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Commentaire L'Invitation au voyage

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Par   •  26 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 915 Mots (8 Pages)  •  346 Vues

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PLAN:

  1. Un poème dominé par l’Idéal, dénué du Spleen
  1. L’expression de l’Idéal de Baudelaire
  2. La figure de la femme, partie intégrante de l’Idéal Baudelairien
  3. Un Idéal entièrement imaginaire détaché du monde réel

  1. Un usage des procédés tendant vers le symbolisme
  1. L’association des contraires
  2. Des procédés à l’origine de correspondances entre la réalité et la réalité supérieure et enfin
  3. Un poème annonciateur du symbolisme

  1. Une œuvre qui croise tous les arts.
  1. Un art littéraire
  2. Un art pictural
  3. Un art musical

PROBLÉMATIQUE :

En quoi L’Invitation au Voyage de Baudelaire est-il un poème dédié au Beau ?

L’Invitation au voyage est un poème de Charles Baudelaire publié dans son recueil Les Fleurs du mal, dans la section Spleen et Idéal. Ce poème se démarque du reste des poèmes du recueil, car c’est le seul où il n’est exclusivement question de l’Idéal, et non du Spleen. Ce poème se démarque également par l’association de différents arts. En effet, on retrouve tout d’abord l’art littéraire de part le texte poétique, mais également l’art musical de part le jeu de rimes, les assonances et allitérations, et enfin l’art pictural avec la structure spéciale de ce poème en tryptique. Nous pouvons donc nous demander en quoi L’Invitation au voyage de Baudelaire est une invitation au voyage vers l’Idéal de Baudelaire, marqué par une réalité supérieure ainsi que par tous les Arts. Nous nous attacherons tout d’abord à montrer qu’il s’agit d’un poème dominé par l’Idéal, dénué de Spleen, puis nous montrerons que ce poème est le reflet d’une réalité supérieure, prémices du symbolisme pour enfin voir que cette oeuvre mêle les Arts.

L’Invitation au voyage est tout d’abord une invitation à un voyage vers l’Idéal de Baudelaire. Cependant, cela peut sembler étrange car le poème se situe dans la section Spleen et Idéal des Fleurs du mal, section majoritairement consacrée au Spleen et qui tend à montrer que ce dernier se révèle plus important que l’Idéal. Ainsi, L’Invitation au voyage est l’unique poème de la section et du recueil qui ne traite pas du Spleen, et où l’Idéal domine. Le lexique et les nombreux procédés du poème nous transposent immédiatement dans l’Idéal du poète : un lieu tant imaginaire que idyllique, utopique, luxueux, exotique, intime et ouvert à la fois. En effet, on retrouve dans l’oeuvre les champs lexicaux de la lumière et de la brillance, qui traduisent la somptuosité du lieu : “soleils”, “Brillant”, ‘luisants”, “polis”, “miroir”, “d’or”, “lumière”, le champ lexical de la beauté : “charmes”, “beauté”, “splendeur”, le champ lexical de la richesse et du luxe : “Luxe”, “riches plafonds”, et enfin le champ lexical de l’exotisme : “la splendeur orientale”, et “du bout du monde”. Ce poème décrit notamment un Idéal harmonieux où "tout n’est qu’ordre et beauté/Luxe, calme et volupté”. Ce distique qui revient à la manière d’un refrain trahit donc l’harmonie, l’ordre, et tous les bons sentiments et états que Baudelaire espère. Ce distique trahit également le bonheur qui émane de ce lieu, car en effet, dans la quiétude et le calme de cet Idéal réside le bonheur de Baudelaire, comme le montre l’adjectif “volupté”. Cette invitation au voyage peut aussi ressembler à une invitation vers l’Idéal de Baudelaire de part les allusions aux destinations rêvées de l’époque : en effet, dans ce poème, Baudelaire fait allusion à l’Orient, considéré à l’époque comme le berceau rêvé du monde. La Hollande est également évoquée par Baudelaire notamment de part la peinture hollandaise. Ainsi, les vers “Les meubles luisants/Polis par les ans” sont évocateurs des grands maîtres de la peinture hollandaise tels que Van Eyck et Vermeer. L’Invitation au voyage de Baudelaire est donc une invitation vers l’Idéal de Baudelaire, mais c’est également une invitation à la femme-aimée, qui est une partie intégrante de l’Idéal de Baudelaire.

