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Quatre-vingt treize, Victor Hugo

Commentaire de texte : Quatre-vingt treize, Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  1 317 Mots (6 Pages)  •  2 132 Vues

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Commentaire composé

Extrait de Quatrevingt-treize de Victor Hugo

Publié en 1874, Quatrevingt-treize est le dernier roman de Victor Hugo. Ce roman historique, dont l’action se déroule autour de 1793, est l’occasion pour l’auteur d’évoquer les heures les plus sombres de la Révolution Française : la Terreur. Ce grand républicain, très engagé dans la lutte pour la justice sociale, qui a lui-même vécu dans une période troublée de l’histoire, a éprouvé au crépuscule de sa vie le besoin de revenir sur la période de la Révolution Française, tournant de l’histoire humaine universelle. Le texte est constitué des portraits de trois personnages historiques importants de cette période, Robespierre, Danton et Marat. Il introduit leur rencontre imaginée par Hugo. Nous verrons dans ce commentaire comment ces portraits traduisent la manière dont Hugo souhaite aborder et transmettre à ces lecteurs la légende révolutionnaire. Dans une première partie, nous verrons comment Hugo, à l’instar d’un historien, donne de ses trois personnages une image physique véridique, précise et documentée. Dans une deuxième partie, nous verrons comment Hugo suggère ce qu’il souhaite transmettre de la psychologie de ces trois personnages. Enfin, nous étudierons comment l'auteur exprime à travers ses portraits sa vision de la période révolutionnaire.

Au premier abord, Victor Hugo semble décrire ces trois personnages à la manière neutre d’un historien. Il nous en livre des portraits fidèles, froids et distancés. Cette impression est due au point de vue externe du narrateur. Il les décrit méthodiquement comme il décrirait un tableau en face de lui. Il ne donne, du moins à première vue, aucun élément du caractère ou de la psychologie de façon explicite, claire et précise. Cette impression est également due à l’emploi de l’imparfait à valeur de description et à l’utilisation des verbes neutres être et avoir, qui se répètent tout au long du texte. Les portraits sont d’importance et de longueur sensiblement égales et symétriques. Les différents éléments descriptifs, cheveux, bouche, habit sont repris pour chacun des trois personnages.

Les portraits faits par Victor Hugo sont fidèles et véridiques et s’inscrivent dans le mouvement littéraire et artistique réaliste qui prend l’ascendant au XIXème siècle. Ils ont pour but de permettre au lecteur de se forger une idée précise du personnage, de le visualiser en le rendant vraisemblable. Ils sont ainsi caractérisés par une description physique d’une grande précision et de nombreux détails sur l’aspect corporel et l’habillement. L’auteur va jusqu’à décrire les tissus des vêtements : le nankin dont est fait la culotte de Robespierre, le drap de l’habit de Danton dont les boutons sont arrachés et la saleté qui souille le satin du gilet de Marat. Le champ lexical de l’habillement est très précis tout au long des portraits, comme par exemple pour les chaussures, Hugo précise qu’ils portent des « souliers à boucle d’argent », « bottes à revers » ou des « pantoufles ».

Si ces portraits peuvent sembler seulement physiques et neutres à la première lecture, ils révèlent en fait de larges pans de la personnalité de ces personnages. Chez Robespierre l’énumération « il était poudré, ganté, brossé, boutonné », comme l’expression « son habit bleu clair ne faisait pas un pli », donne une impression de rigueur et de grande maitrise de sa personne. La présence d’un tic dans la joue « qui devait le gêner pour sourire » renforce le côté froid du personnage et révèle les penchants fragiles, instables et même paranoïaques de sa psychologie. Chez Danton, plusieurs détails font référence à sa vigueur, à sa force de vivre et même à une certaine forme de bestialité : « des boutons arrachés », « les cheveux hérissés », « il y avait de la crinière dans sa perruque » - faisant penser à un cheval impulsif, ces termes appartiennent au champ lexical animal. L’expression « une ride de colère entre les sourcils, le pli de la bonté au coin de la bouche » met en évidence la dualité et l’ambiguïté du personnage, formidable tribun au service des idées révolutionnaires, mais également personne vénale et politicien sans scrupule. Quant à Marat l’expression « une bouche énorme et terrible » fait clairement référence à son activité de pamphlétaire capable d’entraîner les foules vers les actes les plus barbares.

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