Tartuffe ou l'imposture, scène 1, Molière
Commentaire de texte : Tartuffe ou l'imposture, scène 1, Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lea Khater • 8 Mai 2017 • Commentaire de texte • 1 600 Mots (7 Pages) • 855 Vues
Introduction :
L’intemporalité est la caractéristique première du théâtre de Molière. Son siècle, le XVIIe, est le siècle de la littérature morale. En effet, différents auteurs rivalisent de moyens pour partager leur façon de penser et de dénoncer les mœurs de l’époque, qui sont pour la grande majorité encore valables aujourd’hui. Molière, quant à lui, passe par le théâtre comique pour dénoncer les défauts de son temps. En 1665, Molière est accusé d'athéisme, et ses pièces Dom Juan et Tartuffe sont interdites. La pièce du Tartuffe a été modifiée plusieurs fois avant d'être à nouveau autorisée par le roi en 1669 et devient un des plus grands succès de Molière. La scène d'exposition permet une brève présentation des personnages et des liens qui les unissent et prépare la découverte du personnage du Tartuffe.
Les problématiques :
Comment Molière dénonce-t-il par le rire ?
Comment Molière met-il en valeur un personnage absent dans cette scène d’exposition ?
Quel message Molière fait passer à travers le comportement arrogant de Mme Pernelle ?
De quelle manière cette scène d’exposition de théâtre classique présente-elle les personnages ?
Quelles sont les caractéristiques de cette scène d’exposition ?
Comment Molière met en scène le dynamisme et l’efficacité dramatique dans la scène d’exposition ?
Plan :
- Scène d'exposition efficace et atypique de longue portée
- Un début de pièce dynamique
- Saturation d'informations sur les personnages, plus précisément des défauts de cette famille
- Mme Pernelle, personnage central comique par ses nombreux défauts
- Un caractère détestable
- Un vocabulaire populaire et vulgaire en décalage avec sa condition bourgeoise
- Une pièce aux enjeux dénonciateurs
- Une grand-mère qui provoque un conflit familial ridicule
- Mme Pernelle détestable miroir révélateur du personnage de Tartuffe et de son influence
I.a. Un début de pièce dynamique
- In medias res : "allons, Flipote, allons, que d'eux je me délivre" V.1
- Dès la 1ère réplique, le spectateur est pris dans l'intrigue et veut savoir ce qui s'est passé
- Rareté des points dans les répliques de Mme P
- Rythme plus soutenu = pièce dynamique
- Groupes verbaux relatifs à la précipitation : "vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre" V.2; "vous sortez si vite ?" V.6
- A la vue de cette femme âgée en mouvement, le spectateur reste éveillé, attentif mais un peu en confusion
I.b. Saturation d'informations sur les personnages, plus précisément des défauts de cette famille
- Tout d'abord, Mme Pernelle critique sa famille en général
- V.11:"On n'y respecte rien, chacun y parle haut"
- On et chacun : généralité --> le spectateur a déjà connaissance de quelques défauts qualifiables à n'importe quel habitant de la maison familiale
- Ensuite, Mme Pernelle donne des informations supplémentaires sur les membres de cette famille en mettant le doigt sur un défaut en particulier de chacun des personnages
- V.29-30 :"Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse, //Que vous alliez vêtue ainsi qu'une princesse."
- Mme Pernelle donne à voir les membres de sa famille à travers leurs défauts. Ainsi :
Elmire : coquette
Dorine : bavarde
Damis : sot
Marianne : hypocrite
Cléante : l'immoral
À la vue de cette famille bourgeoise critiquable de tous les défauts du siècle de Molière, le spectateur est amené à s'interroger sur lui-même et à réfléchir sur son entourage.
Transition
Cette scène d'exposition révèle beaucoup d'informations et ne laisse pas le temps au spectateur de se reposer à cause du dynamisme de la pièce et son efficacité et permet aussi au spectateur de se faire un portrait du personnage comique de Mme Pernelle.
II.a. Un caractère détestable
- Ordres et suggestions non discutables
- Impératif : V.1"allons" V.3"laissez" "ne venez pas plus loin"
- Déséquilibre de la distribution de la parole
"…" répétés 5 fois + "mais" 3 fois => interruptions fréquentes
- Mme Pernelle, se révèle être un personnage autoritaire, hautain et malpoli
- Méchanceté
- Contraste entre marque de respect ou compliment et critique ou méchanceté : -gradation de respect V.34 "je vous estime fort, vous aime et vous révère " ≠ V.36 "je vous prierais bien fort de ne point entrer chez nous" -compliment puis excès V.22 "vous semblez doucette" ≠ V.24 "vous menez sous chape un train que je hais fort"
- Méchanceté pure : V.26 "votre conduite en tout est tout à fait mauvaise"
- Mme Pernelle haineux et venimeux, sans retenue
- Exagéré
- V.1"que d'eux je me délivre" : le premier vers met en lumière son agacement excessif vis-à-vis de sa famille
- Répétition de "fort" 6 fois dans les répliques de Mme Pernelle
- Reflète l'irritabilité de Mme Pernelle
Tout cela concoure au décalage du caractère de Mme Pernelle qui en fait quelque chose de comique
II.b.Un vocabulaire populaire et vulgaire en décalage avec sa condition bourgeoise
- Grossièreté
- V.21 « Mon Dieu » : à l'époque pour quelqu'un de pieux, prononcer le nom de Dieu en dehors de son contexte, était considéré comme une insulte à Dieu
- Décalage entre la volonté de piété et le comportement contraire
- Vocabulaire populaire dans la bouche d'une bourgeoise
- V.23 « Mais, il n'est, comme on dit pire eau que l'eau qui dort » : Expression « comme on dit » = dénué de personnalité / « pire eau que l'eau qui dort » expression toute faite tout comme au V.16 « sot en trois lettres » et V.12 « la cour du Roi Pétaut »
- Décalage du vocabulaire avec la condition du personnage
Tout cela contribue au comique de mots de la scène
Transition
Mme Pernelle est un personnage comique et grotesque dont les défauts qui ressortent sont tellement poussés à l’extrême qu’on peut en déduire plusieurs informations sur l’identité et la personnalité du personnage qui l’influence.
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