Roberto zucco cas
Dissertation : Roberto zucco cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar thida19 • 9 Octobre 2016 • Dissertation • 2 386 Mots (10 Pages) • 2 475 Vues
L’oeuvre de Bernard-Marie Koltès est fondée sur des problèmes réels en lien avec la tragédie et la mort. Auteur d’un théâtre de révolte, Koltès retient de Claudel l’idée d’une communion avec le spectateur lors de la représentation théâtrale. Dès lors, dans les pièces de l’artiste, la psychologie est très présente à travers les personnages dans le but de remettre en question certaines idées au public tel que les relations humaines, analysées dans Dans la solitude des champs de coton. Sa pièce Roberto Zucco écrite en 1988 relate l’histoire du tueur en série Roberto Succo en parallèle à l’histoire d’une gamine en perdition. Selon Robert Casavant, Bernard-Marie Koltès a fait de cette oeuvre une « oeuvre poétique » dont les représentations théâtrales des crimes commis permettent de remettre en question nos idées face à la vie et à la mort.
De quelle manière Roberto Zucco est une pièce qui remet à la fois en question le spectateur sur la condition de l’homme ainsi que les tabous de la société? Si Roberto Zucco est une oeuvre poétique qui remet en question le spectateur, elle s’inspire également des meurtres commis par Succo dans le but de montrer les interdits de notre société.
Roberto Zucco est une oeuvre qui s’inspire de faits réels mais qui se caractérise par une oeuvre poétique qui pousse à la réflexion.
La pièce se focalise sur la fin de la vie d’un certain tueur en série appelé Roberto Zucco. A la fin du XXème siècle, l’Italien Roberto Succo a commis plusieurs meurtres partant d’Italie jusqu’à la Suisse et traversant la France. Le dramaturge prend ses distances par rapport à l’histoire réelle, tout d’abord par l’ordre des crimes commis. En effet dans l’oeuvre, le personnage commence par tuer son père, enchainé par le meurtre de sa mère après son évasion de la prison. Zucco rencontre par la suite La Gamine, qui malgré le viole accomplit se prend d’amour pour lui. Le personnage continu sa série de meurtre avec l’inspecteur puis avec un adolescent dans un parc. L’histoire vraie raconte quelques meurtres en plus et l’ordre des crimes commis ne se présentent pas de la même manière dans la pièce. Bernard-Marie Koltès affirme ne pas avoir fais de recherches approfondies sur le meurtrier mais s’être simplement informé par les revues de faits divers ainsi que des photos: “Je ne savais pas grand chose de cet homme, j'avais quatre articles de journaux. Je n'ai pas fait de recherches. Pour moi, c'est un mythe et cela doit rester un mythe”
Le dramaturge décide de prendre la terrible histoire de ce meurtrier considéré comme une icône anticapitaliste et de faire de celui-ci un héros. A travers plusieurs éléments, l’oeuvre paraît nous transporter dans une profonde réflexion sur l’origine du malheur ou encore la mort. La quatrième couverture nous présente ce personnage en comparaison à Samson ou Goliath, c’est à dire un héros caractérisé par la force mais qui sombre à cause d’une femme ou d’un caillou. On trouve alors dans cette oeuvre des références à la religion, comme Samson perdu par Dalila, Zucco est trahi par la Gamine dans la scène neuf intitulé Dalila, il prend également la figure du Minautore dans sa puissance de bête sauvage et dans son role de gardien du labyrinthe comme dans la scène VI dans laquelle Zucco vient en aide au vieux messieur. A la fin de la pièce, Zucco meurt en contemplant le soleil du haut du toit de la prison. La référence ici est mythologique. Cette dernière scène rappelle la mort d’Icare qui, pour s’échapper du labyrinthe, vole vers le haut avec des ailes de cires. Les deux personnages mettent fin à leur vie car ils décident de se rapprocher du soleil au risque de se retrouver face à leur simple condition de mortel. L’attitude de Zucco est
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dangereuse et ses pensées sont parfois même étranges. Il n’y a pas seulement Zucco qui nous pousse à réfléchir mais chaque personnage énonce dans leurs répliques leurs propres idées face au malheur et à la mort. Dans la première scène, le Deuxième Gardien explique qu’il faut que l’homme écoute son univers intérieur pour être heureux : « nos oreilles devraient écouter le bruit de notre univers intérieur et nos yeux contempler nos paysages intérieurs. ». Dans la scène qui suit, la mère de Roberto exprime son désarroi face à ce fils adoré et pourtant meurtrier avec des métaphores telles que : « Qui a posé un tronc d’arbre sur ce chemin si droit pour te faire tomber dans l’abîme ? » , « une voiture écrasée au fond d’un ravin, on ne la répare pas ». A plusieurs reprise dans l’oeuvre, le malheur est personnifié afin de mieux l’expliquer. Par exemple la soeur de la gamine dans la troisième scène nous interprète sa venue et son but : « Le malheur ne demande pas de temps. Il vient quand il veut, il transforme tout en un instant. Il détruit en un instant un objet précieux que l’on garde depuis des années. ». On retrouve par la suite la gamine qui essaie de s’en éloigner : « je chantonne pour éloigner le malheur ».
La mort apparaît aussi comme une solution au malheur vécu. Dans la quatrième scène, l’inspecteur déclare à la patronne d’un hôtel sa forte mélancolie. Il exprime cela par une bête héberger dans son coeur : « comme une petite saloperie de microbe, s’est logé dans mon coeur et me le tord dans tous les sens. » Peu après, ce même inspecteur se fait tuer par Roberto Zucco, une témoin explique que l’expression de la victime paraissait adoucit : « Il balance doucement la tête, comme si la réflexion profonde dans laquelle il était plongé venait de trouver sa solution. » On trouve cette idée dans la poésie de Baudelaire, notamment dans le poème LXXVIII - Spleen des Fleurs du mal. La mélancolie est tellement forte dans les âmes que la mort semble être la seule solution pour arrêter de souffrir. La scène huit intitulé Juste avant de mourir commence avec des paroles extraites du recueil La Légende des siècles de Victor Hugo. Ce recueil dépend l’histoire et l’évolution de l’Humanité. Zucco récite quelques vers appartenant au poème Les Sept Merveilles du monde qui traite à la fois de la grandeur et de l’orgueil de la race humaine. Les merveilles insistent sur le fait que ce sont des créations humaines qui seront destinées à mourir tout comme leur créateur, sans rien enlever à la grandeur des exploits humains. Tout au long de cette scène, Roberto va provoquer le
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