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Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo

Commentaire de texte : Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 530 Mots (7 Pages)  •  1 654 Vues

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Victor Hugo écrit Les Travailleurs de la mer en 1866, alors qu’il est en exil à

Guernesey. L’univers des îles anglo-normandes lui inspire ce roman romantique qui met en

scène plusieurs personnages liés à l’océan. L’un d’eux, Clubin, est capitaine d’un bateau. Pour

son propre intérêt il a trompé tout le monde et organisé le naufrage de son navire, et,

satisfait, contemple son œuvre. Le texte présente le portrait de Clubin en ce moment

triomphal : Hugo montre ainsi la complexité et les paradoxes de l’hypocrisie qui transforme

les êtres en monstres. Il fait du personnage de Clubin un portrait contradictoire qui permet

une dénonciation de l’hypocrisie.

Le portrait de Clubin commence par un paradoxe : la première phrase est construite

sur l’opposition de l’adjectif « naufragée » et du participe présent « savourant ». Le

personnage éprouve du plaisir dans une situation douloureuse. Tout le texte est ensuite

construit sur la figure de l’antithèse. En effet, Hugo associe de très nombreux termes

opposés : « mal/probité » (l 3/4), « homme de bien /bandit » (l 6/7), « droiture/crime » (l

11), « mordre/baiser » (l 15). On peut également noter l’utilisation de l’oxymore « pirate

doucereux » (l 7) et l’apposition finale « titan, nain ». Ces antithèses révèlent la

contradiction intrinsèque du personnage. Il semble fait d’éléments impossibles à associer :

Hugo oppose en effet le champ lexical du bien à celui du mal, la douceur à la violence, le

blanc au noir (« noir/candeur » l 20/21). Ces contradictions s’expliquent par le fait que

Clubin joue un rôle.

On peut en effet opposer ce qu’il est à ce qu’il paraît être. De la ligne 15 à la ligne 25

une énumération de verbes à l’infinitif présente les actions du personnage. On remarque que

ces verbes révèlent le contrôle qu’il exerce sur lui-même (« se guetter, veiller », l 22/24)

mais montrent aussi qu’il a construit son personnage : « faire illusion, donner bonne mine, se

fabriquer, veiller sur la rondeur de son geste et la musique de sa voix » (l 20/25). Ces verbes

évoquent l’univers du théâtre ; toutes les actions de Clubin sont jouées. Il y a d’ailleurs de

nombreux verbes pronominaux (« se retenir, se réprimer, se guetter, se fabriquer » l 21/24)

qui indiquent que Clubin agit sur lui-même. Hugo utilise de plus des termes comme

« armature, apparence, boîte, au-dessous » (l 5/8) qui révèlent que le personnage est double,

qu’il porte un masque. Il s’agit d’ailleurs de la définition même de l’hypocrite : celui qui porte

un masque. Cette duplicité représentée par la métaphore macabre de la « boîte de momie »

semble être un poids terrible.

Clubin est un homme qui souffre. Le verbe « peser » à la ligne 3 est suivi par une

série de mots évoquant la pesanteur, l’étouffement : « armature, prisonnier, enfermé,

écrasants, surchargé, dur, labeur, endurer, étouffe ». on comprend donc que l’exercice de

l’hypocrisie est épuisant, cruel. Le portrait de Clubin est donc à nouveau contradictoire : ce

personnage joue un rôle qui le torture, on remarque d’ailleurs à la ligne 17 le mot

« supplice ». Les sonorités du texte font elles aussi ressentir cette douleur : on peut

observer par exemple à la ligne 13 l’expression « sourire ses grincements de dents », dans

laquelle les sonorités en S et en R évoquent le bruit et la torture du « grincement ». L’image

de la bouche de Clubin revient d’ailleurs souvent dans le texte, toujours de manière

violente : « mordre (l 14 et l 15), vomir (l 30), ravaler cette salive (l 30) ». Cette souffrance

est, de plus, rendue plus cruelle par sa durée. On peut relever une série d’adverbes ou

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d’expression se rapportant à un temps très long : « trente ans, depuis qu’…, toujours,

continuellement ( deux fois) ». La formule de la ligne 25 : « rien n’est plus/rien n’est plus »

montre par sa répétition la violence de la douleur de Clubin, d’autant plus qu’il s’agit d’un

alexandrin ce qui renforce la structure en parallèle de la proposition. Hugo présente donc un

personnage divisé, caractérisé par la figure de l’antithèse. Son triomphe même, traduit par sa

posture, bras croisés sur le bateau, est paradoxal puisqu’il s’agit d’un naufrage. Cette

contradiction semble essentielle pour comprendre ce personnage d’hypocrite qui apparaît

comme l’incarnation de l’hypocrisie.

Le portrait de Clubin est en effet un moyen pour Hugo de dénoncer ce

comportement et la description du personnage est en fait un discours général sur

l’hypocrisie. On le constate tout d’abord en observant la structure du texte : au début du

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