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Retour et présentations, lieux communs d’une exposition peu commune ?

Commentaire de texte : Retour et présentations, lieux communs d’une exposition peu commune ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  1 462 Mots (6 Pages)  •  489 Vues

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Scène 1 / Texte n° 8 / Juste la Fin du monde, Lagarce 1990.

Problématique : retour et présentations, lieux communs d’une exposition peu commune ?

Plan :

  1. L’écriture de Lagarce
  2. Les présentations
  3. La thématique du retour

  1. L’écriture de Lagarce
  1. Une scène d’exposition double ?

Un prologue, donc, et puis ensuite une scène d’exposition : comme si Lagarce ne savait pas vraiment par où commencer, comme s’il y avait, dès le départ, dans la structure même de la pièce, le même jeu de variation entre les termes qui vient de façon si caractéristique faire osciller la phrase, le propos… on hésite, et puis, finalement, en définitive, pourquoi choisir ?

  1. Le jeu des didascalies

Les didascalies prolongent cet entre-deux. L’appellation « scène », se structure en France par les entrées et sorties des personnages, supposant une continuité. Et qui dit scène, dit, souvent, acte. Or Lagarce choisit le terme « partie ». Cela suppose qu’il y en aura une autre, et, en même temps, que nous sommes dans le partiel, le fragmentaire. Cette autonomisation nous la ressentons d’autant plus qu’aucune indication spatiale ou temporelle ne nous est offerte. 

  1. Un commencement flottant

Voici un commencement flottant, où d’ailleurs la première réplique – « C’est Catherine », vient comme isoler le personnage qui apparaît ici : ce n’est qu’ensuite que l’interlocuteur sera précisé. Comme si Suzanne, un instant, avait hérité de son frère cet étrange pouvoir de « l’adresse public ». Dans cette ambiguïté se perçoit le sens du théâtre d’un Lagarce, qui est aussi un praticien – il mettra notamment en scène Le Malade Imaginaire de Molière. Loin de chercher à figer le sens des répliques, il ouvre les possibles au plateau, engendrant moins un dialogue clairement structuré que, selon la formule de Jean-Pierre Ryngaert , « un jeu de paroles en quête d’adresse » .

2. Les présentations de Louis et de Catherine

  1. Une double énonciation théâtrale

Toute la scène joue sur les ressources de la double énonciation théâtrale : les présentations entre Catherine et Louis sont parcourues, en sourdine, pour le public, par ce lourd secret : « Louis va mourir ». Ironie dramatique – peut-être même tragique qui souligne qu’il n'y a pas de place, ici, pour un tel message. On se perd dans l’anecdotique, et dans cette étrange cérémonie que Suzanne dirige, elle qui rêvait, sans doute, peut-être, de ce retour depuis si longtemps. En unissant deux procédés, celui des présentations et celui du retour, Lagarce entrave finalement la dynamique initiale : un retour, normalement, ne nécessite pas de présentations. Il s'agit bien de revenir « sur ses traces ». Mais voici que le lieu où l'on revient a lui-même changé. De nouvelles personnes s'y trouvent. Alors s'imposent les présentations.

  1. La construction du dialogue

La construction du dialogue est d'abord marquée par le rôle important de Suzanne, maîtresse de cérémonie : elle devance les répliques des autres, « Louis, /Suzanne l’a dit, elle vient de le dire », et infléchit les actions : à la poignée de main, elle préfère l'embrassade. Un autre personnage occupe une fonction importante : la mère. Elle apparaît, par les commentaires dont elle accompagne la scène, comme un vestige du chœur. Ses propos soulignent l'incongruité de ce qui se passe devant nous : « Ne me dis pas ça, ce que je viens d’entendre, c’est vrai, j’oubliais, ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas ». On remarquera d’ailleurs que toute la syntaxe vient jouer sur une ambiguïté : on peut penser qu’elle a appris autre chose, on ne sait pas au commencement ce qu’elle ne veut pas entendre, ce refus concerne-t-il l’annonce de la mort ? Non. Simplement, Louis et Catherine ne se sont jamais vus. Et en même temps, la répétition des « ne me dis pas », tout comme le constat « Vous vivez d’une drôle de manière », vient scander la scène et augmenter l’impression que quelque chose, ici, ne va pas. Ce qui s'expose, alors, ce sont d'abord des personnages. Le cercle de famille se trouve ici rassemblé : la mère, la jeune sœur, le frère, la belle-sœur. Le « eux » du prologue s'incarne sous nos yeux. Une absence, aussi, se remarque : celle du père. Elle vient peut-être éclairer l’énigmatique « à mon tour » de la deuxième ligne du prologue : « Plus tard, l’année d’après / – j’allais mourir à mon tour – ». Après le père, le fils aîné – la mort en héritage ? Mais tandis que les indéfinis se précisent, un processus inverse affecte Louis. Il parle peu, comme si le surgissement des autres entraînait son effacement, il devient une figure, une ombre – peut-être un spectre. On ne parle pourtant que de lui, on s'adresse à lui, mais sa parole reste dans des banalités. Un creux commence à se former, qui va encore s'approfondir dans la scène suivante.

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