Commentaire littéraire Thomas l'imposteur
Commentaire de texte : Commentaire littéraire Thomas l'imposteur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar studie85 • 2 Janvier 2021 • Commentaire de texte • 1 357 Mots (6 Pages) • 1 517 Vues
AVRIL Océane 1B
Le texte ici-étudié est issu du roman Thomas l’imposteur de Jean Cocteau, un célèbre poète, dramaturge, dessinateur et cinéaste français, paru en 1923. Ce récit se déroule en 1914, en pleine première guerre mondiale, et raconte le parcours de Guillaume Thomas, qui, afin de réussir dans la société décide de se faire passer pour le neveu de l’influent général de Fontenoy. Il se construit une nouvelle vie, et part pour le front avec le convoi humanitaire de la princesse Clémence de Bormes. Ce passage est extrait du chapitre 11, qui relate l’arrivée du convoi de la princesse sur les lignes du front. Comment l’arrivée du convoi sur le front offre-t-elle une vision critique de l’aristocratie représentée par la princesse de Bormes ? Après avoir mis en lumière la vision irréaliste de la guerre de la princesse, nous verrons comment l’auteur en profite pour critiquer l’aristocratie en comparant Mme Valiche et la princesse de Bormes.
Tout d’abord, la guerre est présentée comme dénuée de toute violence, comme poétique. En effet, le début du texte nous offre une description douce du front, notamment grâce à la répétition de l’adjectif « rose » : « Le ciel était rose »(l.1), « les talus […] étaient roses. » (l.2) et « leurs figures roses » (l.4), ou encore « Les coqs chantaient », qui donne une impression de matinée normale, ce qui contraste avec « Le canon secouait les vitres » (l.1), qui n’est pourtant pas mis en exergue. De plus, l’imparfait employé a une valeur d’habitude : le canon fait donc partie d’une matinée habituelle.
Ensuite, on peut observer que la guerre est vue comme un spectacle, un amusement par la princesse, totalement déconnectée de la réalité. On peut par exemple noter la comparaison des soldats avec des poupées ou des marionnettes : « des dragons en chemise se débarbouillaient […] leurs figures roses avec des yeux ronds et des bouches ouvertes. » (l.4-5). Ensuite, la princesse compare la guerre à un théâtre à l’aide de la métaphore « Les coulisses, se disait-elle. Voilà les acteurs, les figurants qui s’habillent. » (l.6). Ici, l’arrière du front est comparé aux coulisses du théâtre, et les soldats qui se lavent le visage à des acteurs. La princesse idéalise la guerre qu’elle pense être comme un divertissement, comme le souligne la comparaison « sous une tente ronde, dressée sur la place comme un cirque » (l.8), qui rappelle le milieu du spectacle et qui rapproche un hôpital militaire à un chapiteau de cirque, ce qui enlève toute violence au premier.
Cependant, la princesse fait face à une brutale réalité : celle des blessés de guerre. En effet, ligne 9 et 10, on peut noter une métaphore de la guerre : celle-ci est nommée « le feu » et personnalisée : le feu est un meurtrier « elle ne cherchait pas le feu, elle en cherchait les victimes ». Cette phrase montre toutefois la volonté de la princesse de ne pas se confronter au « feu », à la guerre. Clémence de Bormes se heurte à la mort, à la maladie, au véritable quotidien des blessés et des soldats dans les tranchées. En effet, la phrase cynique et réaliste du médecin « La paille, c’est le luxe des blessés » (l.15) montre combien la princesse est éloignée de la réalité : elle vit dans le luxe permanent, et n’a pas, paradoxalement à se battre, tandis que les soldats n’ont pour seul luxe que de la paille et souffrent chaque jour. Elle fait soudain face à la véritable guerre, aux blessés, à la maladie et la mort : en effet on peut remarquer le champ lexical de la douleur : « martyrs » (l.25), « agonisaient » (l.25), qui permet d’insister sur le martyr des blessés, ainsi que le lexique de la pourriture et de la nécrose : « Un parfum sans nom, fétide, douceâtre » (l.26), « musc noir » (l.26), « gangrène » (l.26), « visage gonflé, jaune, couvert de mouches » (l.27) qui insiste lui sur la putréfaction présente dans la pièce. La métaphore « le teint, la maigreur, les gestes des moines du Gréco » (l.28) permet d’accentuer la pâleur et la maigreur des soldats. Les blessés sont décrits comme ayant tous l’air de « sortir d’un coup de grisou » (l.28-29). Ces procédés permettent de contredire la vision de la princesse au début qui comparaient les soldats à des « acteurs », des poupées et insistent sur leur faiblesse, leur allure maladive, leur souffrance et même leur pauvreté « uniformes en loques » (l.29). Clémence de Bormes fait face à la mort qui règne sur le champ de bataille « morgue » (l.36).
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