Peut-on considérer, comme le disait Napoléon, que Le Mariage de Figaro, c’est la révolution en action ?
Dissertation : Peut-on considérer, comme le disait Napoléon, que Le Mariage de Figaro, c’est la révolution en action ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eva_dpe • 13 Février 2020 • Dissertation • 1 344 Mots (6 Pages) • 1 197 Vues
sujet : Peut-on considérer, comme le disait Napoléon, que Le Mariage de Figaro, c’est la révolution en action ?
Une révolution est un renversement violent d’un régime politique, par des groupes de personnes manifestant et se révoltant contre les autorités mises en place par ce régime politique. Peut-on alors considérer, comme le disait Napoléon, que Le Mariage de Figaro, c’est la révolution en action ? Autrement dit, cette œuvre a-t-elle bouleversé les codes de l’époque ? Nous verrons dans un premier temps que certes, le Mariage de Figaro est une révolution en action, mais dans un second temps, que c’est une révolution qui reste à nuancer.
Tout d’abord, nous pouvons considérer l’œuvre de Beaumarchais comme une révolution en action, car celui-ci met en scène un nouveau genre théâtral. En effet, instaurer le drame bourgeois dans le théâtre est une forme de bouleversement des normes, car à l’époque, seulement des comédies ou tragédies étaient représentées. Ce genre est un genre sérieux, qui touche la sensibilité et où les classes sociales sont importantes. En effet dans l’acte 16 de l’acte II, on est attendri par le personnage de Rosine qui se trouve être une comtesse effrayée par la violence de son mari le comte. Ce dernier, furieux, veut ouvrir la porte du cabinet où se cache Suzanne, car il croit y trouver Chérubin. Rosine, terrorisée à l’idée que son mari apprenne qu’elle lui a menti, essaie de lui en empêcher, mais en vain. On éprouve donc un sentiment pathétique envers Rosine qui timidement essaie de cacher son mensonge et qui courageusement tient tête à son mari, tout ça en étant apeurée. En mettant en scène un drame bourgeois, Beaumarchais modifie les codes théâtral du XVIIIème siècle.
De plus, Le Mariage de Figaro est une révolution en action, car Beaumarchais reprend des idées révolutionnaires des Lumières. Au XVIIIème, les philosophes des lumières influencent énormément de personnes, notamment des artistes et écrivains. C’est le cas pour Beaumarchais, qui dénonce les inégalités de pouvoirs entre ses personnages. Cette dénonciation est à l’origine des Lumières, et il s’en inspire dans son œuvre. En effet, Figaro, est un valet n’accède pas aux mêmes pouvoirs que le comte. On peut alors constater qu’il est l’intermédiaire de Beaumarchais pour critiquer ouvertement ces privilèges. Dans son monologue de l’acte V, scène III, il critique le fait que le comte soit titré par la naissance et non par le mérite. Effectivement, Figaro énumère les nombreux métiers qu’il a pu faire pour s’en sortir, en opposant son parcours et celui du comte qui n’a rien fait pour en arriver là. Beaumarchais dénonce donc l’injustice de l’ordre social établi, qui est lié aux inégalités de pouvoirs.
Enfin, cette œuvre est considérée comme une révolution en action car elle a été censurée par le roi Louis XVI, pendant 5 ans. En effet, de 1780 à 1784, la pièce fut censurée et à partir du 27 avril 1784, elle fut jouée mais toujours pas entièrement. C’est seulement encore quelques années plus tard que les spectateurs demanderont à voir la pièce représentée en entier et qu’elle sera jouée en son intégralité. Le roi Louis XVI, jugeant cette pièce aux idées trop révolutionnaires décida de l’interdire et notamment suite à certains extraits. On peut supposer que le passage dans lequel Figaro en dialogue avec le comte, est un des passages qui ont incités la censure de la pièce. Le valet critique la politique en disant que les hommes politiques (comme le comte) font semblant de comprendre tout, mais au final ne savent pas grand-chose, les considère comme « vide et creux » et les accuse de manipulation et trahison. Le comte se défend juste en disant que cette définition est celle de l’intrigue et non de la politique, mais Figaro réussi à le déstabiliser. Beaumarchais a donc vu son œuvre censurée car elle était évaluée comme trop révolutionnaire par le roi.
Le Mariage de Figaro est donc un bouleversement des codes de l’époque car Beaumarchais met en scène un nouveau genre théâtral, reprend des idées révolutionnaires des Lumières, et car sa pièce a été censurée pendant presque cinq ans. Cependant, nous pouvons analyser si cette révolution est totale.
Ensuite, nous allons voir que l’on peut nuancer cette idée de révolution. En effet, Beaumarchais reprend quand même des éléments de comique datant de l’Antiquité, et donc ne bouleverse pas tous les codes de l’époque. Il utilise notamment le comique de gestes et le comique de caractère. Le comique de gestes se retrouve dans les révérences entre Suzanne et Marceline, accompagnées d’un dialogue conflictuel et le comique de caractère se retrouve avec le bégaiement de Brid’oison, qui est un homme de justice. Nous pouvons observer que dans La Marmite de Plaute, datant du IIIème siècle avant Jésus Christ, on retrouve ces formes de comique. Dans la scène d’exposition de cette pièce, on découvre Euclion et Staphyla, son esclave. On remarque que Plaute utilise le comique de caractère à travers Euclion. En effet, ce dernier est avare et soupçonne tout le monde, mais en particulier sa servante, d’en avoir après son argent. L’avarice de ce personnage fait sourire et on remarque donc que le comique de caractère était déjà présent pendant l’Antiquité. Il en est de même pour le comique de gestes. Dans l’Antiquité, les menaces et les coups faisaient sourire le public et étaient considérés comme comiques. Dans cette scène d’exposition, Euclion veut donner des coups de fouets à sa servante Staphyla et menace de lui arracher les yeux. On peut observer ici que Beaumarchais en utilisant ces deux formes de comique reprend des idées de l’Antiquité, et ne bouscule donc pas tous les codes établis, puisqu’il en réutilise certains.
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