Pensez-vous que l’on retienne les apologues parce qu’ils nous amusent ou parce qu’ils nous instruisent ? Vous répondrez à cette question en vous inspirant de votre lecture des livres VII à XI des Fables
Dissertation : Pensez-vous que l’on retienne les apologues parce qu’ils nous amusent ou parce qu’ils nous instruisent ? Vous répondrez à cette question en vous inspirant de votre lecture des livres VII à XI des Fables. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar celiaborini256 • 1 Mai 2021 • Dissertation • 2 755 Mots (12 Pages) • 871 Vues
Sujet de dissertation : Pensez-vous que l’on retienne les apologues parce qu’ils nous amusent ou parce qu’ils nous instruisent ? Vous répondrez à cette question en vous inspirant de votre lecture des livres VII à XI des Fables.
L’apologue est un genre littéraire très ancien qui consiste à délivrer une morale à travers une courte histoire fictive. La Fontaine, au 17 ème siècle, a renouvelé le genre en reprenant des fables de l’Antiquité écrites par Esope, Phèdre, Pilpay, et en les adaptant au goût classique de son époque, guidé par deux notions clés, placere et docere, plaire et instruire. Ses fables ont connu un énorme succès et ont traversé les siècles pour rester encore aujourd’hui extrêmement populaires : tout le monde connaît plusieurs fables pour les avoir apprises à l’école mais aussi parce que les médias y font souvent référence, elles sont peut-être le plus célèbre élément du patrimoine littéraire français. C’est pourquoi on peut se demander les raisons d’un tel succès et d’une telle longévité : retient-on ces fables parce qu’elles nous amusent ou parce qu’elles nous instruisent ? Autrement dit, qu’est ce qui reste gravé dans nos mémoires, une fois la fable lue, est-ce le récit divertissant ou l’enseignement délivré par la moralité ? Nous verrons dans un premier temps que c’est l’aspect plaisant des fables qui attire notre attention, mais que nous retenons aussi bien souvent les messages délivrés par La Fontaine.
Nous retenons les apologues d’abord parce que ce sont des récits divertissants et amusants.
Le divertissement provient d’abord des personnages et du cadre fantaisistes. Les personnages des Fables sont souvent des animaux personnifiés, ce qui nous plonge d’emblée dans un univers merveilleux et fantaisiste où les bêtes parlent et se comportent comme des humains : tous les lecteurs ont en mémoire le bestiaire de La Fontaine, avec les animaux de la cour, le roi lion et la reine lionne, les courtisans dont les principaux sont le renard aux mille ruses et le loup, à la fois bête et méchant. Nous nous souvenons aussi du pauvre âne trop honnête qui sera sacrifié dans « les Animaux malades de la peste », mais aussi du Cerf qui sauva sa vie en racontant un beau mensonge au lion dans « les Obsèques de la Lionne », ou encore de la mouche insupportable dans « Le Coche et la Mouche », de la tortue qui part en voyage dans les airs accrochée à un bâton tenu par deux canards, des deux coqs qui se battent pour une poule… Mais les fables sont aussi peuplées d’ êtres merveilleux, comme les follets dans « les Souhaits », qui se rapprochent de l’univers du conte, ou des personnages de la mythologie comme dans « Jupiter et les Tonnerres », afin de satisfaire au goût classique des lecteurs de son époque. De plus, ces personnages évoluent dans un cadre souvent indéterminé, non ancré dans une réalité géographique, ce qui leur enlève tout réalisme et leur confère l’aspect du conte. La Fontaine les situe parfois dans un lieu lointain et exotique, comme le Monomotapa des « Deux amis », un pays légendaire d’Afrique, ou l’orient, dans « le Songe d’un habitant du Mogol », afin de dépayser les lecteurs du 17ème siècle qui ne voyageaient pas. Cet univers imaginaire foisonnant, très riche, surprenant, amusant et divertissant reste durablement ancré dans notre esprit.
Ensuite La Fontaine nous charme par son art de la narration . La brièveté des fables est un facteur d’attraction et de mémorisation, elle évite l’ennui du lecteur. En effet, on ne retient pas les fables trop longues, comme « Le Marchand, le gentilhomme, le Pâtre et le fils du roi », qui contient trop de personnages et dont l’intrigue manque de netteté.. L’efficacité de la fable vient de la simplicité de son schéma narratif, une situation initiale, un élément perturbateur, une péripétie et une résolution. Prenons par exemple la structure des « femmes et le secret » : un mari fait croire à sa femme qu’il a pondu un œuf, celle-ci le répète à sa voisine, en exagérant, qui va le répéter à son tour, et ainsi de suite, la rumeur déformant et amplifiant le fait initial qui devient une centaine d’oeufs : l’intrigue est simple, le récit progresse rapidement, montrant de manière efficace le phénomène de propagation des rumeurs. Ces récits bien construits tirent aussi leur efficacité de leur ressemblance à de petites scènes de théâtre par les nombreux dialogues qui leur donnent de la vivacité. Les paroles d’un personnage révèlent son caractère, ainsi quand La Fontaine fait parler le personnage de « La Fille », il la rend vivante, il nous fait entendre son ton méprisant, sa vanité, ou dans « Les deux amis », les nombreuses questions et réponses de l’ami réveillé traduisent parfaitement son inquiétude et son empressement à aider son camarade ou encore dans « Les Obsèques de la Lionne », le discours du cerf fait comprendre son habileté oratoire. Les dialogues jouent donc un rôle très important dans le plaisir que l’on a à lire les fables, ou à les écouter et participent de cet art de la narration qui a fait le succès de La Fontaine. Il revendique d’ailleurs souvent la force d’attraction des histoires et en fait même le sujet de l’une d’elles, au titre explicite, « Le Pouvoir des Fables » : l’orateur ne parvient à capter l’attention de son auditoire que lorsqu’il leur raconte une histoire et non par ses discours d’argumentation directe.
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