Les acteurs de bonne foi, Marivaux (1755)
Commentaire de texte : Les acteurs de bonne foi, Marivaux (1755). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Milena Bsl • 30 Septembre 2017 • Commentaire de texte • 1 325 Mots (6 Pages) • 2 512 Vues
Les acteurs de bonne foi, Marivaux (1755)
Marivaux (1688-1763)
- Des comédies sentimentales : le Jeu de l’amour et du hasard (1730) Les Fausses Confidences (1737)
- Des comédies à tendance sociale : L’île des esclaves (1725) La Nouvelle Colonie (1729)
- élu à l’académie française en 1742
- Le marivaudage : décrit d’abord l’attitude subtile, délicate et recherchée dans le domaine du jeu amoureux. Désigne aussi une certaine recherche de style dans l’analyse et l’expression de sentiments.
Introduction : Les Acteurs de bonne foi est une pièce de Marivaux (1688-1763), écrite en 1748 donc assez tardivement, qui ne comporte qu’un seul acte découpé en 13 scènes. L'auteur était issu de la bourgeoisie mais a perdu son argent, c'est pourquoi il fait toujours allusion à l'argent dans ses oeuvres. Marivaux fit jouer les Acteurs de bonne foi au Théâtre-Français en 1755, mais la pièce ne réussit pas. Elle fut publiée pour la première fois dans le Conservateur de novembre 1757. Dans cette pièce, qui est la dernière que l’auteur ait fait jouer sur un grand théâtre, la scène de comédie est rapidement détournée et donne lieu à une confusion entre la situation réelle et la scène jouée. Cette mise en abyme révèle l’importance de l’illusion théâtrale.
Dans cette scène, Merlin, qui fait répéter la comédie qu’il a imaginée, se présente à la fois comme un acteur et comme metteur en scène parfaitement maître de son jeu, du jeu de ses comédiens et des réactions de son public.
Problématique : Dans quelle mesure cette scène justifie-t-elle le titre de la pièce Les Acteurs de bonne foi ?
I - Une maîtrise inégale du jeu/ un jeu totalement dominé par son metteur en scène Merlin
- De l'interpellation paternaliste ma belle enfant à la maîtrise du langage et du code du badinage amoureux cf. parallélisme (je suis bien aise/je suis charmé) = Merlin joue son rôle à la perfectionC’est un rôle double et ambigu : il est à la fois le séducteur et le metteur en scène. Dans les deux situations, il domine ses acteurs, et en particulier Colette.
- Ainsi sa reprise de pouvoir avec l'adverbe "doucement" qui stoppe Colette dans son élan lorsqu’elle ne respecte plus le script qu’il avait en tête.
- Plus ferme encore avec l'impératif "attendez" = c'est bien Merlin qui dirige. Impératif que nous retrouvons à la fin de l'extrait lorsque Merlin relance la répétition "continuons"
Tous ces éléments montrent que Merlin assume le rôle du metteur en scène avec une certaine condescendance toutefois. Cf « ma belle enfant ».
- Cette condescendance se retrouve aussi dans la manière dont il va excuser la maladresse de son actrice, « elle ne savait pas mieux faire » dit-il, une excuse qui renforce aussi l’apparente inexpérience de Colette à jouer la comédie.
- Le fait qu’il qualifie d’ailleurs les deux spectateurs que sont Blaise et Lisette d’ « innocents » ne fait que refléter sa capacité à dominer ce jeu de rôle.
- Reste un élément troublant : sa justification des paroles de Colette suppose qu’elle ne maîtrise ni ses paroles ni son jeu, et donc qu’elle ne joue pas forcément quand elle avoue l’aimer.
Ainsi, l'attitude de Merlin souligne-t-elle à la fois le fait que nous soyons en présence d’ acteurs inexpérimentés qu'il dirige avec finesse, acteurs "de bonne foi » mais aussi de personnes ingénues qui restent ce qu’elles sont et dont les paroles peuvent alors être entendues dans leur sens littéral. Le jeu théâtral auquel elles se livrent est tout à la fois naturel et ambigu.
II- Un jeu naturel mais ambigu
- Du côté des acteurs, les premières répliques de Colette montrent qu'elle entre facilement dans le jeu proposé par Merlin. Les adverbes "non" "oui" ne lui servent pas à affirmer ou à s’opposer mais seulement à reprendre les déclarations de Merlin = elle suit avec naturel et simplicité le jeu qu'il développe.
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