Montesquieu, Les lettres persanes, lettre 99 (1721).
Commentaire de texte : Montesquieu, Les lettres persanes, lettre 99 (1721).. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Corentin 72 • 26 Juin 2022 • Commentaire de texte • 1 126 Mots (5 Pages) • 749 Vues
Montesquieu, Les lettres persanes, lettre 99 (1721).
I. La mode vue par un étranger qui s’étonne (l. 1-12)
l. 1 : Première phrase exprime l’étonnement avec énergie = adjectif « étonnants » en position d’attribut du COD rejeté en fin de phrase où il se trouve mis en valeur. Utilisation du substantif « caprices » = véritable sujet de la lettre, « la mode » n’est que complément du nom. Donc sujet du texte est le « caprice » = enthousiasmes passagers, changements brusques de l’humeur = instabilité dont la mode est un symptôme.
l. 2-4 : Deuxième phrase se compose en trois temps : deux propositions interrogatives indirectes qui soulignent le côté amnésique et futile des français grâce à une belle antithèse (été/hiver) et aux verbes « oublier » et « ignorer ». La troisième partie de la phrase propose une surenchère dans la surprise éprouvée par Rica. Surprise soulignée par la tournure négative de la principale (« on ne saurait croire ») et l’irruption du thème de l’argent (« combien il en coûte »). Étonnement de Rica = inconséquence des français qui dépensent beaucoup d’argent pour une chose futile qu’ils oublient aussitôt. Sociologie de la mode selon Montesquieu ici : le pouvoir et l’autorité du mari sur sa femme implique en retour qu’il se ruine pour la « mettre à la mode ». Cela ne peut qu’étonner un Persan dont les femmes sont dans un Sérail et ne se montrent pas.
l. 5-7 : La prétérition qui suit (l. 5) permet à Rica de déplacer l’attention du lecteur qui s’attend à une description de la mode elle-même. La proposition interrogative l. 5-6 met en question la possibilité de décrire avec précision la mode, car le but de Rica est d’introduire le thème de la vitesse vertigineuse de ses changements (thème du caprice). Ce vertige est mis en valeur par le verbe « détruire » et la proposition subordonnée circonstancielle de temps suivie de sa principale (« avant que tu eusses reçu ma lettre, tout serait changé »). La phrase (l. 5-6) insiste sur le pouvoir de destruction de la mode : détruit la lettre en train de s’écrire, détruit le travail des ouvriers, détruit le cours naturel du temps et impose une temporalité folle.
l. 8-12 : Dans ce paragraphe = argumentation par l’exemple pour montrer les effets de la rapidité de la mode. Rica utilise 2 exemples pour illustrer sa thèse : la mode est versatile et induit le désordre dans la perception du temps. Premier exemple = anecdote à valeur générale. « Une femme » = déterminant indéfini, il peut s’agir de n’importe quelle femme. Utilisation du présent, à la fois de narration et de vérité générale. « Antique » et « oubliée trente ans » = hyperboles qui permettent d’illustrer le dérèglement dans la perception du temps. Tonalité satirique et comique grâce à l’opposition « six mois »/ « trente ans ». Deuxième exemple = dérèglement de la perception de l’identité des gens : « le fils méconnaît le portrait de sa mère » = la fulgurance de la mode perturbe la reconnaissance au sein de la famille si elle n’est plus suivie, ou si le portrait est ancien. Le mot « étranger » a ici une valeur forte = l’identité est associée à la mode, au paraître, et non plus à l’être.
La fin de la phrase amplifie la valeur comique de l’anecdote avec le mot « Américaine » (l’étranger absolu, lointain au XVIIIe siècle). « Fantaisies » du peintre = imagination débordante qui représente une chose impossible (fantaisiste) alors qu’il s’agit juste d’une mode périmée.
On voit donc que pour faire
...