Fiche Francais Roberto Zucco
Fiche : Fiche Francais Roberto Zucco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mohammed Mikou • 15 Janvier 2017 • Fiche • 1 560 Mots (7 Pages) • 4 228 Vues
Bernard- Marie Koltès (XXe siècle), est un dramaturge qui dans nombre de ses pièces fait part de la représentation de la violence et de ses conséquences psychologiques sur les personnages concernés. D’ailleurs, dans Procès Ivre ou dans Roberto Zucco, la violence est au cœur du sujet. Dans « Roberto Zucco », pièce écrite en 1988, Koltès met en scène un jeune homme de vingt-quatre ans, d'une extrême nervosité. Il prend l’initiative d’écrire cette pièce suite à la cavale meurtrière d’un tueur en série dans les années 80, Roberto Succo. L’extrait que nous allons étudier est intitulé « La gare », douzième tableau de la pièce. Evadé de prison, Zucco vient de tuer un enfant et prend en otage sa mère afin d’aller à la gare. Il tente de fuir, d’aller le plus loin possible. Il est devant une gare bondée de gens, victime d’une crise de paranoïa. Il s’agit donc de démontrer comment la scène présente la folie du personnage.
Pour répondre à la problématique, nous aborderons d’abord la manière dont Koltès présente le dialogue entre Zucco et son otage. Une deuxième partie sera consacrée à la paranoïa du personnage de Zucco.
- Un dialogue étrange entre un ravisseur et son otage
- Des personnages qui semblent dépourvus d’émotions après le meurtre
Le texte présente un dialogue des plus étonnants entre un ravisseur et son otage. Alors que Zucco, tueur en série, devrait être tout à fait calme et que la femme, quant à elle, devrait être alarmée par ce qui se passe pour elle en ce moment, c’est tout le contraire qui finit par arriver.
- Champ lexical de la peur « trouille » (l.3) « fuir » (l.6) + rythme de Zucco : usage de phrases courtes => ses tourments suite au meurtre, ne pense qu’à son enfermement futur.
- Après avoir longuement parlé à la dame, l’homme ne pense plus à lui faire du mal. Il oublie même ce qui s’est produit lors de l’évènement antérieur à la scène : « Qui ça ? » (l.52)
- Anaphore « vous avez dit » (l.56/57) => le meurtrier rejette la faute sur elle et manifeste son innocence.
- Expression « c’était un petit morveux » => aucune compassion pour la victime + aucune conscience de ce qu’il a commis
- Zucco est « imbécile » (l.65), comme la dame le dit. Jusqu’à la fin de l’extrait, Zucco se présente comme innocent : l’obligation « il fallait » (l.66) nous montre qu’il était du devoir de la dame de lui obéir
- La femme n’a pas « la trouille » (l.3) + question rhétorique « Est-ce que j’ai l’air de vous dénoncer ? » (l.22-23) + langage familier « ces connards me dégoûtent » (l.24) + tournure emphatique « vous, vous me plaisez plutôt » (l.25) => Elle crée une certaine affinité entre. Ainsi, elle rentre dans son clan dans le but de ne rien subir.
- Mais, en fin de compte, elle ne semble que se désintéresser de la mort de son fils, puisqu’elle en reparle : réplique ironique = questions rhétoriques « et si j’aimais, moi, être prise pour une idiote ? (ligne 59 à 63), elle lui explique clairement qu’elle est accablée par le meurtre de son fils.
Ainsi, les personnages réagissent de manière inattendue, ce qui crée une atmosphère étrange dans ce dialogue.
- Une situation prévue dominant/dominé inversée
Devant le curieux échange entre Zucco et la dame, les positions des personnages se retrouvent permutées.
- Voix passive « je ne veux pas être pris » (l.2), « je ne veux pas qu’on m’enferme » (l.3) + pronoms compléments « m’ » (l.3) ; « me » (l.16) => Zucco se retrouve en position d’objet, qui ne fait que subir l’action + faiblesse de Zucco.
- Tournure impersonnelle de restriction/ d’interdiction « il ne faut pas qu’ils nous voient » => idée d’un Zucco amoindri +, impuissance de Zucco, soumis à ses propres peurs.
- Impératifs : « soyez donc un homme » (l.5) ; « Arrêtez » (l.48) ; « calmez-vous » (l.50) => courage de la femme donnant des ordres à son ravisseur. Elle va aussi lui redonner confiance en lui et le rassurer « vous les feriez fuir rien qu’en la tirant de votre poche » (l.6-7) ; « avec tout ce que vous […] je ne l’ai jamais eue », elle a confiance en elle et sait le montrer clairement à Zucco.
- Champ lexical de l’idiotie « imbécile » (l.23 et l. 54) ; « compliqué, compliqué » (l.15), => détermination de la femme Elle infantilise Zucco et lui montre sa domination.
- Opposition « mais ces connards me dégoûtent… vous me plaisez plutôt » (l.24/25) => Une psychologue qui décide de lui expliquer qu’elle est de son côté et finit par être maitresse de ses pensées.
S’il focalise ses pensées sur les autres, il n’a pas de raison à l’attaquer : « Regardez tous ces fous » (l.26), = elle n’en fait pas partie « s’ils nous voient », = il pense qu’elle est avec lui et non contre lui.
De ce fait, la dame se joue complètement de lui et se retrouve à dominer ses émotions : Zucco lui révèle tout ce qu’il pense.
Ainsi, ce dialogue dont l’ambiance nous semble burlesque nous permet de percevoir la fragilité d’esprit de Zucco et sa folie.
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