Commentaire remords posthumes

Commentaire littérature

        Charles Baudelaire, né en 1821, était un écrivain multigenre du XIXs mais aussi un journaliste, un poète et un traducteur. Il est mort d'une maladie à l'âge de 46 ans. Lors de sa vie, bien que malheureuse et scandaleuse, il a écrit un recueil de 100 poèmes s'appelant les fleurs du mal. Il était novateur dans les formes poétiques mais aussi les sujets, il pense que tout est poétique et cherche le beau dans le mal. Cependant, son recueil fait scandale et il se retrouve en procès, finalement forcé à retirer 6 poèmes de son recueil. Remords posthume est un poème faisant partie de ce recueil, écrit en 1857, dans la section « spleen et idéal ». Le registre est lyrique. Nous nous demanderons ainsi comment Baudelaire réinvente le terme du Carpe Diem et évoque la mort de manière originale et marquante. Nous verrons d'abord les caractéristiques du carpe diem présents dans le poème, enfin nous examinerons que ce poème a une double lecture.

        Ce poème comporte des caractères propre au Carpe Diem. On comprend dès les premiers vers que ce poème a une destinatrice. Il la tutoie, ce qui témoigne d'une proximité entre Baudelaire et Jeanne Duval, la jeune femme à qui il s'adresse. Il l'appelle « ma belle ténébreuse » v.1, cette périphrase peut faire référence à la couleur de peau de Jeanne qui était métisse. Le poète décrit également les parties de son corps par : « ta poitrine » ainsi que « tes flancs » ou bien « ton coeur » mais aussi « ta peau », nous montrant que leur amour n'était pas que platonique mais aussi charnel, il était familier avec son corps. Cependant, les sentiments de Baudelaire sont contradictoires. En effet, « ma belle ténébreuse »v.1 peut signifier la noirceur physique mais aussi morale. Il fait également rimer « peureuse » et « aventureuse », qui sont des adjectifs péjoratifs et mélioratifs, ses sentiments sont ambigus. Nous pouvons retrouver la même idée dans « charmant nonchaloir ». Cette oxymore allie un adjectif mélioratif à un défaut, démontrant la complexité des sentiments du poète qui est blessé. La décéption amoureuse est elle appuyée par des sonorités dures tel que les allitérations en [r] et [k] vers 5 ? qui traduisent l'amertume du poète.

        Ensuite, Baudelaire nous offre une réflexion sur la fuite du temps ainsi que le thème du carpe diem. Il exprime dans son poème l'urgence qu'il y a d'aimer avant qu'il ne soit trop tard. Premièreent il s'inspire pour cela du poème de Ronsard Quand vous serez bien vieille. En effet, tous deux comportent deux quatrins et deux tercets et sont donc des sonnet. Ensuite, on constate qu'il se projette dans l'avenir, tout comme Ronsard. Il utilise lui aussi le futur à de nombreuses reprises, et ceci même dès son premier vers : «  Lorsque tu dormiras » (v.1) en parallèle avec Ronsard qui lui écrit : « Quand vous serez ». L'emploi du futur démontre donc ici que le temps est déjà passé, et qu'il faut en profiter avant que ce ne soit le cas.  De plus, en employant le verbe dormir pour désigner la mort, Baudelaire fait ici un euphémisme de la mort tout comme Ronsard lorsqu'il dit « je prendrai mon repos »(v. 10) .En outre, l'idée principale du poème est elle même inspirée de Ronsard : c'est l'idée du carpe diem. Alors que Ronsard exprime clairement de cueillir « dès aujourd'hui les roses de la vie » dans le dernier vers de son poème, Baudelaire lui s'y prend autrement pour faire passer le même message. Il utilise une prosopopée en donnant la parole au tombeau et évoque l'idée « De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »(v.13). L'auteur fait ici une insinuation à l'amour et ce qui va avec que les morts regrettent désormais qu'il est trop tard, et donc par ce procédé envoie l'idée du carpe diem, de profiter de l'instant présent et d'avoir accès à l'amour qu'ils n'auront plus une fois morts.

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