Lecture linéaire Élévation Baudelaire
Fiche de lecture : Lecture linéaire Élévation Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lolo767777 • 22 Mai 2020 • Fiche de lecture • 1 186 Mots (5 Pages) • 17 607 Vues
Lecture linéaire N°1 : “Elévation”,
Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Introduction : Charles Baudelaire est un auteur majeur de littérature française considéré comme un précurseur de la modernité poétique. Elévation est le troisième poème de la section "Spleen et Idéal" de Les Fleurs du Mal, après l'Albatros, qui relate la chute du poète, voilà un poème inverse. Celui-ci, composé de 5 quatrains d’alexandrins et de rimes embarrassées, met donc en scène le mouvement d'élévation du poète qui vit dans un monde de duel en connaissant une libération permise par le langage poétique. Ainsi son objectif est véritablement de transformer la «boue en or »
Problématique : Comment s’exprime le programme poétique de purification du poète ?
plan : - La description d’une région lointaine (vers 1 à 8)
- Une incitation au voyage intérieur (vers 9 à 12)
- L’idéal du poète (vers 13 à 20)
Analyse :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Les deux premiers vers du premier quatrain dessinent un paysage en mouvement, entre l’eau (« étangs », « mers »), la terre (« vallées », « montagnes », « bois ») et le ciel (désigné par la métonymie des « nuages »)
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Les deux vers suivants propulsent encore plus haut l’imagination, du « soleil » aux « éthers » et aux
« confins des sphères étoilées ». Le voyage devient proprement poétique et fantastique, selon le programme proposé par le titre du poème.
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
On trouve au vers 5 l’une des figures préférées de Baude- laire, l’allégorie. En effet, le poète s’adresse à son esprit comme à une personne, en le tutoyant et en l’interpellant de manière familière.
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
« Se mouvoir », « se pâmer » et « sillonner » sont les trois verbes d’action utilisés pour montrer le dynamisme de l’esprit. Ils permettent de développer l’allégorie et d’amplifier l’image de l’élévation spirituelle.
Avec une indicible et mâle volupté.
Le verbe « se pâme » (v. 6), l’adverbe « gaiement » (v. 7), le groupe prépositionnel « avec une indicible et mâle volupté » permettent d’exprimer le plaisir et la joie ressentis par l’esprit, fortement virilisé dans ce passage. La volupté renvoie ainsi essentiellement au plaisir amoureux, comme dans le refrain de « L’invitation au voyage ».
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