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Commentaire littéraire Jézabel, Irène Némirovski

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Par   •  14 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 803 Mots (8 Pages)  •  469 Vues

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        Au XX siècle, les bals sont coutumes dans la société bourgeoise et ouvrière. Irène Némirovsky, romancière du XX siècle est l’écrivaine du roman Jézabel, paru en 1936. Inspirée de la Bible, elle donnera à son roman le nom de la princesse Jézabel qui représente la femme fatale dans la religion chrétienne. Jézabel est un roman psychologique qui raconte le procès pour meurtre d’une femme nommée Gladys qui fut très belle mais a été usée par la prison préventive et doit répondre de ses actes. Dans cet extrait, on nous présente une scène de bal dans laquelle Gladys est exposée pour la première fois à la société et qui semble attirer tous les regards sur elle du fait de sa splendeur. Sa cousine Teresa est celle qui amène Gladys au bal et celle dont on a les pensées, ainsi on comprend la compétition qui oppose ces deux femmes mais aussi la jalousie et la tristesse qui rongent Teresa. Nous nous demanderons quels portraits de femmes cet extrait dresse. L’étude traitera d’abord de femmes qui sont physiquement opposées, puis elle analysera qu’elles sont également moralement contraires pour enfin étudier qu’elles sont finalement émotionnellement inverses.      

        Dans cet extrait il apparaît clairement que ces deux femmes sont physiquement opposées.

        D’abord, le personnage principal, Gladys, est celui qui respire la beauté et la jeunesse, celle qui est dévisagée par tous. Notons avant tout les nombreux mots référant à un vocabulaire mélioratif qui exprime la beauté et la splendeur de Gladys. On relèvera ainsi « doux sourire triomphant » (l.3), « belles lèvres » (l.3), « éclat fugitif » (l.8), « grandes promesses de beauté » (l.7) ainsi qu’une hyperbole « trop brillante, trop heureuse » (l.16), présentant Gladys comme une étoile brillant d’une beauté trop intensive faisant de l’ombre à sa cousine et la laissant dans l’ombre. De plus, nous pouvons voir un champ lexical du regard qui renforce l’impression de beauté fulgurante que nous avions de Gladys avec « regardait » (l.4), « admirait » (l.4). Ainsi, Némirovski a su sublimer la beauté de ce personnage en dépeignant une jeune femme désirée, au summum de beauté.  

        Ensuite, le second personnage, Teresa, incarne lui une jeunesse passée et une beauté fanée. En effet, Teresa est représentée comme crispée et fatiguée. Elle n’est plus regardée et admirée comme sa cousine et Teresa figure comme une beauté qui ne serait « plus à la mode ». Elle est dépeinte comme quelqu’un d’éreinté par la vie et par les beautés qui prendraient sa place au fur et à mesure qu’elle avance dans l’âge. Teresa n’est pas décrite à son avantage. On constatera les métaphores suivantes « la grâce d’un oiseau malade » (l.6), « après une valse, se sentait lasse » (l.3) qui compare Teresa à la vieillesse et au manque de dynamisme notamment grâce à cette citation « Elle dansait maintenant, elle passait devant Teresa » (l.2) qui illustre l’apathie de Teresa contrairement au mouvement de sa cousine, Gladys. Ainsi, l’autrice nous décrit dans cet extrait deux portraits de femmes complètement différents et expose d’un côté la jeunesse, la fraîcheur et le dynamisme de Gladys et d’un autre côté nous présente un personnage vieillissant, amorphe et fade. Ce qui nous amène ainsi à une seconde explication : ces deux femmes sont également émotionnellement et moralement opposées.

        

        

        D’autre part, nous pouvons voir au travers de cette scène l’opposition des sentiments et des caractères de ces deux femmes.

        Premièrement, l’une d’elles ne se soucie que de l’instant présent, à l’image de l’innocence de la jeunesse en restant heureuse et simple tout en étant un brin provocatrice. Relevons à ce commentaire les citations « doux sourire triomphant » (l.3) ainsi que « trop heureuse » (l.16) ou encore « simple robe blanche de Gladys et ses cheveux d’or » (l.22) qui accentue l’impression que Gladys est une jeune femme encore dans l’âge adolescent, ne se souciant que de la volonté de trouver l’amusement et le bonheur. On comprend également que ce personnage n’est pas une femme cherchant les éloges, les imposantes toilettes ou encore les fardages trop important mais semble rester humble et simple dans son attitude ainsi que dans ses accoutrements. Cependant, on peut supposer que Gladys est inconsciemment provocante. En effet, lorsqu’elle passe devant sa cousine, un « doux sourire triomphant » parcoure ses lèvres, on peut donc penser qu’elle se laisse aller à la provocation pour montrer à Teresa – et aux autres femmes présentes dans la sale de bal, qu’elles ne pourront jamais être aussi heureuses et belles que Gladys en cet instant et ainsi, le lecteur comprend que la jeune femme a sans doute calculé son coup. Dès lors, l’écrivaine a su nous montrer une jeune fille à la beauté saisissante mais renfermant un caractère d’acier faisant preuve d’humilité et de simplicité qui pourtant, s’avérerait être factice et calculé.

        Deuxièmement, l’autre personnage nous est décrit comme étant maussade, triste tout en ayant la volonté de conserver son statut social et de sauver les apparences. L’oxymore accompagnée de la métaphore employées par l’autrice « sourire crispé et fatigué » (l.12-13) indique la dissimulation des sentiments de Teresa derrière celui-ci. Un sourire est censé être sincère et authentique lorsque le bonheur parcoure notre être mais celui de Teresa est factice et se veut uniquement afin de sauver les apparences et de montrer qu’elle est toujours sereine aux yeux des autres. En utilisant une gradation des émotions « la nuit passait […] elle avait regardé Gladys avec plaisir d’abord, avec une tendresse indulgente d’aînée […] maintenant, elle souffrait de la voir si belle, infatigable » (l.12-14) Irène Némirovski liste le panel d’émotions par lequel passe Teresa et nous prouve que celle-ci ressent bel et bien une profonde jalousie à l’encontre de sa cousine. Elle ne peut évacuer la tristesse et le chagrin qui l’accablent car ce serait un véritable désastre et une honte pour sa famille et son statut social et s’oblige donc à dissimuler sa douleur derrière un masque. Par la suite, Teresa essaie de se montrer sous tous les angles parfaite. Le but des bals de cette époque était plus de montrer qu’on était la plus belle, la plus riche, la plus intelligente que de danser réellement. Teresa ne déroge pas à la règle. En effet, elle cherche à afficher sa culture générale en parlant une langue étrangère, signe de mondanité à l’époque comme le souligne cette citation « We try to give her a good time. » (l.9). De la même façon, elle ne sort jamais de ses gonds et essaie de maîtriser à la perfection ses émotions sans jamais témoigner un signe de travers : « ne montrait jamais de signe d’impatience » (l.11). De cette manière, les deux femmes nous sont présentées non seulement physiquement différentes, mais possédant un caractère et des valeurs bien opposées : l’une préfère se soucier de son bonheur propre et de sa gloire extrême, tandis que l’autre tente tant bien que mal de camoufler les sentiments qui hantent son cœur. Par conséquent, cela nous amène à la troisième et dernière étude de cet extrait : deux femmes qui vivent des conditions opposées.

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