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Madame de La Fayette / La princesse de Clèves

Fiche : Madame de La Fayette / La princesse de Clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Juin 2022  •  Fiche  •  3 752 Mots (16 Pages)  •  377 Vues

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Scène de l'aveu

Madame de La Fayette, auteur du XVII° siècle, du Classicisme (1634-1694) est entrée dans l’aristocratie par son mariage avec le comte de La Fayette. A Paris, elle tient salon à partir de 1660. Elle fréquente des intellectuels et des écrivains. En collaboration avec Ménage, elle écrit d’abord une nouvelle historique La Princesse de Montpensiger (1662), mais sa gloire est surtout associée au roman La Princesse de Clèves (1678), considéré comme un chef d’œuvre de la littérature classique et le modèle du roman d’analyse psychologique, dont nous nous proposons d’analyser maintenant un extrait.

Le roman de Mme de La Fayette s’ouvre sur un tableau de la cour de France, dans un contexte historique donc : « dans les dernières années du règne de Henri second ».  Dans les premières pages du roman, l’auteur présente donc, sur cette brillante toile de fond, les portraits des Grands du Royaume, tous plus remarquables les uns que les autres pour la beauté, l’esprit, le goût, le mérite : « Jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes. »

contexte : cet episode raconte une scène d'adieu tres touchante entre mme de chartres et sa fille la princesse , cette mort est un motif important dans la conduite de l'intrigue car madame de chartres previent sa fille d'un danger qu'elle a su percevoir:l'attirance de sa fille pour le duc de nemours met en péril la vertu de la jeune femme

Pro blématique -  Pourquoi l’aveu échoue-t’il ?

Annonce du plan

- Nous verrons dans un premier temps  que la princesse exprime son refus de retourner à Paris et les deux personnages tournent autour du vrai sujet.

Puis comment les débuts des soupçons de M. de Clèves transforment cet échange en interrogatoire et enfin en quoi Mme de Clèves fait un aveu qui s’avère incomplet et faux.

1-Tout d’abord, analysons l’art de ne pas s’expliquer, le non dit dans le premier mouvement de la ligne 1 à 10

 - Dé le début la scène de conversation privée entre M. de Clèves et sa femme est observée par ce « il » (l.1), M. de Nemours. En effet, l’ensemble du dialogue direct est en fait en focalisation interne, depuis le point de vue du Duc, qui est caché.

- Néanmoins, très vite la présence du duc est oubliée pour se concentrer sur leur échange. On remarque que La Fayette souhaite insister sur leurs paroles. À chaque fois, un verbe de parole introducteur en incise précise qui parle « répondit-elle » (l. 4), « répliqua-t-il » (l. 6), « reprit-elle » (l. 8), « s’écria M. de Clèves » (l. 11). Puis, la narration prend le dessus et propose un discours narrativisé avec des répétitions et des silences (de la l. 12 à la l. 14). Le dialogue reprend toujours au discours direct avec de nouvelles incises « lui dit-elle » (l. 14), « s’écria M. de Clèves » (l. 17). La narration reprend pour commenter un silence et entrer dans la tête du mari (l. 18,19). Enfin, on note une troisième fois l’emploi du discours direct qui commence à une courte réplique du mari, et la princesse répond en une tirade de 8 lignes (l. 19-27) (« lui répondit-elle » l. 19).

- Par ailleurs, la princesse à longuement médité la nécessité d’avouer sa passion à son mari mais ici on remarque que ce n’est pas exactement ce qui se passe car elle ne guide pas la conversation, ne débute pas les échanges et ce manque de prise en main de l’aveu est traduit à travers les silences qui sont également de son côté.

- D’autre part l’émotivité dans l’extrait semble être du côté du mari qui souffre.

• Grâce à cette répartition de la parole la romancière parvient à souligner que cet aveu est difficile.

- Les deux questions que pose M. de Clèves (l.1) glissent de la recherche d’une cause « pourquoi » à la recherche d’une identité « qui » (l.1). Il note le caractère déprimé de son épouse, qui est traduit avec un lexique de la tristesse « solitude », « triste », « affliction » (l. 2,3). Il est empathique, ce qu’il exprime par la paire synonymique « qui m’étonne et qui m’afflige » (l. 2) et le polyptote « afflige »/ « affliction » (l. 2,3). Cette empathie et cette émotivité illustrent de nouveau son amour pour sa femme. De plus, la narration donne une dimension théâtrale à cette conversation. Ce ne sont pas seulement des voix qui parlent mais aussi des corps qui expriment = les non-dits, comme s’il s’agissait de didascalies, « avec un air embarrassé » (l. 4). On déduit que Madame de La Fayette nous donne dans le roman des leçons de communication sur le verbal et le non-verbal.

- La princesse évoque le « repos » qu’elle oppose en antithèse au « tumulte de la cour » qu’elle hyperbolise par des intensifs « si grand » « un si grand nombre » (l. 4,5). En outre, le prince de Clèves comprend que ce n’est pas la réelle raison car il connait sa femme et désigne sa jeunesse et sa personnalité sociable de manière périphrastique : « une personne de votre âge » (l. 6) « d’une sorte à ne vous pas donner de lassitude » (l. 7)

2-La Fayette transforme cette scène en un interrogatoire de la ligne 10 à 19

La conversation devient progressivement un interrogatoire car l’émotion du mari monte. Interjection, exclamation, ton de la voix, verbes forts qui expriment de la violence « je vous conjure », « il la pressa longtemps », « se fut défendue » « ne me contraignez point » (l. 12-14).

- Par conséquent Madame de Clèves crée un aveu vide. Elle en dit trop mais pas assez en même temps« Ne me contraignez point […] à vous avouer une chose que je n’ai pas la force de vous avouer » (l. 14,15). Cette phrase tautologique qui tourne autour d’« une chose » angoisse le mari et il veut en savoir plus. C’est pour cela que moins la princesse dit, plus elle amplifie l’inquiètude de M.de Clèves « la prudence ne veut pas qu’une femme de mon âge, et maîtresse de sa conduite, demeure exposée au milieu de la cour » (l. 16,17).

- On voit donc comment la princesse se ment à elle-même et à son mari. Si elle était si maîtresse d’elle-même aurait-elle besoin de cette stratégie de fuite et de l’aveu ? On voit donc comment un aveu assumé et réfléchi, devient un aveu subi et comment prétendre être honnête et vertueuse masque en fait de la mauvaise foi et des mensonges.

 3-Remise en question de l' aveu à la fin du texte de la ligne 19 à 27

La princesse interrompt ce déni grâce à une interjection « Hé bien ! » et annonce : « je vais vous faire un aveu que l’on n’a jamais fait à son mari » (l. 20) afin de faire un acte héroïque alors que juste auparavant elle a montré qu’elle n’était pas maîtresse d’elle-même. Elle appelle aveu, ce qui est en fait une confession, elle est agenouillée (l. 20) et elle se proclame innocente alors qu’à l’évidence, elle se sent coupable.

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