Réquisitoire Claude Gueux
Discours : Réquisitoire Claude Gueux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zena W • 26 Avril 2022 • Discours • 746 Mots (3 Pages) • 481 Vues
Réquisitoire à l’encontre de Claude Gueux
Messieurs les jurés,
Nous nous présentons aujourd’hui devant vous en tant qu’avocats de l’honorable directeur de la maison centrale de Clervaux, Monsieur MD (ci-après référé en tant que « notre client » ou « directeur »), afin de plaider la culpabilité du forçat Claude Gueux ( ci-après référé en tant qu’ « accusé » ou « partie adverse ») de meurtre envers notre client.
D’abord, l’avocat de la partie adverse donne comme élément justificateur de l’assassinat de notre client un fait occuré des semaines avant ce crime, c’est-à-dire le changement de quartier d’Albin, un autre détenu de Clervaux qui aurait partagé sa ration avec l’accusé afin de calmer la faim de celui-ci. Soit. Nous savons maintenant que ledit crime ne peut pas être acte spontané mais bien le fruit d’une préméditation intense, durant laquelle Mr. Gueux a mis en place un plan complet, s’est procuré une arme du département de menuiserie et a pris un autre objet pouvant servir d’arme de ses biens personnels. Il a aussi menacé quotidiennement le directeur, du 25 octobre au 4 novembre, à l’aide phrases inquiétantes et mystérieuses dans l’espoir que celui-ci lui rende Albin, en lui donnant le 4 novembre comme date limite.
N’est-il pas complètement malsain de sa part d’avoir planifié ce crime horrifique autant à l’avance et avec tant de sang-froid ? D’avoir, oserai-je dire, torturé notre client de menaces insensées et non claires durant une dizaine de jours? De plus, à quel motif ? Le changement de quartier d’un détenu ? Aux dernière nouvelles, un directeur possède entièrement le droit de déplacer un de ses détenus s’il le juge nécessaire. Aucune personne sensée n’admettrai cette décision comme justificatrice, ni même circonstance atténuante, d’un meurtre.
D’ailleurs, parlons de ce déplacement. Que savons-nous de son véritable motif ? Gueux est catégorique : la jalousie du directeur. Insensé. De quoi serait jaloux notre client ? D’une amitié de scélérat à scélérat ? Improbable. De Gueux lui-même? Impossible. Nul homme libre ne peut être jaloux d’un homme enfermé. Le plus probable reste que, le directeur, ayant remarqué ou ayant été notifié du fait qu’Albin, très jeune et déjà maigrichon, partageait sa ration avec l’homme duquel tous les prisonniers avaient peur (voyez comment aucun n’a osé le dénoncer, même devant l’autorité de la justice), aie craint que celui-ci le force à lui donner la moitié de son pain et l’aie donc déplacé pour son bien.
L’insistance de Gueux aurait donc été perçue par lui comme l’irritation résultante d’avoir été privé de la part d’un autre, ce qui expliquerait le refus définitif de notre client à lui donner une explication quant à la disparition de son prétendu ami (notons que notre client n’a de toute façon aucune obligation à justifier ses décisions à un détenu). Gueux avait de plus très certainement un caractère tirant vers le tyrannique, ce qui justifierai les craintes de notre client. Comment en effet expliquer autrement qu’une bande de criminels sans foi ni loi n’obéisse à Mr. Gueux, comme lorsque les 82 d’entre eux ont gardés le silence au tribunal jusqu’à que Mr. Gueux ne les somme à parler ?
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