Rabelais, L’abbaye de Thélème
Commentaire de texte : Rabelais, L’abbaye de Thélème. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chile • 27 Mai 2018 • Commentaire de texte • 1 510 Mots (7 Pages) • 1 946 Vues
Commentaire : Rabelais, L’abbaye de Thélème
Introduction :
Rabelais est connu pour être l’un des grands humanistes du XVIe siècle, à un moment où les intellectuels retrouvent la foi en l’homme et un appétit de savoir.
Gargantua, qu’il publie en 1534,, est considéré comme une œuvre majeure de la Renaissance, car elle regroupe nombre des thèmes qui caractérisent cette période, comme l’idée que l’homme est fondamentalement bon.
Cet extrait sur « l‘Abbaye de Thélème » est situé au chapitre 57, après la victoire de Gargantua sur Pichrocole.
♦ Pourquoi peut-on dire que l’abbaye de Thélème est une utopie ?
Dans cette analyse, nous verrons que la description faite de l’abbaye de Thélème la rapproche d’une utopie. Par la suite nous verrons qu’elle cache une critique sévère des ordres monacaux de l’époque de Rabelais. Pour terminer, nous remarquerons que la vie en communauté dans l’abbaye de Thélème répond à un idéal humaniste.
I – Description idyllique
A – « Fais ce que voudras »
La principale caractéristique de la vie des Thélémites semble être leur totale liberté, comme le montre leur seule règle, « Fais ce que voudras ».
La liberté et le choix sont des thèmes majeurs du passage : « selon leur bon vouloir et leur libre arbitre » (l.1), « quand bon leur semblait », « quand le désir leur en venait », « les gens libres », « cette liberté même » (début du deuxième paragraphe) : la vie des Thélémites est dictée par leurs simples désirs.
C’est de l’absence totale de contraintes que naît « la vertu », selon Rabelais, car l’homme libre a « par nature » une inclination à la vertu, c’est-à-dire que si on lui donne le choix, il optera forcément pour le bien.
B – Un éloge
Ce passage est marqué par le registre épidictique, le genre du blâme ou de l’éloge.
Ici, il s’agit clairement d’un éloge, comme le montre les nombreux adjectifs et termes mélioratifs : « bien nés » , « bien éduqués » , « bonne compagnie » , « vertu » , « louable » « plaisir » , « belles haquenées » , « joliment gantelé » , « si vaillants, si hardis, si adroits » , « plus vigoureux, plus agiles » , « si fraîches, si jolies ».
Cette énumération des qualités et compétences des Thélémites est renforcée par la gradation « lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique, parler cinq ou six langues et y composer » : chaque savoir-faire semble plus impressionnant encore que le précédent.
C – Une demie-utopie
Bien que les habitants de l’abbaye soient entièrement libres, ils consacrent leur temps à, élargir leurs connaissances comme le montre l’énumération « lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique, parler cinq ou six langues et y composer ».
Il leur faut également pratiquer des activités sportives, en participant à des chasses, en s’entraînant « au combat à pied ou à cheval », en « maniant […] les armes », tandis que les femmes s’occupent avec les « travaux d’aiguille ». Il ne suffit pas d’être libre, il faut être accompli.
Par ailleurs, le séjour à l’abbaye de Thélème ne semble pas être permanent : ils ont la possibilité de sortir quand ils veulent, « soit à la requête de ses parents, soit pour d’autres raisons » (l.28), pour mener une vie de famille.
On voit ainsi que Rabelais, offre une version idyllique de la vie dans une abbaye, bien qu’elle ne soit pas totalement dénuée de contraintes.
Mais cette utopie met en scène une critique des ordres monastiques de son époque.
II –Derrière la parodie, une critique des ordres monastiques
A – Une abbaye inversée
Nombre des affirmations de ce passage cachent une critique des ordres traditionnels, en prenant le contre-pied des abbayes de l’époque.
Ainsi, les Thélémites ont le droit d’organiser leur journée comme bon leur semble, alors que dans les abbayes, les moines sont soumis à des règles et à des horaires stricts.
La mixité est autorisée, contrairement aux abbayes, uniquement masculines (les femmes vont dans les couvents).
Cette abbaye semble n'avoir aucune contrainte liée au culte de Dieu.
D’ailleurs, les Thélémites ont la possibilité de quitter l’abbaye de Thélème, ce qui n’est pas le cas des moines qui ont prononcé leurs vœux.
Dans la fin du premier paragraphe, écrit au présent de narration, on nous propose une vision humaniste qui va totalement à l’encontre de la morale catholique, selon laquelle l’homme né déjà souillé par le péché originel, et il faut le contraindre pour qu’il ne pèche pas. On remarque un paradoxe avec les autres monastères car l'obéissance à autrui et l'abdication de la volonté propre est le premier fondement de la société monastique.
...