La femme-aimée est ainsi une partie intégrante de l’Idéal Baudelairien. En effet, elle est désignée dès le premier vers du poème : “Mon enfant, ma soeur”. Ce premier vers nous renseigne tout d’abord sur la destinataire de l’invitation au voyage : Marie D’Aubrun, la femme-aimée et muse de Baudelaire. Le vers nous renseigne ensuite sur la nature de cet amour. En effet les termes “enfant” et “soeur” désignent un amour platonique où les relations charnelles sont exclues, au privilège des sentiments. Le couple est également marqué par le terme “ensemble”, ainsi que par l’emploi des pronoms possessifs, les rimes embrassées et l’alternance entre les rimes masculines et féminines. En outre, le poète utilise un procédé d’insistance par rapport à l’amour : l’anaphore. Ainsi, aux vers 4 et 5, le poète marque le verbe “Aimer”. Également, le poète compare la femme au paysage de son Idéal : il établit une analogie entre cette dernière et le paysage au vers 6 : “au pays qui te ressemble”. Il compare également les yeux de son amante au soleil, l’alchimiste par excellence aux vers 7 à 12 : “Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés/Pour mon esprit ont les charmes/Si mystérieux/De tes traîtres yeux,/Brillant à travers leurs larmes.”. Enfin, pour marquer le couple, Baudelaire décrit dans la deuxième strophe l’intimité d’une chambre somptueuse. Nous avons donc pu constater que cette invitation s’adressait à la femme aimée et qu’elle était partie intégrante de l’Idéal de Baudelaire. Cependant, nous pouvons également nous attacher à montrer que l’Idéal de Baudelaire est imaginaire, rêverie détachée du réel.

Le poème L’Invitation au voyage représente l’Idéal de Baudelaire, Idéal imaginaire, paradis de l’auteur. En effet, ce poème a un caractère onirique, ce voyage s’apparente à un rêve. De nombreux éléments notamment dans la description de la chambre de la deuxième strophe tels que le champ lexical du sommeil indiquent que ce voyage est un rêve éveillé, un paradis imaginaire. Par exemple, le poème comprend les termes : “Songe”, “chambre”, “dormir”, “soleils couchants”, “s’endort”, ce qui fait allusion au rêve et au sommeil. En outre, la description des paysages, différents à chaque strophe fait également le lien avec cette dimension onirique : les adjectifs “mouillés”, “brouillés”, “mystérieux”, et “brillants” révèlent une dimension floue, voilée, mystérieuse qui connote le rêve, l’imaginaire. De plus, la transition entre les paysages est inexistante; le lecteur passe d’un paysage à un autre sans lien, comme il le ferait dans un rêve. Également, le lecteur peut se figurer qu’il s’agit d’un paradis, Idéal imaginaire car les éléments décrits par le poète sont absurdes et n'existent pas dans la réalité. Le lecteur peut donc également interpréter ce poème comme le refuge de Baudelaire, car il sait que le monde réel est empli du Spleen, et il ne retrouve pas la trace de l’Idéal dedans, il se réfugie donc dans son imaginaire. Nous avons donc constaté le caractère onirique de ce poème, et ainsi vu que ce poème était dominé par l’Idéal de Baudelaire, qui est imaginaire et féminin. Nous pouvons à présent nous intéresser à la réalité supérieure que reflète ce poème, et qui s’annonce comme les prémices du symbolisme.

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