On peut se demander comment Mme De Sévigné, maitrise si bien l’art de raconter les mœurs de son époque ?

Madame de Sévigné, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné est connue pour la correspondance qu’elle entretient avec sa fille, Madame de Grignan, qui réside en Provence, Madame de Sévigné est un témoin privilégié de la vie mondaine de l’époque. Elle épouse un marquis, Henri de Sévigné, un jeune noble d’origine bretonne, beau mais aussi infidèle qu’agressif. Madame de Sévigné fréquente les salons, et notamment celui de Rambouillet, où elle côtoie un certain nombre de grands noms : Madame de Lafayette, La Rochefoucauld, le cardinal de Retz, Fouquet… Ses nombreuses lettres (près de mille quatre cents) relatent les anecdotes de la vie de la cour du XVII ème siècle dans un style vif et piquant. Cette lettre que l'on va aborder avec un peu plus de détail fait partie de son œuvre Lettre de Mme de Sévigné (1726) et est destinée à M. de Pomponne, écrite le 1er décembre 1664. Mme De Sévigné raconte une « petite historiette » au sujet du roi Louis XIV, qui taquine un courtisan. Le roi lui demande son opinion au sujet d'un poème d'amour et le courtisan trouve le poème intéressant mais mal fait. Le roi avoue alors que c'est lui qui l'a écrit et le courtisan demande à relire le poème pour donner un nouvel avis. Elle propose donc une anecdote illustrant l'état d’esprit qui règne dans l’entourage de Louis XIV, Celle-ci est vue sous la forme d’un récit et d’un dialogue qui permettent de raconter une petite scène très rapide et comique à la fois de la vie mondaine de l’époque. L'intérêt de cette lettre adressée au roi est de mettre à l'épreuve ses courtisans..

On peut se demander comment Mme De Sévigné, maitrise si bien l’ art de raconter les mœurs de son époque ?

Nous verrons dans un premier temps l’art de raconter de Mme De Sévigné puis dans un second temps ce qui fait de cette œuvre un apologue efficace sous forme de lettre.

Tout d’abord la lettre écrite par Mme de Sévigné témoigne ici de sa maîtrise de l’art littéraire Elle construit rigoureusement son texte,

Il s'agit d'un texte épistolaire. il y a un destinateur (Mme de Sévigné), elle parle à la première personne du singulier avec « Je » ou le pronom moi , elle écrit à un destinataire précis (M. de Pomponne) désigné par vous. Il y a des indications de temps et de lieu, l’histoire racontée se passe à Paris le 1er décembre 1664 à la cour du Roi, ce n’est pas un huis clos Le style est affirmatif « il faut » et utilise l’impératif pour convaincre. Elle s’adresse à une connaissance. Le verbe « conter », le groupe nominal une petite historiette annonce l'orientation narrative de la lettre, mais suggère un second objectif qui est de faire rire, de divertir. Le style est vif et vivant par l’utilisation du présent et en fait un discours direct « MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il s'y faut prendre.»).

Toutefois, c’est aussi un récit relatant un événement qui s'est réellement déroulé à la cour. Madame de Sévigné décrit une situation initiale évoluant dans le temps « l'autre jour » ligne 3 « un matin » ligne 4, « après avoir lu » ligne 7, jusqu'à une situation finale à la ligne 15 marquée par la fin du dialogue. L'évolution est aussi soulignée par le passage du passé simple au présent « Il fit » ligne 3 « il dit » ligne 4, et par les personnages en action.

La lettre est ainsi constituée d’un dialogue auquel correspond une brève intrigue qui aboutit à une chute. elle narre à son ami à la manière d'une comédie de théâtre . La première phrase assure une fonction d'introduction visant à captiver le destinataire de la lettre. Les phrases suivantes « Le Roi se mêle », il dit au maréchal de Gramont » mettent en place des éléments, les personnages et les circonstances, avec des sous-entendus, l’idée que le Roi a un nouveau passe-temps et des professeurs pour lui enseigner la manière de composer des vers, qui fonctionnent comme des

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