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Les Fleurs du Mal, Section Tableaux Parisiens, "Les petites vieilles" - Charles BAUDELAIRE

Commentaire de texte : Les Fleurs du Mal, Section Tableaux Parisiens, "Les petites vieilles" - Charles BAUDELAIRE. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Février 2017  •  Commentaire de texte  •  1 796 Mots (8 Pages)  •  3 186 Vues

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Charles Baudelaire, « Les Petites Vieilles », Les Fleurs du Mal Section Tableaux Parisiens (1857)

Introduction: Dans ce poème dit moderne, le poète dresse un portrait dégradant des femmes âgées qu’ils croisent dans la rue. Dans cette section du recueil Baudelaire essaie de tirer le beau du laid de la vie quotidienne.

I - L’observation et la rêverie (organisation et composition du poème

a) Les déambulations du poète spectateur

– Énonciation : la présence du poète se signale par l'emploi du pronom personnel « je » (« je guette » v.3, « j'entrevois » v25 - « il me semble » v. 27, « je [...] cherche » v.30) => les verbes guetter, entrevoir et chercher indiquent que le poète semble porter un regard scrutateur, presque avide, sur le spectacle des petites vieilles qui se déplacent dans la ville.

– Le poète déambule dans la ville : cf. v.26 « Traversant de Paris le fourmillant tableau » (participe présent « traversant » : insistance sur la durée)

– Les petites vieilles sont, quant à elles, désignées le plus souvent par un pronom de 3ème personne (« aimons-les » v.5, « ils » v.9/13/17/19) qui occupe une place prépondérante dans le poème => le regard du poète semble fasciné par le spectacle comme en témoigne l'importance accordée à l'objet du regard (notez par ailleurs la valeur généralisante du pronom : ces vieilles représentent toutes les vieilles de la capitale, elle en sont le prototype, le modèle)

– Le poème s'organise ainsi dans la relation entre le « je » et les vieilles, dans ce regard fasciné : le poète est en position de spectateur, voyant, décrivant, racontant ...

– Ces créatures chétives et anonymes deviennent un nouvel objet de poésie : le poète est descendu dans la rue et prend comme objet poétique des êtres anonymes croisés au hasard de ses déambulations (rappel => Dans « Paysage », poème liminaire de la section « Tableaux parisiens », le poète était encore dans sa tour d'ivoire, proche de l'Idéal, et composait une poésie idyllique qui refusait le réel de la ville. Dans « Le Cygne », le poète descendait dans la rue, mais le spectacle des métamorphoses de la ville n'était qu'un prétexte au surgissement des souvenirs des exilés et à une allégorisation de la ville => c'est le premier poème où les êtres peuplant la ville deviennent véritablement des objets de poésie )

– Notons, par ailleurs, la présence des pronoms « nous » et « vous » (« aimons-les » v.7, « avez-vous observé » v.21) qui installent une forme de familiarité/proximité avec le lecteur, ainsi que les déterminants démonstratifs nombreux et l'usage du présent qui donne l'impression que la scène se déroule devant nos yeux => le lecteur est invité à partager l'expérience du poète, à observer avec lui le spectacle des petites vieilles.

b) Un poème entre observation et rêverie, entre extériorité et intériorité

– On observe que le poème mêle plusieurs formes d'écriture :

– du discours descriptif et narratif, prépondérant (les 5 premières strophes environ) correspondant à la description du spectacle vu (cf. verbes de perception « je guette », « j'entrevois » + verbes de mouvement « ils rampent » v.9, « ils trottent » v.13, « se traînent » v.14, ...) : il s'agit d'une tentative du poète pour saisir au plus près la réalité vue, même dans ses aspects les plus prosaïques

– des passages qui correspondent à la méditation, à la rêverie du poète (essentiellement strophes 7,8 et 9, cf. « méditant » v.29) : il s'agit d'une dérive du poète à l'intérieur de lui-même (considérations sur le destin des vieilles et sur la mort aux strophes 7 et 8, songe spleenétique à la strophe 9)

– Au total, le regard du poète sur les petites vieilles est moins observation que rêverie : d'une vision extérieure sur ces êtres ridicules, le lecteur passe à la découverte de l'intériorité du poète de par les méditations et les rêveries auxquelles il se livre (la laideur de la ville et de ses êtres se transforment en miroir des obsessions intérieures et des interrogations du poète).

II) Le spectacle des petites vieilles

a) Le décor urbain de la rencontre

– Relevé des termes concernant le cadre urbain de la rencontre du poète avec les petites vieilles :

– v.1/2 « Dans les plis sinueux des vieilles capitales, / Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements ». On note deux hyperboles antithétiques « horreur » et « enchantements » qui font de la ville un espace problématique qui hésite entre laideur extrême et espace magique (les termes «enchantements », « charmants » et « charmes » sont à prendre au sens étymologique : qui envoûtent). La tournure « Plis sinueux » évoque une ville labyrinthique (ou peut-être les rides des petites vieilles en imaginant que les vieilles et la ville se superpose dans la vision du poète) qui appartient là aussi plutôt au domaine du rêve, de la féerie.

– v.10 « Frémissant au fracas roulant des omnibus » : référence à la réalité prosaïque de la ville (« omnibus ») dominée par un bruit désagréable souligné par l'allitération en [r]

– v. 26 « Traversant de Paris le fourmillant tableau » : les participes présents soulignent l'agitation de la ville moderne

– Au total, un espace problématique qui hésite entre la réalité (connotée plutôt négativement : laideur, agitation/multitude, bruit, => cf. « omnibus ») et l'imaginaire (ville = univers fantastique avec l'image du labyrinthe et les spectres/fantômes des petites vieilles) => la réalité urbaine se transforme en un espace imaginé (où le poète déploie son imagination) révélateur de l'intériorité du poète. La richesse du poème réside dans la superposition de ces deux plans : la réalité et l'imaginaire du poète.

b) La représentation des petites vieilles

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