LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Argumentation

Chronologie : Argumentation. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Juin 2019  •  Chronologie  •  10 622 Mots (43 Pages)  •  577 Vues

Page 1 sur 43

Objet d'étude 1

      La question de l’homme dans les genres de l’argumentation, du 16e au 21e s.

Perspectives

  • Discours sur l’autre ; de la dignité humaine
  • Etude des genres et des registres de l’argumentation

Problématique retenue

        La réflexion anthropologique

Lectures analytiques

1. Montaigne, « Des Cannibales », Les Essais (1580), Livre I, 30 : « Or, je trouve, … »

2. Montesquieu, « De l'esclavage des nègres », De l'Esprit des Lois (1748)

3. Diderot, « Discours du vieux Tahitien », Supplément au voyage de Bougainville (1772)

4. Hugo, « Discours à l’Assemblée du 30 juin 1850 »

Documents et activités complémentaires

  • Corpus A : « Discours sur l’autre »

A. Frantz Kafka, « Communauté », La Muraille de Chine et autres récits (1944)

B. Jacques Cardon, « les Autres », (dessin de presse), Le Monde, 20 avril 1995

C. Jean de Léry, Histoire d’un voyage en terre de Brésil (1578)

D. Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques (1955)

E.  Julien Damoy, « Les Achantis – Le repas », Jardin d’Acclimatation (vue stéréoscopique) 1903

  • Corpus B : « La colonisation et l’esclavage »

A. Montaigne, « Des coches », Les Essais, Livre III, 6 : « Notre monde vient d’en trouver un autre… »

B. Le Code Noir (1685)

C. Ottobah Cugoano, Réflexions sur la traite et l’esclavage des nègres (1787)

D. « De l’esclavage arabe à la traite transatlantique, ruptures et continuités » (carte et iconographies)

  • Corpus C : « Discours sur la misère sociale au XIXe siècle »
  1. Victor Hugo, Choses vues (1846)
  2. Charles Baudelaire, « Assommons les pauvres ! », Le Spleen de Paris, (1869)

  • Corpus D : « Discours sur la condition féminine »

A. Jean-Jacques Rousseau, « Sophie, ou la femme », Emile ou De l’éducation, livre V (1762)

B. Choderlos de Laclos, L’éducation des femmes (1783)

C. Olympe de Gouge, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)

D. Jules Michelet, La femme (1859)

  • Lecture du Supplément au voyage de Bougainville, de Diderot   

– La structure de l’œuvre ; les sources et le contexte ; les thèmes.

– L’utopie tahitienne

  • Lecture de l’image :  deux gravures de Théodore de Bry (XVIe siècle) :

« Le théâtre du Nouveau Monde : les Français chez les Timuacas de Floride » ;

« Le Boucan : scène d’anthropophagie au Brésil »

  • Visionnages d’extraits de films :

Nouveau Monde, de Terence Malick

Twelve years a slave, de Steve McQueen

  • Notions

       Convaincre et persuader ; les types de raisonnement ; les stratégies argumentatives ;

               les registres du texte argumentatif ; l’argumentation directe et indirecte.

Lecture cursive

       Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1772)

Objet d’étude 1 : la question de l’homme dans les genres de l’argumentation

I. TEXTES ETUDIES EN LECTURE ANALYTIQUE

Texte 1 : Montaigne, « Des Cannibales », Les Essais (1580)

La découverte du Nouveau Monde en 1492 et celle de populations jusque-là ignorées donnent l’occasion à Montaigne de s’interroger sur le sens du mot « barbare ».

      Or je trouve, pour en revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage dans ce peuple, selon ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas conforme à ses usages (1). Car il est vrai que nous n’avons pas d’autre mire (2) pour la vérité et la raison que l’exemple et l’idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police (3), la façon parfaite et accomplie de se comporter en toutes choses. Ils sont sauvages, de la même façon que nous appelons sauvages les fruits que la nature, d’elle-même et de son propre mouvement, a produits : tandis qu’à la vérité ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions plutôt appeler sauvages. […]

      Ils ont leurs guerres contre les peuples qui sont au-delà de leurs montagnes, plus avant dans la terre ferme, guerres au cours desquelles ils combattent tout nus, n’ayant d’autres armes que des arcs ou des épées de bois effilées par un bout, à la façon des lames taillées de nos épieux. C’est une chose étonnante que la vigueur de leurs combats, qui ne finissent jamais que par la mort et l’effusion de sang ; car, pour la déroute et l’effroi, ils ne savent ce que c’est. Chacun rapporte comme trophée personnel la tête de l’ennemi qu'il a tué, et l’attache à l'entrée de son logis. Après avoir, pendant un long temps, bien traité leurs prisonniers, et leur avoir offert toutes les commodités qu’ils peuvent imaginer, celui qui en est le maître fait une grande assemblée des gens qu’il connaît : il attache une corde à l’un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient, éloigné de quelques pas, de peur d’être attaqué par lui, et il donne au plus cher de ses amis l’autre bras à tenir de même ; et eux deux, en présence de toute l’assemblée, l’assomment à coups d’épée. Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et ils en envoient des morceaux à ceux de leurs amis qui sont absents. Ce n’est pas, comme on pense, pour s’en nourrir, ainsi que faisaient autrefois les Scythes : c’est pour signifier une extrême vengeance. En voici la preuve : ayant remarqué que les Portugais, qui s’étaient ralliés à leurs adversaires, usaient d’une autre sorte de mise à mort contre eux, quand ils les capturaient, qui consistait à les enterrer jusqu’à la ceinture, et à tirer sur le reste du corps une grande quantité de flèches, et à les pendre après, les Cannibales pensèrent que ces gens de l’autre monde, comme ceux qui avaient répandu la connaissance de beaucoup de vices chez leurs voisins, et qui étaient beaucoup plus experts qu’eux en toute sorte de méchanceté, ne se livraient pas sans raison à cette sorte de vengeance, et qu’elle devait être plus insupportable que la leur, commencèrent à abandonner leurs anciennes pratiques pour suivre celle-ci. Je ne suis pas fâché de voir que nous constatons l’horreur barbare qu’il y a dans un tel comportement, mais je le suis en revanche que, jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveugles pour les nôtres.

...

Télécharger au format  txt (62.9 Kb)   pdf (1.2 Mb)   docx (1.6 Mb)  
Voir 42 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com