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Robberto Zucco (1988) Bernard Marie Koltès

Fiche : Robberto Zucco (1988) Bernard Marie Koltès. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Avril 2022  •  Fiche  •  1 673 Mots (7 Pages)  •  612 Vues

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TEXTE 7: Robberto Zucco (1988) Bernard Marie Koltès

Introduction :

Né en 1948 dans une famille bourgeoise à Metz, Bernard Marie Koltès a eu une vie violente et ancrée dans la révolte. Par la suite, il va se consacrer au théâtre. Il devient comédien au Théâtre National de Strasbourg puis il réalise une dizaine de mise en scène. Malade du sida, il meurt à Paris en 1989.

Robberto Zucco est inspiré d'un fait réel sanglant : celui du tueur fou italien Robberto Succo. B.M Koltès met en scène la cavale d'un personnage condamné à une fin tragique Dans la 2ème scène de la pièce, alors qu'il vient de s'évader de prison, il passe par l'appartement familial. Il y pénètre par effraction contre l'avis de sa mère qui a peur de lui. Il justifie sa venu car il veut récupérer son treillis.

LECTURE

Il s'agira donc de voir comment le dramaturge donne à voir la violence de la relation et la folie du personnage.

Pour ce faire, nous verrons un échange douloureux, ensuite une tirade poignante et enfin le geste meurtrier.

Nous allons nous intéresser au ligne 1 à 9. Après s'être montré violent et menaçant, Zucco cherche à amadouer sa mère (l.1 à 3). On a recours à l'impératif pour l'apaiser et à l'emploi d'une apostrophe intime (« maman », présent en fait pour la première fois depuis le début de l’œuvre). Il rappelle aussi leur relation passée et son attitude avec elle : « j'ai toujours été doux et gentil avec toi. » Le temps (PC), l'adverbe et l'attelage d'adjectifs apportent une justification qui se veut rassurante. Celle-ci est confirmée par la question rhétorique, au conditionnel, déconcertante, étant donné la situation : « Pourquoi aurais- tu peur de moi ? » On retrouve une seconde question qui est, elle aussi construite de la même façon. Elle traduit l'obsession de Zucco pour ce vêtement militaire, qui est le symbole de toute la violence qu'il porte en lui :  « mon treillis », « J'en ai besoin, maman, j'en ai besoin ». La répétition traduit la démence du personnage, qui semble sous l'emprise d'une addiction. On observe également que la gentillesse de Robberto fonctionne, sur la mère, malgré elle, sensible au changement de son fils qui paraît plus calme.(l.4 à 7) on constate un vocabulaire révélateur : « gentil » (l.4 et 6) « ta douceur » (l.7). Il y a aussi une injonction paradoxale : « Ne sois pas gentil avec moi » (l.4 impératif) Elle s'interdit de se laisser aller à la tendresse. Les deux apostrophes « Robberto » (l.4 et 7) montrent aussi l'affection incontrôlable de la mère. Celle-ci se rappelle douleureusement que son fils est un parricide, on le remarque avec les répétitions : « Comment veux-tu que j'oublie que  tu as tué ton père... » , « Je ne veux pas oublier que tu as tué ton père ». On assiste également au rappel de la brutalité des faits : « que tu l'as jeté par la fenêtre, comme on jette une cigarette ? ». Ensuite, la cruauté de la situation d'une mère, malgré tout aimante face à un fils assassin, est présente dans l'adverbe temporel, mis en relief par la conjonction : « Et maintenant ». Par ailleurs, l'indépendance coordonnée « et ta douceur me ferait tout oublier. » témoigne de l'affection qu'elle ne peut juguler. Enfin, Zucco ne revient pas sur son crime mais à nouveau il réclame son vêtement (l.8-9). La seule chose qui l'intéresse c'est son « treillis ». Les précisions inutiles qu'il apporte montrent son obsession : « ma chemise kaki et mon pantalon de combat », tout comme la répétition du verbe à l'impératif « Donne-moi » (l.9). Il cherche à convaincre sa mère qui refuse de le lui rendre : « même sales, même froissés » (l.9). La conversation semble s'inscrire dans un situation banalement quotidiennes, alors qu 'il n'en est rien. Pour qu'elle accepte, il s'engage à quitter les lieux : « Et puis je partirai, je te le jure ». Les 2 connecteurs d'addition (conjonction+adv.)

ont une forte valeur consécutive. Le futur exprime la certitude, renforcée par l'indépendante juxtaposée.

Si l'échange douloureux est un des signes de la violence de la relation et de la folie du personnage, nous verrons ensuite la tirade poignante dans les lignes suivante.

        On observe la douleur d'une femme, déchirée par 2 sentiments incompatibles (l'amour et la haine), celle ci s'exprime au début de la tirade : « Est-ce de moi... » (anaphore présentatif). Ces formules empathiques présentes au sein de questions rhétorique traduisent la schizophrénie affective de la mère. La douleur provoqué par cette maternité monstrueuse se traduit par les nombreux verbes de la parturition : accoucher et sortir. Elle voit en l'homme qu'elle cherche à tenir à distance l'enfant auquel elle a donné naissance : « berceau » (l.12). Elle exprime ainsi la culpabilité d'avoir enfanté un tel individu.Celle ci comprend d'autant moins qu'elle l'a chéri et a veillé sur lui avec amour : « depuis la berceau, mon regard sur toi te lâcher, et surveillé chaque changement de ton corps » (l.12-13). Le tragique de la situation est d'autant plus souligné par l'emploi d'un connecteur d'opposition fort : « POURTANT je te reconnais Roberto. Je reconnais... » (l.15). Le présent d'énonciation et la redondance du verbe reconnaître traduisent la brutalité du constat. On trouve une accumulation de 6 COD renvoyant à la chair de son enfant dans laquelle s'incarne aussi l'assassin de son mari : «  la forme de ton corps, ta taille, la couleur de tes cheveux, la couleur de tes yeux, la forme de tes mains, ces grandes mains fortes... »(l.16-17). La vision fragmentée semble vouloir valider l'identité de Zucco. Les références corporelles transcrivent l'intimité et l'intensité des rapports filiaux, caractérisés par une terrible ambivalence : « qui n'ont jamais servi qu'à caresser le cou de ta mère, qu'à serrer celui de ton père, que tu as tué ». Le parallélisme de construction avec les formules exceptives évoque la folle dualité du personnage (caresser vs serrer). La remarque de la mère comporte à la fois une prolepse (annonce du matricide)  et une analepse (rappel du parricide).

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