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Claude Gueux, Victor Hugo

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Par   •  11 Mai 2014  •  7 947 Mots (32 Pages)  •  1 840 Vues

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Un pauvre ouvrier, nommé Claude Gueux, vivait à Paris en concubinage avec une femme dont il avait un enfant. Un hiver, le travail manqua. Il commit un petit délit pour qu'ils aient du pain et du feu. Il fut condamné à cinq ans de prison, et envoyé à la prison de Clairvaux. Il y devint rapidement le chef spirituel adoré de ses codétenus et détesté du directeur, M. D.. Comme il était un éternel affamé, un autre prisonnier, le jeune Albin, partage sa ration journalière de pain avec lui, et ils entretiennent une étroite amitié. Mais M. D. transfère Albin dans un autre quartier. Claude Gueux réclame plusieurs fois, en vain, le retour de son ami. Devant les refus non motivés du directeur, il le juge ; soumet la sentence de mort à l'ensemble des prisonniers réunis en une cour de cassation, et l’applique : il le tue à coups de hache. Puis il veut se suicider avec de «petits ciseaux», mais n'y parvient pas. Il est donc à son tour jugé et condamné à mort. Il accepte avec réticence de se pourvoir en cassation et, de reconnaissance, une sœur de charité lui donne une pièce de cinq francs. Le pourvoi ayant été rejeté, il est guillotiné.

Analyse

(la pagination est celle du Livre de poche)

Intérêt de l’action

Le texte est constitué d’un récit (27 pages) et de sa conclusion (6 pages) qui est le texte que Victor Hugo avait rédigé en 1832 dont il a été fait mention plus haut.

Le manuscrit s’ouvrait sur la phrase : «Voici des faits qui m’ont été rapportés par un témoin digne de foi». En effet, la nouvelle est née d’un fait divers authentique, rapporté par la “Gazette des tribunaux” du 19 mars 1832. Était authentique aussi le nom de l'ouvrier, Claude Gueux, nom qui ne s'invente pas, qui était prédestiné, chargé de sens.

Le 7 novembre 1831, Claude Gueux, voleur récidiviste emprisonné à Clairvaux, tua M. Delacelle, le directeur des ateliers, devant les autres détenus qui manifestèrent vivement leur joie. Son procès commença «le 16 mars 1832... devant la cour d'assises de Troyes» (page 63). Il fut condamné à mort et exécuté en juin de la même année. Dans la nouvelle sont données d’autres dates : «le 25 octobre 1831», Claude Gueux donna au directeur un délai «jusqu’au 4 novembre» (page 50). En fait, ce fut le 7 novembre.

Victor Hugo n’eut connaissance de ces événements que deux ans plus tard. Cette histoire d'une triste nudité le toucha, mais sa première réaction n'eut rien de romanesque : l'événement lui inspira d’abord le texte qui est devenu la conclusion.

Puis, pour servir sa démonstration, il raconta l’histoire de Claude Gueux, le parcours exemplaire d'un homme du peuple, doté de qualités naturelles que la société ne sait pas utiliser, que la pauvreté conduit au vol et à la prison, où l'inhumanité du traitement qu'il subit le fait aboutir au meurtre. Victor Hugo voulut faire entendre à nouveau la parole de Claude Gueux pour apporter un exemple frappant, qui donnerait du poids à son discours social. Il en fit un récit émouvant. L'écart est grand entre la matière romanesque et la réalité, et on peut le mesurer en confrontant les documents dont on dispose, et en particulier les comptes rendus de la “Gazette des tribunaux” avec le texte de Hugo. Mais il ne saurait être question de l'accuser d’avoir dénaturé des pièces, qui sont aujourd'hui incomplètes et contradictoires.

Pour bien marquer que l’histoire lui a été rapportée, qu’il ne peut prétendre connaître les pensées ni les sentiments des personnages, qu’il doit les déduire de l’extérieur, et signaler objectivement qu’il les reconstitue, il précisa, dès sa deuxième phrase : «Je dis les choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin.» (37) et il multiplia des mentions prudentes telles que :

- «Il paraît que...» (pages 45, 65)

- «Les témoins qui ont déposé de ces faits plus tard...» (page 46)

- «Il parla à ce qu’il paraît...» (page 54)

- «ses camarades... comme ils l’ont déclaré depuis» (page 56).

- «Le bourreau “le repoussa doucement”, dit une relation.» (page 72)

À «je l’ai jugé et je l’ai condamné à mort» (page 54), il spécifia en note : «Textuel».

De la rapide narration des événements qui ont conduit à l’emprisonnement (page 37), on passe à un portrait du héros (page 38) et, tout de suite, est décrit, assez longuement, le directeur des ateliers (pages 39-41). L’opposition entre les deux hommes est bien marquée, et se profile un conflit entre deux autorités (page 42) : «l’autorité sans titre de Claude Gueux» et «l’autorité officielle du directeur» (page 45).

Mais cette rivalité pourrait demeurer dans un état d’équilibre si le héros n’avait une faille, sa grande faim (page 43), qui entraîne la proposition d’Albin de partager son pain avec lui (page 44), la formation d’un couple. Ainsi, une cible est offerte au sadisme du directeur, qui l’exerce, le mécanisme des événements étant alors enclenché.

Voilà qu’Albin n’est plus dans l’atelier (page 46), la cause de cette absence n’étant pas connue et le restant, puisque le directeur se contente d’un «Parce que» (page 48) en réponse aux questions angoissées de Claude Gueux.

Se déroule un long affrontement spirituel entre le prisonnier et le directeur, au cours duquel la montée vers le drame, la marche à la mort, est inexorable. Avec un grand sens du «suspense», Hugo maintient le mystère, la tension :

- «Toute la prison attendait avec anxiété quel serait le résultat de cette lutte entre une ténacité et une résolution» (page 49)

- une fois Claude armé de sa hache, pour les autres prisonniers, «l’affaire était terrible, droite et simple.» (page 52)

- «C’est l’avant-quart» (page 57) : comme c’est le «coup que quelques horloges sonnent quelques minutes avant l’heure, la demie, le quart» (Littré), comme le directeur doit passer sous peu, la tension est à son comble.

Le prisonnier ne cesse de délivrer des oracles dont l’importance est soulignée par la mise en italiques :

- «Je juge quelqu’un.» (page 50).

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