Commentaire du portrait de la "Princesse de Clèves", de Mme de Lafayette
Commentaire de texte : Commentaire du portrait de la "Princesse de Clèves", de Mme de Lafayette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar elotuto • 26 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 1 400 Mots (6 Pages) • 1 580 Vues
La Préciosité, voilà une mode à laquelle Mme de Lafayette aura succombé en écrivant La Princesse de Clèves en 1678. Ce portrait de la ravissante Mlle de Chartres, fraichement arrivée à la cour, est un exemple parfait de cette production précieuse. L’amour y est largement abordé tout comme il l’était dans les salons féminins de la première moitié du XVIIème siècle. C’est lors de ces réunions mondaines qu’ont été établies les règles de l’amour précieux, dans la continuité de celles de l’amour courtois. Le rôle de la femme devient central ; sa beauté reflète sa perfection morale.
Perspective d’étude : Dans quelle mesure ce portrait de Mlle de Chartres laisse deviner la suite du roman ?
Après avoir étudié la figure de Mlle de Chartres en tant qu’idéal de beauté et de vertu, nous mettrons en avant son éducation soigneusement prodiguée, puis nous nous pencherons sur l’annonce du destin peu ordinaire de la future Princesse de Clèves que représente cet extrait.
Le portrait est un genre à part entière du courant précieux. Ce dernier est d’une longueur telle qu’il est révélateur du grand rôle que joue Mlle de Chartres dans ce roman. Tentons désormais de comprendre en quoi consiste précisément ce rôle. Les premiers mots de l’extrait sont une forte indication pour la suite du portrait de Mlle de Chartres. On commence en effet par « Il parut une beauté à la cour » (l.1). Cette tournure impersonnelle fait penser à la célèbre formule des contes merveilleux « il était une fois ». Or on sait que le surnaturel et l’invraisemblable sont totalement acceptés dans ce genre littéraire. Par la suite, la description de Mlle de Chartres donnera plus de sens à cette expression. La nouvelle arrivée à la Cour est tout d’abord portraiturée par une métonymie ; elle est seulement désignée comme une « une beauté ». Cette dernière attire les « yeux ». Ainsi, ici seulement le sens de la vue est utilisé. C’est un premier indice qui permet de rendre compte de l’importance que constitue l’esthétique dans la description de la jeune femme. Elle est résumée à son physique particulièrement agréable. Sa « beauté » est par la suite qualifié de « parfaite » (l.2). Il n’est pas difficile d’y déceler une hyperbole. C’est d’ailleurs toujours sa beauté qui « donna de l’admiration » et non pas sa personne en elle-même. De plus, elle possède « un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle » (l. 28) : elle est exceptionnelle et unique. Ce modèle de perfection est tout à fait comparable à la perfection divine. En effet, par nature, les Hommes ne sont pas parfaits mais tentent de s’y rapprocher ; ils ont été faits à l’image de Dieu. Toutefois, Mlle de Chartres, semble posséder une beauté irréelle, au-delà de ce monde. L’incertitude de sa matérialité est appuyée par l’expression de modalité « on doit croire » (l.2) ; un doute est ici posé. L’expression du début de l’extrait prend alors toute son importance. En effet, l’esthétique de Mlle de Chartres est telle qu’on se croirait dans un conte merveilleux. Elle est ici posée en tant que figure idéale de ce que devrait être la beauté. Cette idéalisme est par définition inatteignable, d’où le caractère mystique de sa beauté.
Mlle de Chartres est donc tout d’abord résumée à son physique plaisant mais par la suite ses qualités de vertu en font d’elle un modèle de perfection à tous les niveaux. Les superlatifs « un des grands partis qu’il y eut en France » (l.22) et « une des plus grandes héritières de France » (l.4) rendent compte de la position élevée qu’elle tient dans l’aristocratie du XVIème siècle. Même dans un lieu prestigieux comme la Cour « accoutumé[e] » aux personnes de son rang, elle suscite « l’admiration ». En outre sa beauté ou son rang social, « son esprit » (l.9) est également cultivé. La valeur la plus importante qui lui est transmise par son éducation est la « vertu » (l.10).
D’une part, par sa beauté, et d’autre part par son rang et sa vertu, Mlle de Chartres est ici posée comme un idéal à atteindre. Ces qualités ne sont toutefois pas toutes innées, notamment la vertu qui est le fruit
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