Analyse de texte : Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste
Commentaire de texte : Analyse de texte : Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar JeanB-Fr-AC-lyon • 26 Avril 2021 • Commentaire de texte • 3 345 Mots (14 Pages) • 1 073 Vues
Jean BoulocCours de littérature 1ère – LGI Ferney-Voltaire07-04-2021
Analyse de texte :
Jean de La Fontaine
Les Animaux malades de la peste
Méthode : L’analyse proposée ici n’est pas, au sens strict, une explication linéaire : si elle étudie en détail l’intégralité des vers de la fable, et d’une manière qui suit son déroulement du début à la fin, nous avons choisi de problématiser cette étude en quatre parties, qui sont autant d’axes d’études appliqués à la fable.
Le but est d’insister sur l’importance de la problématisation, et de montrer que les parties de l’analyse sont des réponses à des questions, qui doivent conduire à l’interprétation du texte, et non pas seulement une suite de commentaires pour chaque vers, décroché du sens général du texte.
Avant de commencer l’analyse, une explication de compréhension est proposée, au moyen de définitions et de précisions sur la majorité des termes et locutions anciennes ou complexes.
Compréhension
« le Ciel » vers 2 : Dieu, l’autorité divine.
« les crimes de la terre » v. 3 : les mauvaises actions des hommes, de la société.
« l’Achéron » v. 5 : fleuve réel et mythologique. Dans la mythologie grecque, il servait de passage du monde des vivants vers le monde des morts.
« Nul mets n’excitait leur envie » v. 10 : aliment préparé qui entre dans la composition d’un repas → ici ; quelque chose qui se mange.
« partant » v. 14 : ici ; « par conséquent », exprime la conséquence.
« péchés » v. 17 : ici ; crimes, mauvaises actions ayant des conséquences par rapport à Dieu.
« céleste courroux » v. 19 : ici ; littéralement « colère divine ».
« accidents » v. 21 : mésaventure, fait inattendu. Ici ; circonstances.
« dévouements » v. 22 : fait de se sacrifier à la colère divine pour éloigner le danger portant sur tous.
→ dévotion : attachement aux pratiques religieuses, culte rendu à un lieu ou une personne sacrée.
« flattons (…), voyons sans indulgence » v. 23 = ne nous voyons pas meilleurs que nous sommes, examinons nos actions de manière critique.
« offense » v. 23 : affront, outrage.
« s’accuse ainsi que moi » v. 31 : énonce ses crimes, ses mauvaises actions.
« maux » v. 40 : pluriel de « mal ».
« chimérique » v. 42 → de « chimère » ; animal mythologique, par extension : illusion, pensée imaginaire.
« empire » v. 42 : emprise, autorité, domination de quelqu’un sur quelque chose.
« et flatteurs d’applaudir » v. 43 → les flatteurs applaudissent.
« querelleurs » v. 47 : qui a tendance à chercher, à provoquer des querelles (des altercations, conflits) .
« passant » v. 50 : participe présent du verbe « passer » → en passant dans un pré de moines.
Crier haro sur (v. 55 ) = s’indigner contre quelque chose ou quelqu’un.
« baudet » (familier) v. 55 : âne mâle.
« harangue » v. 56 : discours prononcé en public → sermon, plaidoyer.
« Rien que la mort » v. 61 = Rien d’autre que la mort.
« Forfait » 62 : crime.
Analyse détaillée
Problématique générale :
Quel message Jean de La Fontaine cherche-t-il à transmettre à son lecteur au moyen de la fable et par quels procédés ?
La forme générale
Un long récit de 64 vers, présentant des personnages, est suivi d’une moralité dans les deux derniers vers, où la parole du fabuliste explicite l’histoire racontée.
I - Une situation initiale désespérée
Problématiques :
Comment l’auteur présente-t-il la peste dans la fable ?
Par quels procédés met-il en valeur la gravité de la situation ?
Les animaux sont en proie à la peste. L’épidémie est d’abord désignée sous le terme équivoque « mal » (v.1 et 2), avant d’être finalement nommée au vers 3. L’effet d’attente, ajouté à la force du mot « terreur », et au caractère équivoque du mot « Mal » (il peut recouvrir toutes sortes de catastrophes), donne de la force et ajoute du spectaculaire à la révélation de la nature de ce mal. La parenthèse « puisqu’il faut l’appeler par son nom » confirme le statut terrible de l’épidémie ; cette formule donne le sentiment que l’auteur aurait préféré s’abstenir de nommer la maladie, comme si le fait d’énoncer son nom représentait une menace.
La dérivation du nom commun au nom propre, au moyen d’une majuscule (« La Peste »), ainsi que le verbe « faisait » au vers 6, achève la personnification de l’épidémie, lui conférant une certaine autonomie, une volonté propre.
L’auteur insiste sur le caractère pernicieux de l’épidémie : aucun animal de la communauté n’est épargné, comme le soulignent :
- Le chiasme du vers 7 : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »
- L’oxymore du vers 9 : « le soutien d’une mourante vie »
- La répétition de la négation « ni » vers 11 : « Ni Loups ni Renards n’épiaient »
- Les négations des vers 8 à 14 : « n’en voyait point », « Nuls mets »
- L’énumération des animaux touchés « Loups », « Renards », v.11 « Tourterelles » v.13
Le symbolisme attaché aux animaux achève de dramatiser la situation : les prédateurs loups et renards ne s’intéressent même plus à la chasse, qui est pourtant leur instinct premier, et les tourterelles, symbole de complicité amoureuse, se séparent. Tout va au plus mal.
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