Analyse linéaire / Gargantua

Explication de linéaire n°12 :

Gargantua, Rabelais (Chapitre 14, « Comment Gargantua fut instruit par un sophiste aux lettres latines »), 1534

de « On lui recommanda un grand docteur » à « enfourné des pareils »

Intro :

L’extrait que nous allons étudier provient de Gargantua, roman humaniste qui date de 1534. Son auteur, François Rabelais est une figure majeure de l’humanisme, mouvement culturel, artistique, littéraire et philosophique né en Italie au 15ème siècle, et qui consiste à placer l’Homme au centre des préoccupations. S’inspirant de textes antiques, les humanistes ont foi en l’homme, et cherchent à diffuser et développer son savoir. Gargantua est l’une des œuvres majeures de Rabelais, dans laquelle ce dernier narre les aventures du géant éponyme, et de son père Grandgousier. Il conte les années d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua. Apologue et plaidoyer pour une culture humaniste, Gargantua est aussi un roman caractérisé d’une écriture souvent crue. En 1534, au moment de la publication de ce roman satirique, la pédagogie humaniste commence à supplanter la pédagogie scolastique dispensée par l’Eglise. L’évocation de l’éducation de Gargantua est l’occasion pour Rabelais de faire la satire de la pédagogie traditionnelle héritée du Moyen Age et de poser les principes d’une éducation humaniste. Le chapitre 14 décrit alors les méthodes d’apprentissages poussiéreuses des premiers précepteurs de Gargantua, dispensé par un sophiste en lettres latines qui apparaît comme le contre modèle de l’éducation humaniste. LECTURE

Nous allons nous poser la question suivante : « En quoi Rabelais parvient-il à faire la satire de l’éducation scolastique et à promouvoir l’éducation humaniste dans cet extrait ». Nous étudierons tout d’abord la satire de la pédagogie du maître Thubal Holoferne, du début de l’extrait jusqu’à « vérole qui lui vint », à la fin du second paragraphe. Puis, nous analyserons la satire du successeur Maître Jobelin Bridé, de « après » jusqu’à « enfourné des pareils », soit le dernier paragraphe.

Plan :

1. La satire de la pédagogie scolastique de Maître Thubal Holopherne (L.1-17)
2. La critique de la pédagogie du successeur : Maître Jobelin Bridé (L.18-23)

Analyse :

1. La satire de la pédagogie scolastique de Maître Thubal Holopherne

Dès le départ nous assistons à une vive critique du maître Thubal Holopherne, comme peut nous le montrer l’antiphrase « grand docteur sophiste », qui se traduit en effet par « grand docteur des mensonges ». Le nom du précepteur sert donc la satire et l’ironie.

Le premier apprentissage de Gargantua est composé de l’alphabet mais aussi, comme le souligne le champ lexical, un apprentissage conséquent et scolastique avec les termes « récitait par cœur », « apprit ». Nous avons par la suite une critique qui met en exergue le ridicule de cet apprentissage, notamment avec deux CCM « par cœur » et « à l’envers » et les nombreuses indications de temps, telles que les CCT « cinq ans et trois mois ». Ici Rabelais se moque de ce type d’apprentissage parce qu’il est long, lent et fastidieux.

Le deuxième apprentissage se caractérise par la lecture de manuels scolaires. En effet aux lignes 3 et 4 « Puis son Maître […] », nous pouvons voir que Gargantua est passif, il ne figure pas comme un acteur de son savoir. L’énumération d’ouvrages anciens parus au Moyen Age renforce cette notion. Cela n’est pas innovant, l’éducation est basée uniquement sur des vieux livres. Elle est passéiste.

Aussi on évoque le mobilier : « étui », « tonneau » « encrier » « de grosses chaines de fer » qui ont une visée métaphorique envers le géant, qui est enfermé dans cet enseignement qui ne lui permet pas de s‘épanouir.

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