Belle du seigneur - commentaire
Commentaire de texte : Belle du seigneur - commentaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laloull • 13 Juin 2016 • Commentaire de texte • 1 417 Mots (6 Pages) • 13 368 Vues
Problématiques possibles :
Quels portraits se dégagent de cet extrait ?
En quoi ce passage relève-t-il de la mise en scène ?
En quoi cette rencontre peut-elle être qualifiée de violente ?
AXE I. UN RECIT DE RENCONTRE *SINGULIER
* singulier = qui sort de la norme et qui étonne, dérange
A. Un récit de rencontre qui renouvelle les lois du genre
1. Ariane est horrifiée :
Elle ne reconnaît pas Solal dans ce vieillard dégoûtant alors qu’elle a remarqué Solal, lors d’une soirée brésilienne à l’hôtel Ritz :
- champ lexical de l’horreur :
« atroce » l.1 et l.2 – « ce sourire sans dents » l.1-2 – « cette bouche vide » l.2 – « le danger proche » l. 3 – « son noir sourire de vieillesse » l. 13
→ Ariane éprouve une répulsion totale.
- Le choix du point de vue interne : le narrateur nous livre des fragments de monologue intérieur. Le lecteur est dans les pensées et les sentiments d’Ariane, il vit son dégoût et sa panique au rythme du personnage, grâce au discours indirect libre :
l.3 à 4 : « Ne pas le contrarier, dire tout ce qu’il voudra, et qu’il parte, mon Dieu, qu’il parte. » : verbes au subjonctif présent qui exprime une prière puisqu’ils sont associés à l’expression « mon Dieu » qui marque ici la répulsion et l’incompréhension d’Ariane face à cette situation.
2. La panique lui fait perdre ses moyens :
- elle a des signes physiques : « elle eut un tremblement » l.1, « baissa les yeux » l. 1, « ses lèvres sèches » l.9, « essaya de sourire » l.9, rythme ternaire : « un cri rauque, un cri d’épouvante et de haine » l. 15.
- Elle ne contrôle plus ses gestes : répétition de « recula » l. 14, rythme ternaire des actions qui s’enchaînent « heurta la table de chevet, saisit le verre vide, le lança contre la vieille face » l. 15-16.
3. Ariane croit avoir affaire à un vieux fou libidineux : (= lubrique, luxurieux)
- il la tutoie : « toi » l.5 (2 fois) – « te » l. 7 (3 fois), l.8 – « tu » l. 8
- il la traite comme une divinité qu’il honore : voc religieux + phrase exclamative : registre emphatique
→ parodie de prière et exaltation
- il prend une posture incompréhensible pour elle : « Ridiculement, il plia le genou devant elle » l. 12
⇒ Solal joue une comédie qui tourne au cauchemar pour Ariane.
B. La mascarade de mauvais goût
Le déguisement et le grimage sont ici des éléments qui déroutent Ariane et le lecteur et qui cassent le code habituel des retrouvailles amoureuses : le lecteur se demande ce qui pousse Solal a agir ainsi.
4. Une comédie poussée à la parodie :
- Solal insiste lourdement sur sa décrépitude dans sa présentation : champ lexical du délabrement physique l.6 :
« faible » - « pauvre » - « blanc de barbe » - « deux dents seulement » + insistance avec la répétition l. 8
- La question absurde qu’il pose l. 8 : « Deux dents seulement, je te les offre avec mon amour, veux-tu de cet amour ? »
- Le décalage qui existe entre cette scène de séduction où il fait sa cour et son apparence physique : on est proche du registre burlesque et grotesque.
5. Les raisons d’une telle comédie :
Elles sont dévoilées quand Solal, déçu par le rejet d’Ariane, jette son déguisement :
- La rencontre ne s’est pas déroulée comme il l’espérait : Ariane n’est pas la femme d’exception qui ne s’attache pas aux apparences physiques. Ainsi, on comprend mieux, rétrospectivement, le discours premier du vieil édenté.
• métaphore de la femme d’exception l. 11 « la première lumière »
• le discours aux accents bibliques : « celle qui rachetait toutes les femmes » l. 13-14.
- Solal devient furieux : il transpose l’exaltation de la déclaration qui a échouée en une expression violente de regrets : verbes au conditionnel passé qui marque l’impossible retour en arrière et les projets perdus à jamais : « nous aurions chevauché » l. 30-31 – « Je t’aurais emportée » l. 32.
⇒ Solal opère un renversement de situation saisissant qui est un coup de théâtre pour Ariane.
AXE
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