui guident l’appel à la révolte, à la guerre. Ce n’est pas la raison qui commande

 l’emploi du mot « cervelles » plutôt que « cerveaux » renforce cette idée. La cervelle = organe comme pour les animaux vs cerveau = lieu où réside l’intelligence et le raisonnement

 Il ne s’agit plus de réfléchir ici, c’est la nécessité qui commande comme nous le verrons tout à l’heure  

 C’est une forme d’instinct viscéral qui le guide : ce sont ses tripes, tout son être qui se révolte instinctivement

- constate la contradiction et s’en étonne avec l’emploi du présentatif « voilà qu’il » emploie en anaphore

 le poète s’étonne lui-même de cette haine, de cette envie de faire la guerre qui naît en lui

- Au v.5 « Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines/Un sang brûlant de salpêtre et de haine »

 le présentatif « voilà qu » marque l’étonnement du poète qui ne se pensait pas capable de tels sentiments : la haine de la guerre est remplacée par la haine tout court, haine des Nazis, de « Hitler » évoqué au v.16

 violence de ce sentiment évoqué par le terme « haine » qui est un sentiment absolu, hyperbole

 la métaphore du « sang brûlant de salpêtre » montre la violence du sentiment du poète : le salpêtre qui est une poudre utilisée dans les explosifs d’où l’image du feu avec brûlant mais qui renvoie aussi de façon métaphorique à la violence du sentiment de haine évoqué auparavant

- progression logique qui montre le dilemme, la contradiction avec les termes d’opposition comme « pourtant »17, « mais » 18 : le poète est tiraillé entre son pacifisme et le désir de combattre

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