Les Colchiques Apollinaire dans Alcools,
Commentaire de texte : Les Colchiques Apollinaire dans Alcools,. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ginette2106 • 23 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 1 504 Mots (7 Pages) • 666 Vues
Texte 4
« Les Colchiques » - Analyse linéaire
A COMPLETER AVEC VOS PROPRES REMARQUES
Eléments d’introduction
Poète du XXème siècle, Apollinaire publie en 1913 l’œuvre Alcools, recueil de poèmes écrits sur plusieurs années et qui surprend par son évidente modernité à la fois dans ses thèmes et dans sa forme. Il supprime par exemple la ponctuation dans la totalité de l’œuvre. Pourtant, bien que particulièrement novateur, le recueil s’inspire toutefois du lyrisme traditionnel inspiré du Moyen Age.
« Les Colchiques » :
- est le 4ème poème du recueil, suit « La chanson du mal-aimé »,
- appartient au cycle des Rhénanes (inspiré par son voyage en Allemagne) mais dans lequel se retrouve la mélancolie du poète « mal-aimé ». Inspiré très probablement par l’amour déçu d’Apollinaire pour Annie Playden.
Dans ce poème, Apollinaire évoque sa souffrance amoureuse par une comparaison entre la femme destinataire et le colchique. Il reprend ainsi le motif de la femme-fleur traditionnel de la poésie amoureuse. (Pensez à Ronsard dans son recueil Les Amours, « Mignonne, allons voir si la rose »). Or, le colchique, bien différent de la rose, est une fleur vénéneuse, un poison qui tue.
Dès lors, comment Apollinaire dépasse-t-il le lyrisme traditionnel par le détournement du mythe ?
Les mouvements du texte suivent les strophes
v.1 à 7 : la fleur vénéneuse : le détournement du mythe
v.8 à 12 : l’intrusion dissonante
v.13 à 15 : l’apaisement par le pouvoir de la poésie
Analyse
Le titre :
Etymologiquement « colchique » signifie « herbe de Colchide », pays de la magicienne empoisonneuse Médée. Une dimension mythologique donc que l’on retrouve plusieurs fois dans le recueil. La plante a donc comme Médée, un caractère menaçant voire dangereux.
Pour rappel : Médée répudiée par son mari Jason (celui de la Toison d’or) assassine la maitresse de celui-ci et égorge ses propres enfants pour faire souffrir son époux.
Remarques générales sur la versification
Une répartition en 3 strophes : un septain (7 vers), un quintil (5 vers) et un tercet.
Hétérométrie : mélange d’alexandrins et vers de 14 syllabes.
Rimes plates qui montrent par ailleurs que le vers 2 est à lire avec le suivant, formant ainsi un alexandrin.
Ainsi, ce poème semble être un sonnet disloqué. Apollinaire s’approprie cette forme fixe traditionnelle de la poésie amoureuse pour mieux la réinventer. De plus, les strophes de plus en plus courtes montrent la disparition du poète et de la douleur.
Strophe 1 : la fleur vénéneuse : le détournement du mythe
V 1 : « en automne » place d’emblée le poème sous le signe de l’automne - motif récurrent du recueil -, une saison au charme ambigu, à la fois saison de mort et de beauté (cf. « Automne malade »), à l’image du poème tout entier.
« Le pré » : image bucolique immédiatement pervertie par l’attribut du sujet « vénéneux » connoté par la mort. L’adversatif « mais » placé à la césure est particulièrement mis en valeur et attire l’attention sur les adjectifs presque antithétiques répartis de part et d’autre de la conjonction. Le lien logique est d’ailleurs inversé : l’on s’attendrait plutôt à « joli mais vénéneux ». Apollinaire pose ainsi d’emblée une inversion des valeurs.
v.2/3 : reprise de l’image bucolique avec « les vaches » qui « paiss[ent] » mais retournement immédiat « s’empoisonnent ». L’absence de ponctuation laisse libre l’interprétation : « paissant lentement » ou « lentement s’empoisonnent » ? L’assonance vocalique en « an » mime d’ailleurs la lenteur du mouvement.
v.4 : La fleur dangereuse surgit et sa couleur est évoquée. Une comparaison surprenante « couleur de cerne » qui présente métaphoriquement la femme destinataire. Il s’agit ici d’une syllepse : un cerne désigne les cercles sur un végétal (comme les cercles sur un tronc d’arbre qui permettent d’estimer son âge) mais aussi le cercle coloré sous les yeux. La coloration du cerne suggère une idée de maladie, voire de mort : la femme est létale, tout comme le colchique. Le verbe est rejetté au vers suivant.
v.5 : Ce verbe mis en valeur en début de vers permet d’insister sur la comparaison qui suit : les yeux de la femme auquel le poète s’adresse « empoisonne[nt] » le poète comme il l’écrit au vers 7. Le poète s’adresse d’ailleurs pour la 1ère fois à celle-ci de manière directe par le déterminant possessif de 2ème personne « tes » mais il ne la désigne que par ses yeux reprenant ainsi la rhétorique du blason qui désigne la femme aimée par synecdoque.
v.6 : Apocope du « e » dans « comme » permet de former un alexandrin.
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