Vernon Subutex/ Virginie Despentes.
Commentaire de texte : Vernon Subutex/ Virginie Despentes.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar monaeteiwi • 6 Mai 2022 • Commentaire de texte • 1 602 Mots (7 Pages) • 2 883 Vues
Construction de l’enjeu de la lecture :
Cet extrait se situe à la dernière page du septième roman intitulé Vernon Subutex, publié en 2015, premier
tome d’une série romanesque (prévue et composée en trois tomes) de la sulfureuse romancière et cinéaste française
Virginie Despentes.
Dans une écriture plus rangée que celle de ses précédents ouvrages, l’auteure y raconte le parcours chaotique
d’un ancien disquaire parisien devenu SDF, suite à la dématérialisation des disques : Vernon Subutex. Tout au long du
roman, ce personnage marginalisé apparaît comme un disparu qui ne cesse de ressurgir autour d’une intrigue urbaine
et d’un flot de personnages qui gravitent autour de son univers interlope.
Eléments de contexte
Virginie Despentes y dresse dans cet excipit le portrait d’un homme parvenu au terme de sa dérive et fait de
cet extrait une fresque de la société contemporaine, dans une esthétique fulgurante au style très cinématographique.
Mouvement du passage
1
er mouvement : (Ligne 1 à 14) L’hallucination de Vernon : sa dérive physique et psychique
2è mouvement (ligne 14 à 18) la deuxième vague hallucinatoire et libératrice de Vernon
3è mouvement : (L.19 à la fin) la promenade onirique et empathique de Vernon dans l’âme des êtres
Enjeux de l’explication
Voyons quel dernier regard artistique l’auteure pose sur son protagoniste dans cet épilogue romanesque.
Eléments d’explication linéaire
• 1
er mouvement : L’hallucination de Vernon : sa dérive physique et psychique (Ligne 1 à 18)
Un singulier rapport à l’espace/ temps du protagoniste, SDF à la dérive, se dégage dans ce portrait de Vernon. Sa
relation au cadre spatio-temporel apparaît comme modifiée, distendue à cause de l’état second provoqué par la
fièvre. Ce brouillage des repères du réel qui envahit Vernon se lit dès la première ligne de l’extrait quand, au point de
vue interne -- à la troisième personne du singulier-- , le protagoniste couché sur un banc et qui vient de s’éveiller « plus
tard dans la nuit », ne « sait pas » si « quelques heures se sont écoulées, ou une minute » : ces indications temporelles
très floues témoignent de l’incapacité de Vernon à mesurer le temps écoulé depuis qu’il se trouve sur cette butte. Son
errance est donc d’abord temporelle. Ainsi l’espace qu’il vit est plus intérieur que réel car sans doute à cause de la
fièvre « Il grelotte de fièvre » (l.1), « ouvrir les yeux lui demande un efforts pénible », « il sait qu’il délire » : autant de
détails descriptifs qui indiquent son état délirant due à la fièvre.
C’est d’abord à travers des sensations tactiles et auditives de Vernon que le lecteur appréhende son état
souffrant qui l’oblige à fermer les yeux : s’ensuit une hallucination auditive causée par cet état : à cette épreuve du
corps se joint une expérience musicale virtuelle, car Vernon est en proie à une hallucination auditive (il « sait qu’il
délire ») : « les premières mesures de Voodoo Chile le réveillent ». Il compare sa position à celle d’un spectateur dans
un « concert » ou comme s’il écoutait une musique « au casque ».
On plonge dès la ligne 7 dans un univers onirique intériorisé : il indique « ferm[er] les yeux et retourner aux formes
chimériques qui s’élancent derrière ses paupières », dans un refuge surnaturel : la phrase «Au-dessus de lui, les étoiles
brillent avec une étrange intensité dans le ciel de Paris », et l’emploi de l’adjectif « étrange » associé à la description
du ciel étoilé confirment bien l’onirisme de l’atmosphère, qui bascule vers le fantastique.
Ensuite la vision de la réalité spatiale de Vernon Subutex à la fin du paragraphe est tout aussi inhabituelle que la
réalité temporelle perçue. Vernon sait qu’il « surplombe » la ville ( il se dit être « la ville entière ») et qu’il est sur une
butte couché sur un banc à Paris. A travers son regard (le point de vue narratif est interne à la 3è personne), on
aperçoit le ciel (au milieu du paragraphe : « Le ciel est plein d’étoiles ») et « au-dessus de lui les étoiles brillent », ce
qui laisse supposer qu’il le contemple depuis le banc, dans une vision en contre-plongée.
Vernon ne cesse dans cet extrait de chercher un « substitut » à la vie à travers la musique rock alternatif qu’il croit
entendre jusqu’à une forme de folie mêlée à une sorte de sagesse (-- le nom de Vernon, « Subutex », désigne d’ailleurs
un médicament de substitution à l’héroïne destiné aux toxicomanes). Le morceau de « Voodoo Chile » « jamais
entendu » semble pourtant plus réel que la réalité qui se délite autour
...