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Lecture linéaire, l'autre monde Cyrano de Bergerac

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Par   •  19 Avril 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 578 Mots (7 Pages)  •  13 346 Vues

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Lecture linéaire (N° 7)

Objet d’étude : La littérature d’idées au XVIIè siècle

Parcours : Imagination et pensée au XVIIè siècle

Cyrano de Bergerac, L’Autre Monde ou Histoire comique des Etats et Empires de Soleil, 1657 - 1662

Introduction

[Présentation du texte] Cyrano de Bergerac, écrivain libertin et scientifique du XVIIe siècle, est l’auteur de

L’Autre Monde ou Histoire comique des États et Empires du Soleil, oeuvre posthume de 1662. Ce roman

burlesque et fantaisiste est précurseur de la science-fiction. Ainsi le narrateur-héros, un humain, voyage sur

la Lune et sur le Soleil. Au fil de ses découvertes, il a des conversations philosophiques avec les habitants

de ces mondes lointains. Sur le Soleil, au cours d’une discussion avec une pie qui lui présente sa société, le

narrateur découvre un nouveau système politique et social, la République des Oiseaux.

[Problématique] Comment par l’intermédiaire de cet extrait sous la forme d’un apologue Cyrano de

Bergerac invite-t-il son lecteur à réfléchir sur la société du XVIIème siècle ?

Nous pouvons repérer 3 mouvements :

Le premier, lignes 1 à 7 présente le cadre spatio-temporel et les personnages principaux, ainsi qu’une

première réflexion à propos des hommes

Le second, lignes 7 à 16 permet à la pie d’expliquer au narrateur le système politique qui est en place dans

cette société d’oiseaux.

Le troisième, lignes 17 à 26 est la description du système judiciaire et du supplice de « la mort triste ». 1er mouvement (l. 1 à 6) : le cadre spatio-temporel, les personnages principaux, et une première

réflexion à propos des hommes

Le titre L’Histoire comique des États et Empires du Soleil nous place d’emblée dans un cadre spatial

fantaisiste et le lieu évoqué l. 1 « entre les rameaux d’un arbre assez proche du mien » conforte cet univers

fictif. Il sera rappelé l. 15 « au sommet d’un grand if ». Le narrateur est présent, il s’exprime à la première personne du singulier (pronom « je » l. 2, et il y a des

références à la première personne « mien » l. 1, « m’ » l. 2). Il nous raconte son séjour parmi les oiseaux.

L’emploi de la 1e

personne du pluriel nous montre qu’il est accompagné, il s’agit de la pie, le passé simple

est le temps du récit au passé « un aigle qui se vint » l. 1, « je voulus » l. 2.

Ainsi, les personnages qui entourent le narrateur sont des oiseaux : nous en retrouvons le champ lexical

« la pie » l. 2 et « un aigle » l. 1 et 5, « sa patte » l. 3. Mais ces oiseaux sont personnifiés. Un vocabulaire

humain les concerne, tout d’abord physique : l’aigle «se vint asseoir » l. 1. De plus, la pie utilise un terme

habituellement réservé aux hommes pour évoquer l’aigle « souverain » l. 3. Enfin, la pie parle, son discours

direct occupe presque la totalité du texte, comme nous l’indiquent les guillemets. Ce discours est d’ailleurs

didactique, la pie explique le fonctionnement de sa société au narrateur, et par cet intermédiaire, l’auteur

fait réfléchir son lecteur. Dès les premières lignes de l’extrait, le lecteur comprend que le manque de réflexion chez l’homme est

critiqué. En effet, le polyptote (répétition sous des formes différents) du verbe croire avec le participe

présent « croyant » l. 2 et le participe passé l. 5 « cru » forment avec le mot « imagination » l. 4 un champ

lexical des suppositions, présenté de manière péjorative par la pie, grâce à l’adverbe de sens

dépréciatif « sottement » l. 5.

La pie oppose le fonctionnement de sa société à celui des hommes : si la première marque de 2e personne du pluriel « vous » l. 3 concerne uniquement le narrateur, la seconde qui s’adresse à tout le

genre humain « vous autres hommes » l. 4, et est une appellation péjorative. De plus, avec l’expression « jugeant de toutes choses par vous » l. 5, la pie (et derrière elle, Cyrano de

Bergerac) reproche aux hommes leur ethnocentrisme ( = voir le monde et sa diversité à travers le prisme

privilégié et plus ou moins exclusif des idées, des intérêts et des archétypes de notre communauté d'origine,

sans regards critiques sur celle-ci »), voire anthropocentrisme (placer l’être humain au centre, au détriment

des autres formes de vie).

Enfin, avec la construction en gradation « aux plus grands, aux plus forts et aux plus cruels de vos

compagnons » l. 4/5, les superlatifs en rythme ternaire insistent sur les défauts des souverains

monarchiques humains. Alors que nous aurions d’abord pu croire que cette citation était positive, avec des

qualités physiques « grands » et « forts », le terme négatif « cruels » vient renverser cette impression.

⇨ Ainsi, d’emblée, cette entrée en matière dans un univers fictif permet à l’auteur, sous forme d’apologue, de

critiquer

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