Lecture analytique - L'incipit de la Peste
Commentaire d'oeuvre : Lecture analytique - L'incipit de la Peste. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 99523517 • 22 Juillet 2021 • Commentaire d'oeuvre • 1 221 Mots (5 Pages) • 545 Vues
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LECTURE ANALYTIQUE
Extrait (incipit) de La Peste d’Albert Camus
INTRODUTION
- 1913/1960
- romancier, philosophe et journaliste
- 1942, il milita dans un mouvement contre la résistance, commença à écrire dans « Combat » et publia la même année l’Etranger et le Mythe de Sisyphe à portée philosophique
- Pendant la guerre d’Algérie, il prit position pour la réconciliation et se créa de ce fait beaucoup d’ennemis
- En 1957, il reçut le prix Nobel
- C’est donc un écrivain engagé et pour qui l’écriture a pour but de donner une vision du monde = l’absurde
- Appartient au cycle de l’absurde
- Description d’une ville (Oran)
Incipit :
- Etymologie« incipire » : commencer, prendre en main
- Seuil du roman, comme l’explicit (fin)
- Incipit a deux missions fondamentales = d’information (personnages, cadre spatio-temporelle, de séduire le lecteur)
QUESTIONS
- Dans quelle mesure cet incipit est-il particulier ?
- Comment est présentée Oran ?
- Quelles sont les fonctions de cet incipit ?
- Un aspect traditionnel :
- Cadre spatio-temporel
- Cadre présenté dès la première ligne = détails : « Oran » et « 19… » = effet de réel
- Date incomplète = universelle qui nous ramène à la 2eme guerre mondiale
- Oran = Algérie = colonie française
- Camus se battait à l’époque contre les colonies et a séjourné à Oran en 1941
- Effet de réel renforcé par « chronique » ligne 1 = récit d’évènements dans un ordre chronologique raconté par un témoin.
- La description est péjorative, dévalorisante car la ville est banale = répétition de « ordinaire » et de « une » qui traduit la banalité
- La ville est insignifiante puisqu’elle n’est « rien de plus qu’une préfecture » et qu’elle ressemble à « autant d’autres villes commerçantes sous toutes les latitudes ligne 6/7
- Banalité renforcée par « neutre » ligne 8 + les prépositions privatives « sans pigeons, sans arbres » ligne 7 et « ni battements d’ailes ni froissement de feuilles ligne 8
- La ville est moche = ligne 5 « laide »
- La ville est remarquable non pas par ses qualités mais par ses défauts = nombre important de négations
- Impression d’un univers inhumain voir inhabitable, une ville sans nature comme le souligne les questions rhétoriques ligne 7 à 9
- Seul présence vivantes = présence humaine
- Même le climat semble rude, et seul l’hiver est agréable = antithèse « les beaux jours viennent seulement en hiver ». L’été est marqué par les incendies et empêche les hommes de sortir le printemps « s’annonce par la qualité de l’air » ligne 10. Tandis que l’automne est marqué par la boue = « déluge de boue » ligne 14
- Connotation de la mort = « incendies » ligne 12, « cendres grises » ligne 12, « trop sèche » ligne 12, + absence de mouvements = « ni pigeons, ni battements d’ailes ». La mort est présente dès le titre = « la peste » = maladie mortelle.
- Les personnages
- Ils sont qualifiés par des termes péjoratifs et ils sont caractérisé par l’appât de gain = champ lexical de l’argent et du commerce = « villes commerçantes » ligne 16, « vendeurs, marché » ligne11, « s’enrichir » ligne 19, « gagner beaucoup d’argent » ligne 23.
- Absence de vie spirituelle ; la ville met au même niveau le travail, l’amour, la mort = « comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt » ligne 16.
- Ignorance de ce qui fait la condition humaine, ils ne s’interrogent pas car la vie quotidienne, l’amour et la mort se font « du même air frénétique et absent » :
- À cause de leur routine, « s’y applique à prendre des habitudes » ce qui est renforcé par le présent de vérité générale = le narrateur semble annoncer des évidences = une ville figée, atemporelle et monotone.
- A cause de leur banalité, ils gagnent de l’argent en semaine ligne 23 et font toujours les mêmes choses a « heures fixes » ligne 24 et attendent la fin de la semaine pour se distraire « ces plaisirs pour le samedi soir et le dimanche » ligne 22
- Ce qui provoque « l’ennui » ligne 18 et les divertissements sont partagé par la ville entière et sont réservés à des horaires précis = conformisme ligne 21/22
- Conformisme renforcé par ligne 24 « se promenant sur le même boulevard » = absence de fantaisie dans le quotidien
- La seule fois qu’ils semblent intéressants c’est lorsqu’ils font preuve de vice = ligne 25/26 « tandis que les vices » = degré ultime de pêcher
- Les oranais sont inintéressants et communs, l’intérêt repose sur le décalage entre les personnages banals et les évènements extraordinaires ligne 1 = curieux évènements
- Le mystère repose également sur l’identité du narrateur, ce qui fait l’originalité de cet incipit.
- Un aspect original
- Le narrateur
- On ignore son identité :
- S’il s’agit d’un critique = description péjorative, tout le texte se révèle être ironique ligne 21/18 moquerie des habitants
- S’il s’agit d’un témoin = car c’est une « chronique », c’est visible à travers les possessifs nombreux « notre » ligne 16, « nos » ligne 18. Il semble être le porte-parole de la communauté ligne 2 = « de l’avis générale », il possède un ton neutre, plutôt objectif, absence de sentiment, ne cherche pas à embellir ses description (aspect réel) ni à dramatiser la situation. Euphémisme sur « curieux évènements… sortant un peu de l’ordinaire », illusion de réel = point de vu de loin = prise de distance = « ils ».
- Un témoin qui semble neutre malgré ça, la critique est bien présente.
- Statut ambigu du narrateur, rôle distancier pourtant critique.
- Ce narrateur n’a pas pour objectif de faire un simple récit des faits mais de nous engager dans une réflexion plus profonde.
- La visée symbolique
- Derrière le narrateur se cache l’auteur
- La peste = métaphore : l’épidémie est à rapprocher de l’expression du nazisme (la peste brune) et du fascisme en Europe dans ces années-là, la lutte pour s’en débarrasser symbolise la résistance.
- La peur qui domine la ville peut être lue comme l’absence de réactions des populations européenne face aux massacres
- La ville ordinaire possède des habitants ordinaires = généralisation
- La ville d’Oran semble aussi représenter symboliquement une ville moderne
- Les habitants semblent représenter la condition humaine
- Cette condition c’est la vie banale, routinière matérialiste dans laquelle les interrogations spirituelles sont absentes
- Oran = résume le monde, ce qui se passe à Oran, se passe en nous lecteurs
- Le roman devient alors le miroir de notre propre condition
CONCLUSION
- Camus commence son œuvre par la description d’une ville banale et dont les habitants ont énormément de défauts
- A la fois en marge et au cœur du récit le narrateur brouille les pistes et incite à une lecture active -> comme on le pressent dans le choix de l’épigraphe, le lecteur = invité à réfléchir, à interpréter
- Dimension programmatique de la description pressent qu’une rupture va se produire et venir perturber ces hommes et leurs habitudes = Camus ménage ainsi un certain suspense et crée un horizon d’attente.
- Mais aussi un horizon de réflexion
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