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Analyse du Meurtre dans l'incipit de l'étranger

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Par   •  1 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  2 317 Mots (10 Pages)  •  617 Vues

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C. Lecture analytique extrait p. 91 à 93, de « J'ai pensé que je n'avais … » à la fin du chapitre.

Problématique :

Dans cet extrait, en quoi le personnage de Meursault apparaît-il comme un « anti-héros » ?

Établissez un plan détaillé, ( deux ou trois parties ) justifié par des exemples commentés.

Au xxe siècle, l'anti-héros est toujours présent, mais on assiste également à ce que l'on pourrait appeler la « mort du héros » :

Du fait des deux guerres mondiales, le doute s'installe sur la capacité de l'homme à maîtriser le monde. La foi dans le progrès (le positivisme) est battue en brèche, et la notion de personnage s'en ressent. Loin d'être un surhomme, ou même un homme ordinaire, le héros des romans du xxe siècle se délite et se décompose.

  1. Un personnage assailli par les éléments
  2. Un personnage sans résistance
  3. Un personnage déstabilisant

I. Un personnage assailli par les éléments

A. Un point de vue subjectif, le témoignage d'une expérience

Le récit de la scène du meurtre se fait dans une focalisation interne marquée par les pensées et perceptions de Meursault : « J’ai pensé », l. 1 ; « j’ai senti », l. 8-9 ; « Je savais », l. 16

Pas d'expression d'émotions liés au meurtre ( peur, colère par exemple )

L’emploi dominant du passé composé  ( marque d'oralité , journal intime, témoignage )rapproche les événements du moment de l’énonciation, dans un passé proche et surtout leur donne un aspect accompli, vécu et irréversible.

Le choix de cette focalisation crée une proximité entre le personnage et son lecteur qui voit la scène, partage ses sensations et l’interprétation des événements, voire ses incertitudes. 

On le voit clairement à la ligne 6 dans un énoncé mis à distance par la modalisation qu’apporte l’adverbe « peut-être » suivi de la locution « à cause de » qui marque à l’inverse un lien de causalité clair.

La locution verbale « il avait l’air de rire » l.7 installe une nouvelle distance du narrateur sur le fait qu’il rapporte. Le lecteur comprend que l’Arabe ne riait pas et que le narrateur le sait, qu’il n’est pas abusé totalement par un effet de la lumière qui pourra cependant lui permettre de dire qu’il s’était senti agressé par ce rire supposé.

B. Un personnage agressé par les éléments

le soleil  joue dans le texte le rôle de l’agresseur :

Importance de l'effet de la lumière et de la chaleur sur le corps de Meursault :

« La brûlure du soleil gagnait mes joues » l.8

importance des verbes qui soulignent l'agression, personnification «  gagnait »

« des gouttes de sueur  s'amasser  dans mes sourcils »l. 9, « battaient »l.13, «  la lumière a giclé » l.21, »m'atteignait » l. 23, « rongeait »l.32

Un deuxième effet du soleil va se conjuguer et contribuer à aveugler le narrateur : la sueur (« la sueur amassée dans mes sourcils a coulé », l. 14).

« le front, les veines, la peau, les paupières, les cils, les yeux» champ lexical du corps développé dans tout le texte, importance des sensations physiques.

Champ lexical de la douleur

« me faisait mal » l.12, « brûlure » 2 fois « brûlante », « lame qui m’atteignait »l. 22-23 métaphore, «  aveuglés » l. 27, « douloureux »l. 33, «  assourdissant »l. 40

Le couteau vient renforcer, redoubler l’effet du soleil jusqu’à l’insupportable : « l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté dans le soleil » (l. 12).« la longue lame étincelante » l.22

l. 10 « Le même soleil que le jour où j'avais enterré maman » : le narrateur retrouve des sensations connues, le même malaise qu'à l'enterrement qui met une distance entre lui et la réalité « Moi je sentais le sang qui me battait aux tempes » Chap.1 ( seule pensée après l'enterrement, aller se coucher « pour dormir pendant douze heures » Chap.1. Absence d'émotion.

« J'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage»l.42-43 : sensibilité aux éléments, à la nature qui l'entoure. Impression de chaos lié au bruit de l'arme.

 

II. Un personnage sans résistance

A. un homme soumis aux sensations : 

C’est surtout le soleil qui va jouer dans le texte le rôle de moteur à l’action : « toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi » (l. 2-3). personnification +

La métaphore se fait synesthésie* dans cette évocation d’un espace en mouvement (« une plage […] se pressait ») qu’anime le soleil (« vibrante »).

 

*synesthésie : « perception simultanée ». On pratique la synesthésie lorsqu’on fait appel, pour définir une perception, à un terme normalement réservé à des sensations d’ordre différent.

 Par exemple, lorsqu’on qualifie certains sons (perception auditive) de perçants, ou d’aigus (sensations d’ordre tactile). Ou encore, lorsqu’on parle d’une couleur (sens de la vue) criarde (sens de l’ouïe) ou froide (sens du toucher). Au-delà de ces usages répandus dans la langue courante, les écrivains utilisent souvent la synesthésie pour parvenir à exprimer des nuances d’impressions ou de sentiments.

 Chateaubriand écrit par exemple : « Je croyais entendre la clarté de la lune chanter dans les bois ».

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