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Molière affirme « Le théâtre n’est fait que pour être vu ». Commentez cette affirmation

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Par   •  2 Mars 2016  •  Dissertation  •  1 684 Mots (7 Pages)  •  11 976 Vues

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Sujet 1 : Molière affirme « Le théâtre n’est fait que pour être vu ». Commentez cette affirmation

«Tout est langage au théâtre, les mots, les gestes, les objets. Il n’y a pas que la parole», disait Eugène Ionesco. Mais déjà avant lui, de nombreux dramaturges antérieurs au XVIIIème siècle pensaient que le théâtre avait pour principale fonction d’être un spectacle visuel. Trop souvent, l’étude d’une œuvre dramatique occulte un de ses aspects essentiels : la représentation ; et cependant Molière prévient déjà : « le théâtre n’est fait que pour être vu » ; la tournure restrictive insiste sur l’importance fondamentale du spectacle dans le théâtre. Si à l’origine celui-ci doit en effet donner à voir, l’on peut se demander si la seule approche visuelle permet une appréhension suffisante de certains textes. L’enjeu sera donc de cerner la principale visée du théâtre, puis de comprendre que la complexité d’une œuvre est plus propice à une approche littéraire.

Déjà par son étymologie grecque theastai, qui signifie « lieu où l’on regarde » comme par son histoire, le théâtre montre qu’il est d’abord conçu comme un spectacle.

Tout d’abord, au cours du XVIème siècle, les dramaturges montrent l’importance qu’ils accordent au jeu visuel. En effet le spectateur comprend qu’une pièce peut exister sans écriture, uniquement par le jeu des comédiens. C’est ainsi que dans la Commedia dell’arte les acteurs jouaient sur un canevas, et improvisaient à chaque représentation à partir d’une trame et grâce à des dialogues « passe partout » qu’ils apprenaient par cœur. De plus il était fréquent de les voir faire des acrobaties et autres figures spectaculaires : les « lazzis ». Les intrigues étaient rudimentaires et le dialogue secondaire. L’essentiel de ces scènes repose donc sur la représentation, et le peu de trace qu’il nous reste aujourd’hui de ces pièces vient du caractère d’improvisation des acteurs qui ne laissait aucun écrit. Cela rend compte de la prépondérance du visuel sur le dialogue.

De plus, l’origine de l’inspiration des auteurs est un point important. En effet les auteurs dramatiques écrivaient souvent en pensant à une représentation de la pièce et à l’impact que tel ou tel geste peut avoir sur le spectateur. Vient particulièrement à l’esprit Molière qui écrivait ses pièces en fonction des comédiens de sa troupe. Le dramaturge déterminait et écrivait les rôles en pensant aux acteurs précis qui pourraient les jouer. C’est ainsi que Molière écrivit nombre de comédies de caractère telles que Le Malade Imaginaire, Le Misanthrope ou encore L’Avare dans lesquelles il met en scène un personnage avec un trait de caractère particulier qui les oppose aux autres personnages en ayant en tête les acteurs de sa troupe et leur propre caractère. Ainsi le dynamisme de l’actrice qui jouait le personnage de Toinette par exemple lui inspira certaines répliques. Il est donc primordial pour un dramaturge de penser aux représentations lors de la composition d’une œuvre.

Enfin, il est important de mentionner que l’écriture théâtrale crée des personnages, une situation : dans cette perspective, les dialogues, comme les didascalies, suggèrent à la fois une mise en scène et l’incarnation des personnages dans les acteurs : c’est l’illusion théâtrale. Par exemple le mouvement dans le théâtre de Marivaux, n’existe que par la représentation. Aussi dans La Dame de Chez Maxim de Feydeau, le mouvement et les accessoires prennent vie grâce à la représentation. En effet l’auteur mentionne les nombreux mouvements par le biais des didascalies : « Madame Petypon, étonnée, se retourne vers son mari, puis traversant la scène en riant. […] Brusquement, de la main droite, lui saisissant le poignet gauche. […] Madame Petypon, résistant, bien qu'entraînée par Petypon. […] Petypon la tirant vers la droite. […] Il imprime une secousse du poignet au bras de sa femme qui se trouve ainsi lancée, juste pour aller virevolter autour de la chaise sur laquelle sont les vêtements de la Môme. ». (Scène 5) On comprend alors l’importance des indications scéniques dans ces œuvres et la facilité qu’elles ont à être vues plutôt qu’à être imaginées.

On perçoit donc mieux l’importance de la représentation et de la dimension visuelle du théâtre, tant sur le plan de la rédaction pour les auteurs que sur le plan plaisant pour les spectateurs.

Néanmoins, la seule approche visuelle ne rend peut-être pas compte de la complexité de l’œuvre dramatique.

Tout d’abord, on sait que si le déroulement du spectacle n’autorise pas à revenir en arrière, la lecture seule de la pièce peut permettre d’approfondir certains points parfois difficiles à comprendre par le spectateur. En effet, le fait de réactions psychologiques intérieures compliquées, difficiles à mettre en scène, ou bien d’un vocabulaire spécifique

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