Parti pris des choses Francis Ponge : Analyse linéaire
Commentaire de texte : Parti pris des choses Francis Ponge : Analyse linéaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Simon Steuer • 17 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 220 Mots (5 Pages) • 7 168 Vues
Commentaire Linéaire :
“Morceau de Viande”
Introduction :
Ce poème est un extrait du Parti pris des choses publié en 1942 par Francis Ponge. Il témoigne de l'esthétique général du recueil, qui met l'accent sur des objets ou des réalités vulgaires du quotidien (“Le Cageot,”La Mousse”),qui n’ont en temps ordinaire aucune chance d'être considérés comme des sujets poétiques. Ponge a pris l'habitude de s'intéresser à de petites choses dépourvu de noblesse ( Il rejette en effet tout approche lyrique ). Pourtant, ces évocations deviennent bien vite chez lui le prétexte à des jeux subtiles sur le langage et à des effets d'auto référence qui mettent l'accent sur la manière dont le poème lui-même est en train de se constituer sous le regard du lecteur.
Dans ce poème, un simple morceau de viande va ainsi se transformer à plusieurs reprises, d'abord en « usine », puis en produit transformé et apte à la consommation sous l'effet d'une mystérieuse cuisson, avant de se défaire sombrant dans la décomposition et dans l'oubli, comme toute chose vivante ou produite par l'homme.
Problématique : Comment dans ce poème agissent les transformations et les métamorphoses sur le “Morceau de Viande” et comment ces transformations symbolisent, par analogie, celles que le poète fait subir aux mots lorsqu'il crée de la poésie.
Découpage du texte :
- Comment le titre installe le lecteur dans une lecture polysémique
- Le “devenir-usine” du Morceau de Viande : une première transformation
- La cuisson : une seconde transformation
- La corruption, la dégradation et l'oubli : une troisième transformation, qui clôture une espèce de cycle, qui peut correspondre au cycle de vie du poème
Commentaire :
Le début du texte à l'allure d'une définition : “Chaque morceau est (...)”. Le poète utilise le présent de vérité générale. Le ton est curieusement didactique. Le contenu de la “définition”, en revanche, est totalement inattendu : “ une sorte d’usine”. Impression de bizarrerie produite par l’association de la chair (“ morceau de viande “) avec un objet de grande taille au fonctionnement complexe : L'usine est également une espèce d’univers autonome où le poète rencontre une collection d’objets, de machines : on y trouve des “ machines “, des “pressoirs à sang”, qui peuvent représenter métaphoriquement les organes du corps humain en particulier “pressoirs à sang”,périphrase qui peut évoquer le coeur . Les “moulins” sont peut être les organes qui “tournent” alimentés par la pression sanguine.
Le poète semble ensuite se laisser emporter par le monde industriel des comparés qui filent la métaphore du morceau de viande - usine : “Tubulures” ( “Cuves” rassemblés par un effet d'assonance, qui sont des éléments passifs s’opposent à des machines plus actives ) en particulier. “ marteaux-pilons” et “haut fourneaux”, qui sont évoqués dans la droite ligne des “moulins” et des “pressoirs à sang” : tous ces objets sont mécaniques, solides, et nous pouvons les associer au thème de la transformation qui parcourt tout le texte. Est-ce la transformation poétique elle-même qui est évoquée ? Après la plongée dans ce monde industriel de l'usine, on revient à la fin de l'énumération à un signifiant qui évoque à nouveau plus directement le point de départ du poème “coussins de graisse”, formations qui sont peut-être visibles à la surface du steak. On note cependant l'association inattendue entre « coussin », objets ultra-transformés qui évoquent le monde du mobilier et de la décoration et « graisse », qui évoque l'organique. Le poète avait déjà associé le plastique et le faire « cuve », « tubulure », « hauts-fourneaux » avec la viande, ce qui traduit une volonté d'étonner le lecteur en créant des dissonances.
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