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Lecture linéaire lettre au marquis de Pompone

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Par   •  22 Avril 2021  •  Analyse sectorielle  •  1 801 Mots (8 Pages)  •  6 135 Vues

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I) De la lettre au récit

Dans cette lettre, on peut parler de genre épistolaire de type narratif parce que l'on a un récit adressé à un interlocuteur bien précis.

Cet extrait fournit les indices d'une écriture épistolaire. Les indications concernant le destinataire (« A Pomponne »), le lieu d'où la lettre est écrite (« A Paris ») et la date précise de sa rédaction (« lundi 1er décembre 1664 ») sont données par Mme de Sévigné. On notera également que la présence du destinataire apparaît sous la forme du pronom personnel « vous » l.1 (deux fois) et que la présence de l'épistolière se manifeste sous les formes du pronom personnel « je » l.1. La nature des pronoms personnels permet de comprendre le rôle joué par les deux personnes concernées : le destinataire de Mme de Sévigné, Pomponne, devient ainsi l'interlocuteur d'un faux dialogue.

L'orientation narrative de cette lettre est annoncée dès la première ligne. Le verbe « conter » et le substantif « historiette » suggèrent ce choix.

Le groupe nominal « une petite historiette » annonçait comme on l'a dit l'orientation narrative de la lettre, mais il suggère également un second objectif qui est de faire rire, de « divertir » l.1. Mme de Sévigné va raconter ce petit incident de cour à son ami à la manière d'une scène de théâtre et plus précisément comme une scène de comédie.

Mme de Sévigné rédige cette lettre dans sa majorité au temps du présent de l'indicatif ayant ici la valeur d'un présent d'actualité qui est celui de l'écriture. Par exemple : « je vous conte » l.1, « Le Roi se mêle » l.1. Tous ces indices sont les signes évidents qui prouvent que nous sommes bien en présence d'une lettre. Elle répond en effet aux différentes caractéristiques du genre épistolaire. Toutefois, cette lettre est aussi un récit narratif relatant un événement qui s'est réellement déroulé à la cour.

L'objectif de ce récit est de présenter une anecdote de la vie de cour et en particulier une rencontre, un échange verbal entre le Roi et le maréchal de Gramont face à d'autres présences. Cette scène n'est pas intime, privée. Elle ne se passe pas à huis-clos mais devant d'autres personnes, au sein d'une communauté : « MM. De Saint-Aignan et Dangeau » l.2 qui lui apprennent à faire des vers sont sans doute présents à cette scène.

L’orientation narrative est confirmée par une structure caractéristique du récit qui va d'une situation initiale évoluant dans le temps « l'autre jour » l.3, « un matin » l.3, jusqu’à l’élément perturbateur. L'évolution est aussi soulignée par le passage du passé simple au présent « Il fit l'autre jour » l.2 / « Un matin il dit » l.3, et par les personnages en action.

II) Une scène de comédie

Le récit qui alterne dialogue et didascalie crée et met en place une situation théâtrale.

La phrase « il dit au maréchal de Gramont » l.2-3 met en place des éléments : les personnages et les circonstances qui fonctionnent comme des apartés au théâtre. Comme au théâtre le spectateur et le destinataire de la lettre en savent plus que la victime cad le maréchal de Gramont. A partir de la ligne 4, nous entrons dans la scène de comédie proprement dite avec essentiellement un dialogue où le Roi demande une critique mais en donnant déjà un avis négatif qui oriente le jugement du maréchal : « un si impertinent » l.4.

Comme dans une scène de comédie, on peut voir s'installer une petite intrigue qui met en place un personnage en difficulté, un effet d'attente et un public, qui dans le cadre de la lettre est le lecteur. Ce dernier est dans une situation intéressante parce qu'il est capable d'anticiper étant donné qu'il connaît le piège.

La didascalie révèle l'intention du Roi, sa malice avec l’adjectif (« impertinent »). Ce dernier précédé de l’adverbe d’intensité « si » implique un jugement de valeur.

Le dialogue se caractérise aussi par le temps utilisé, le présent de l'indicatif, et le discours direct. On peut aussi noter la présence de tirets et de guillemets.

Cette scène fonctionne comme une comédie de Molière car elle met en jeu des caractères. Sa dynamique est une dynamique de mal entendu : elle va dévoiler quelque chose. La rencontre du Roi et du courtisan met en place une relation de domination et de soumission mais aussi la relation flatterie/hypocrisie.

La didascalie révèle l'intention du Roi, son souci d'expliquer la situation (« Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers et on m'en apporte de toutes les façons » l.5). Les paroles du Roi exposent les causes ce que traduit la locution conjonctive « parce que ».

Les répliques brèves et les didascalies sont caractéristiques du dialogue.

La réponse va donc dans le même sens que celui du Roi avec une accumulation de superlatifs péjoratifs « voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu » l.6-7.

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