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Les animaux malades de la peste, analyse - J. de la Fontaine

Commentaire de texte : Les animaux malades de la peste, analyse - J. de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  840 Mots (4 Pages)  •  1 362 Vues

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̓bac orale 06̈́

Les animaux malades  de la peste

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes  de la terre,

La Peste [puisqu'il faut l'appeler  par son nom]

Capable d'enrichir en un  jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous,  mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante  vie ;

Nul mets n'excitait leur envie  ;

Ni Loups ni Renards n'épiaient

La douce et l'innocente  proie.

Les Tourterelles se fuyaient :

Plus d'amour, partant plus de joie.

Le Lion tint conseil, et dit  : Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune  ;

Que le plus coupable de  nous

Se sacrifie aux traits du  céleste courroux,

Peut-être il obtiendra la  guérison commune.

L'histoire nous apprend  qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements  :

Ne nous flattons donc point  ; voyons sans indulgence

L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes  appétits gloutons

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait ?  Nulle offense :

Même il m'est arrivé quelquefois  de manger

Le Berger.

Je me dévouerai donc,  s'il le faut ; mais je pense

Qu'il est bon que chacun  s'accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon  toute justice

Que le plus coupable périsse.

- Sire, dit le Renard, vous  êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop  de délicatesse ;


 

Et bien, manger moutons,  canaille, sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non,  non. Vous leur fîtes Seigneur

En les croquant beaucoup  d'honneur.

Et quant au Berger l'on  peut dire

Qu'il était digne de tous  maux,

Etant de ces gens-là qui  sur les animaux

Se font un chimérique empire.

Ainsi dit le Renard, et flatteurs  d'applaudir.

On n'osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres  puissances,

Les moins pardonnables  offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu'aux  simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient  de petits saints.

L'Ane vint à son tour et  dit : J'ai souvenance

Qu'en un pré de Moines  passant,

La faim, l'occasion, l'herbe  tendre, et je pense

Quelque diable aussi me  poussant,

Je tondis de ce pré la largeur  de ma langue.

Je n'en avais nul droit, puisqu'il  faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc  prouva par sa harangue

Qu'il fallait dévouer ce maudit  animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où  venait tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un  cas pendable.

Manger l'herbe d'autrui  ! quel crime abominable !

Rien que la mort n'était  capable

D'expier son forfait : on  le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant  ou misérable,

Les jugements de cour  vous rendront blanc ou noir.

؇Jean de La Fontaine

...

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