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Commentaire sur Kan Karski

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Par   •  18 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 007 Mots (13 Pages)  •  555 Vues

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Lamiot 1ES2

Matéo Commentaire littéraire 22/03/2018

« VICTORY IN EUROPE DAY», le jour de la victoire en Europe. C’est le titre imprimé sur les millions d’exemplaires des journaux de toute la planète le 9 mai 1945 au lendemain de la défaite des nazis contre les forces Alliées. Ces quelques mots deviennent pour de nombreuses personnes aussi bien aux États-Unis, qu’en France où en Angleterre, synonyme d’espoir. La Seconde Guerre mondiale est derrière eux et il faut maintenant se réjouir pour les beaux jours à venir. Mais c’est sans compter sur les pertes humaines de la guerre mais également du génocide entrepris par l’Allemagne nazie pour éradiquer les juifs, tziganes et homosexuels d’Europe. En effet après ce massacre à l’échelle d’un continent est-il encore possible de parler de victoire, ne serait-ce pas plutôt la preuve flagrante que l’humanité est vouée à l’infamie ? Est-ce finalement bien la victoire du « Bien » sur le « Mal » ou bien au contraire une habile mise en scène destinée à voiler au monde une vérité refoulée, celle que la Shoah fut causée par le nazis et tolérée par les alliés ? Difficile alors de différencier les « gentils » des « méchants ». Sommes nous peut-être tous coupables ? Ces questions sont les leitmotiv du roman Jan Karski de Yannick Haenel paru en 2009. Dans ce roman qui sort du commun du fait de sa structure en trois parties dont une seule se révèle être une véritable fiction, l’auteur s’attache tout d’abord à résumer le combat mené par Jan Karski, membre de la résistance polonaise, pour délivrer un message d’alerte aux Alliés : le cri d’agonie des victimes du génocide. Puis dans la dernière partie de son roman, Yannick Haenel nous propose une fiction relatant les pensées de Jan Karski quand ce dernier se rend aux États-Unis pour avertir Franklin Delano Roosevelt, alors président, qu’il faut agir au plus vite pour sauver les Juifs encore en vie. Mais son message ne sera pas entendu ou bien peut-être ne l’aura-t-on pas cru ce qui le mènera à de longues réflexion sur le destin de l’ « Humanité » qu’il devenait alors presque illégitime d’appeler de la sorte.

Nous nous intéresserons plus particulièrement à la fin de cette troisième partie et donc à l’excipit du roman et nous nous demanderons quelle est la réflexion menée par Jan Karski après qu’il est contemplé l’Horreur dans les camps, ce qui la motive et ses conséquences. Il ne faut pas pour autant oublier que ce commentaire s’articule autour d’une réflexion attribuée au personnage de Jan Karski, mais qui émane en vérité de l’imagination de l’auteur Yannick Haenel puisque ce dernier n’a jamais rencontré le personnage de son roman.

Nous verrons dans une première partie que Jan Karski cherche sa place dans un monde qu’il juge infâme avant de montrer qu’il a vu et vécu l’impossible aussi bien que l’indicible ce qui le mènera finalement à traverser la « mort ».

Jan Karski cherche sa place dans un monde qu’il a appris à connaître et qu’il juge désormais infâme. Ces nombreux voyages et son implication dans le conflit international légitiment cette connaissance de l’humanité dont il va nous dresser le portrait dans un premier temps. Mais i n’aime pourtant pas cette vision d'un monde partagé, il la hait même comme nous le signale la phrase « Personne n’échappe à cette abjection » mais c’est une sorte de fatalité à laquelle il tente vainement d’échapper « Toute ma vie, j’ai essayer de sortir de ce partage ».

Karski voit donc dans l’humanité trois catégories de personnes différentes. Il y a tout d’abord les victimes pour lesquelles il avoue ressentir une certaine distance « j’étais très loin des victimes ». Ce sont les juifs qu’il a vu mourir dans les camps, ceux qu’il n’a pas pu sauver même en mettant toute sa conviction au service de sa mission. On remarque le champs lexical de la vie avec « vivants » et « vie » répétés à de nombreuses reprises qui témoignent à nouveau de cette volonté d’établir une distance entre les morts et lui-même. Mais cette distance, vers laquelle nous reviendrons plus tard, n’est pas celle qu’on appelle indifférence et encore moins un quelconque dédain envers toutes ces victimes. C’est en fait la honte que ressent Karski lorsqu’il pense à ces morts tout en étant conscient, lui, d’être en vie. Cette opposition est omniprésente dans ce passage du texte avec de nombreux parallélismes syntaxiques : « J’étais très loin des victimes, j’étais parmi les vivants ». Jan Karski ne fait donc pas parti de ces victimes et tente de s’en éloigner le plus possible tout d’abord pour ne pas penser à leur sort malheureux et paradoxalement pour oublier qu’il n’en fait pas parti et qu’il est donc possible qu’il soit rangé dans une autre catégorie : celle des bourreaux.

La catégorie des bourreaux est la deuxième évoquée par Jan Karski. Elle englobe tous les responsables du massacre. Et c’est là que la frontière se fait trouble entre les nazis, responsables directs de la Shoah et les Alliés qui selon Jan Karski ne sont pas non plus exempts de tout crime. Mais Karski préférera les classer dans une dernière catégorie que nous aborderons plus tard. Il ne se considère quand à lui pas comme un bourreau : « Je n’étais pas un bourreau » ce qui montre déjà une certaine évolution dans sa pensée. Le monde n’est plus noir et blanc, il y a bien sûr ceux qui meurent, ceux qui tuent mais peut on vraiment ranger toute l’humanité dans ces deux catégories ? Non évidemment, et Jan Karski en est conscient, il existe donc une dernière catégorie : celle des gens qui regardent les bourreaux exterminer les victimes.

C’est la troisième catégorie abordée par Jan Karski, celle qui ne se tient pas loin comme le signale la répétition de l’expression « à côté » renforcée par des caractères en italiques, mais qui n’intervient jamais pour autant. Jan Karski a recours à l’image d’une mise à mort publique avec son « poteau d’exécution » pour expliciter ses propos. Il définit ainsi ce qu’il appelle l’infamie c’est à dire la distance éprouvée par un vivant par rapport à un mourant. Or cette distance, Jan Karski lui-même la ressent comme nous l’avons prouvé

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