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Lecture analytique La currée, d'Emile Zola, chapitre 4

Fiche : Lecture analytique La currée, d'Emile Zola, chapitre 4. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Mars 2019  •  Fiche  •  2 080 Mots (9 Pages)  •  4 026 Vues

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Lecture analytique n=°3

La Curée, d’Emile Zola, chapitre 4

Renée a noué une liaison incestueuse avec son beau-fils Maxime. Ils se retrouvent souvent la nuit dans la serre de l’hôtel particulier de Saccard.

S’ils avaient fermé les yeux, si la chaleur suffocante et la lumière pâle n’avaient pas mis en eux une dépravation de tous les sens, les odeurs eussent suffi à les jeter dans un éréthisme nerveux extraordinaire. Le bassin les mouillait d’une senteur âcre, profonde, où passaient les mille parfums des fleurs et des verdures. Par instants, la Vanille chantait avec des roucoulements de ramier ; puis arrivaient les notes rudes des Stanhopéa, dont les bouches tigrées ont une haleine forte et amère de convalescent. Les Orchidées, dans leurs corbeilles que retenaient des chaînettes, exhalaient leurs souffles, semblables à des encensoirs vivants. Mais l’odeur qui dominait, l’odeur où se fondaient tous ces vagues soupirs, c’était une odeur humaine, une odeur d’amour, que Maxime reconnaissait, quand il baisait la nuque de Renée, quand il enfouissait sa tête au milieu de ses cheveux dénoués. Et ils restaient ivres de cette odeur de femme amoureuse, qui traînait dans la serre, comme dans une alcôve où la terre enfantait.

D’habitude, les amants se couchaient sous le Tanghin de Madagascar, sous cet arbuste empoisonné dont la jeune femme avait mordu une feuille. Autour d’eux, des blancheurs de statues riaient, en regardant l’accouplement énorme des verdures. La lune, qui tournait, déplaçait les groupes, animait le drame de sa lumière changeante. Et ils étaient à mille lieues de Paris, en dehors de la vie facile du Bois et des salons officiels, dans le coin d’une forêt de l’Inde, de quelque temple monstrueux, dont le sphinx de marbre noir devenait le dieu. Ils se sentaient rouler au crime, à l’amour maudit, à une tendresse de bêtes farouches. Tout ce pullulement qui les entourait, ce grouillement sourd du bassin, cette impudicité nue des feuillages les jetaient en plein enfer dantesque de la passion. C’était alors au fond de cette cage de verre, toute bouillante des flammes de l’été, perdue dans le froid clair de décembre, qu’ils goûtaient l’inceste, comme le fruit criminel d’une terre trop chauffée, avec la peur sourde de leur couche terrifiante.

Et, au milieu de la peau noire, le corps de Renée blanchissait, dans sa pose de grande chatte accroupie, l’échine allongée, les poignets tendus, comme des jarrets souples et nerveux. Elle était toute gonflée de volupté, et les lignes claires de ses épaules et de ses reins se détachaient avec des sécheresses félines sur la tache d’encre dont la fourrure noircissait le sable jaune de l’allée. Elle guettait Maxime, cette proie renversée sous elle, qui s’abandonnait, qu’elle possédait tout entière. Et, de temps à autre, elle se penchait brusquement, elle le baisait de sa bouche irritée. Sa bouche s’ouvrait alors avec l’éclat avide et saignant de l’Hibiscus de la Chine, dont la nappe couvrait le flanc de l’hôtel. Elle n’était plus qu’une fille brûlante de la serre. Ses baisers fleurissaient et se fanaient, comme les fleurs rouges de la grande mauve, qui durent à peine quelques heures, et qui renaissent sans cesse, pareilles aux lèvres meurtries et insatiables d’une Messaline géante.

Intro : présenter le roman, sa place dans le cycle des Rougon-Macquart et le sujet du roman.

Dans un texte paru dans La Cloche du 8 novembre 1871, Zola écrit : « La Curée, c’est la plante malsaine poussée sur le fumier impérial. », utilisant déjà une métaphore liée au monde végétal. serre de l’hôtel du parc Monceau, luxueux hôtel particulier habité par Saccard et sa femme, occupe une place importante dans le roman : décrite longuement dans le chapitre 1, elle est évoquée plusieurs fois par la suite, et surtout parce qu’elle devient le lieu des amours de Renée et de son beau-fils Maxime. Nous sommes ici à la toute fin du chapitre 4 : Renée s’est jetée à corps perdu dans sa liaison incestueuse avec Maxime et lui donne régulièrement rendez-vous dans la serre qui est le lieu nocturne de leurs ébats.

Problématique :

En quoi ce passage est-il plus artistique que réaliste ?

Autre formulation possible pour cette même problématique :

Ce passage est-il réaliste ? (pas du tout évidemment ! art de la déformation)

autres problématiques possibles :

Comment la description de la serre révèle-t-elle les personnages ?

Pourquoi le milieu révèle-t-il les personnages ?

Plan :

I- Une description artistique

II- Une description érotisée

III- Métamorphose des êtres et des choses : une écriture baroque

I- Une description artistique

Zola dans cette description de la serre use d’un art qui pourrait s’apparenter à la fois à celui d’un poète, d’un peintre et d’un cinéaste.

1) la serre est un monde de sensations (synesthésie)

Le point de vue adopté est essentiellement interne, avec quelques touches d’omniscience du narrateur (l.1, 10, 12), ce qui fait que la serre est décrite à travers les sens exaltés de Maxime et Renée. Le texte commence par « S’ils avaient fermé les yeux » car Zola a fait dans les pages précédentes une description essentiellement visuelle, une vision hallucinée de la serre et de ses plantes étranges.

Pour traduire l’ivresse qui s’empare des deux amants, le crescendo voluptueux, Zola fait appel cette fois à tous les sens et multiplie les notations sensorielles olfactives, auditives et tactiles.

sensations olfactives « senteur âcre » (l.3), « mille parfums des fleurs et des verdures », « la Vanille » (l.4), « haleine forte et amère »(l.5), « souffles (...) encensoirs » (l.7), « odeur » 4 fois

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