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Les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar

Dissertation : Les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Mars 2021  •  Dissertation  •  2 325 Mots (10 Pages)  •  2 529 Vues

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    Le roman est un genre littéraire qui désigne un récit fictif plus ou moins long rédigé en prose. Il présente comme réels des personnages fictifs et les fait vivre dans un cadre spatio-temporel précis. Il les décrit, montre leur psychologie et relate les aventures.

    En effet, Les Mémoires d’Hadrien sont présentées comme une longue lettre adressée à la fin de sa vie par l’empereur à son petit fils adoptif Marc Aurèle qui deviendra à son tour empereur. Il souhaite se livrer à une étude de lui-même et « donner audience à ses souvenirs » (p. 29). Il a donc pour objectif de se connaître et de se comprendre. Or, cette lettre n’a jamais été réellement écrite par Hadrien. Marguerite Yourcenar, l’auteur de cette œuvre, est une romancière du XXème siècle. Elle a fait de nombreuses recherches pour se rapprocher le plus possible de la réalité et a essayé de ne pas trahir ce que l’Histoire a laissé. L’auteur, a donc mis 27 ans pour écrire cette œuvre qui a été publiée en 1951 et qui a été un grand succès.

    Nous pouvons alors nous demander dans quelles mesures Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar propose l’écriture de soi comme un moyen de se mettre à distance pour donner un sens à son existence.

    Premièrement, nous allons étudier comment Marguerite Yourcenar donne un sens à la vie de son personnage Hadrien puis nous verrons qu’en réalité l’auteur essaie de donner un sens à sa propre vie à travers celle de son personnage.

    Dans un premier temps, Marguerite Yourcenar donne un sens à la vie d’Hadrien grâce à l’écriture de soi. En effet, Les Mémoires d’Hadrien nous font penser à une réelle autobiographie que le personnage principal a fait de lui-même. Le récit de sa vie n’est pas écrit à la troisième personne du singulier mais à la première et elle lui est vraiment personnelle. Hadrien utilise le « je » tout au long de sa lettre mais insiste parfois sur lui comme dans le passage suivant : « J’ignore à quelles conclusions ce récit m’entraînera. Je compte sur cet examen des faits pour me définir, me juger peut-être, ou tout au moins pour me mieux me connaître avant de mourir » (p.29-30). Nous voyons que le personnage principal cherche réellement à se mettre en valeur puisqu’il utilise quatre fois la première personne du singulier en quatre lignes. L’antéposition du « me » dans « me mieux connaître » insiste une nouvelle fois sur l’importance que le personnage apporte à lui-même. Mais ce caractère égocentrique qu’a Hadrien montre que son projet, c’est-à-dire l’écriture de soi, permet la connaissance de soi. Malgré le fait qu’Hadrien ne soit pas le réel auteur de ce livre, il raconte sa propre histoire et nous fait part de ses émotions, de ses états psychiques et psychologiques. Il ne se met pas toujours en valeur puisqu’il nous raconte aussi bien ces bons que ces mauvais côtés dans le but de donner un sens à sa vie. Nous retrouvons également dans Les Mémoires d’Hadrien des récits d’enfances (p.39 à 46), des évocations à sa famille lorsque que l’empereur nous parle de son oncle mais il fait également référence à ses amours (p.194-195), à la vieillesse et à l’attente de la mort, ce qui témoigne d’une réelle écriture de soi. Ainsi, l’écriture de soi est donc un bon moyen pour Hadrien de se connaître et de donner un sens à son existence puisqu’il va chercher au plus profond de lui afin de se comprendre.

    De plus, dans sa lettre, Hadrien fait un bilan de sa vie pour essayer de mieux se comprendre et découvrir sa véritable identité. En effet, il qualifie son existence de « banale » comme nous le voyons dans le passage suivant : « Tantôt ma vie m’apparaît banale au point de ne pas valoir d’être, non seulement écrite, mais même un peu longuement contemplée, nullement plus importante, même à mes propres yeux, que celle du premier venu. Tantôt, elle me semble unique, et par là même sans valeur, inutile, presqu’impossible à réduire à l’expérience du commun des hommes ». Au début de cet extrait, Hadrien nous fait part de la banalité de sa vie ce qui montre qu’en réalité il est une personne comme les autres malgré le fait qu’il soit empereur. Il est agité par les élans et les passions qu’ils l’animent. Dans le livre de Marguerite Yourcenar, nous découvrons les nombreux visages adoptés successivement par le personnage d’Hadrien. Celui-ci ne masque pas les détails de son parcours politique, de son caractère ou encore de sa vie amoureuse et ne se met donc pas forcément en valeur. Il sait se montrer capable de patience, de douceur et de clairvoyance mais il peut également devenir dur et violent comme dans la phrase « je tournai en dérision ces fidélités passionnées qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel insulté rougit jusqu’au sang » (p.194). Dans ce passage, Hadrien se moque ouvertement de la personne qu’il aime : Antinoüs, ce qui témoigne de sa dureté. Nous le voyons également au moment où il s’en prend à son secrétaire, qu’il lui donne un coup en oubliant qu’il tient un poinçon pour écrire et lui crève un œil. Il lui arrive donc différents mouvements d’humeur comme tous les autres Hommes ce qui montre qu’il n’est pas unique. Notre identité n’est donc jamais uniforme : elle se compose de nombreuses facettes qui peuvent changer au cours de notre vie. Hadrien fait donc un bilan de sa vie en donnant au lecteur ses bons et ses mauvais côtés afin de se connaître lui-même et de donner un sens à son existence.

    Hadrien réalise lui-même que nous existons par le regard de l’autre. C’est ainsi qu’il observe, avec anxiété d’abord, puis avec sérénité, l’image que Rome renvoie de lui. Certains personnages recomposent le sens de son existence comme nous le voyons dans le passage suivant : « Arrien comme toujours a bien travaillé. Mais, cette fois, il fait plus : il m’offre un don nécessaire pour mourir en paix ; il me renvoie une image de ma vie telle que j’aurai voulu qu’elle fût. […] Vue par lui, l’aventure de mon existence prend un sens, s’organise comme dans un poème ». En effet, l’empereur accorde beaucoup d’importance au regard que les autres personnages lui portent car c’est ce qui lui permet de donner un sens à sa vie. Il existe donc grâce aux autres mais aussi pour les autres. En effet, tout au long de sa lettre Hadrien reste attaché à l’idée d’utilité qui revient de nombreuses fois avec l’adjectif « utile » comme nous le voyons ici : « D’admirables bonnes volontés se groupèrent autour de moi ; la petite troupe étroitement intégrée à laquelle je commandais avait la plus haute forme de vertu, la seule que je supporte encore : la ferme détermination d’être utile ». Il insiste donc sur un autre objectif qui est celui d’être utile pour les autres afin de renvoyer une bonne image de lui-même. Hadrien utilise donc le regard de l’autre pour se connaître et donner un sens à son existence puisque cela reflète l’image qu’il donne aux autres et donc l’image qu’il a de lui-même.

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