Lecture Analytique, "Le Mariage de Figaro", Beaumarchais acte 1 scène 1
Commentaire de texte : Lecture Analytique, "Le Mariage de Figaro", Beaumarchais acte 1 scène 1. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nati tina • 22 Janvier 2020 • Commentaire de texte • 2 665 Mots (11 Pages) • 938 Vues
LA N°7 Le Mariage de Figaro, Beaumarchais ( 1784 ) SCÈNE 1 DE L’ACTE I.
- LA DIDASCALIE INITIALE.
La didascalie initiale donne au metteur en scène et aux acteurs des indications sur le décor et sur les actions des personnages.
Le décor : nous avons une chambre à demi démeublée (c’est-à-dire qu’il y manque le lit), au milieu (= endroit important) de laquelle se trouve un « grand fauteuil de malade »), accessoire qui va jouer un rôle important, notamment à la scène 8 de l’acte I.
Les actions des personnages :
– Figaro mesure la surface du plancher (« Figaro, avec une toise, mesure le plancher ») ;
– Suzanne « attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d’oranger, appelé chapeau de la mariée ».
Le lieu (une chambre) et un accessoire, le couvre-chef de Suzanne, évoquent le mariage. Toutefois, l’absence d’un accessoire important dans une chambre de mariés (le lit conjugal) montre que le mariage n’a pas encore eu lieu.
- LE DIALOGUE
1. Une discussion légère entre amoureux : l. 1 à 10.
L’action commence in medias res. Figaro est en pleine action : il mesure une surface, comme l’indique la réplique « Dix-neuf pieds sur vingt-six » (l. 1), où l’on multiplie (« sur », l. 1) une largeur (« Dix-neuf pieds », l. 1) par une longueur (« vingt-six », l. 1).
S’ensuit un court dialogue entre Suzanne et Figaro. Le thème en est léger, voire libertin, puisqu’il est question :
– de la virginité de Suzanne (« ce bouquet virginal », l. 5) ;
– des appas de celle-ci (« la tête d’une belle fille », l. 6) ;
– de l’amour de Figaro (« l’œil amoureux d’un époux », ll. 6-7) ;
– des noces de Figaro et de Suzanne, qui vont mettre fin à la virginité de celle-ci (« le matin des noces » l. 6).
Le champ lexical du mariage et de l’amour est dominant : « virginal » (l. 5), « belle fille » (l. 6), « amoureux » (l. 7) ; « époux » (l. 7).
Un échange de répliques (l. 9 à 11) nous informe sur ce que fait Figaro : il mesure si la chambre est assez vaste pour contenir leur lit conjugal, offert par leur maître, (« Je regarde […] si ce beau lit aura bonne mine ici »). Nous continuons donc d’être dans le domaine de l’intime , puisqu’il s’agit du lit où va se dérouler leur nuit de noces ; et une certaine ambiguïté est introduite puisque ce lit nuptial est offert par le comte, qui s’introduit donc ainsi dans l’intimité du couple.
Dans tout ce passage, les deux personnages apparaissent très proches l’un de l’autre :
– ils s’appellent par leurs prénoms (« Figaro », l. 2 ; « Suzanne », l. 9) ;
– Suzanne tutoie Figaro (« tu », l. 3) ;
– nous ne savons pas si Figaro tutoie Suzanne, mais nous pouvons le supposer, puisqu’il emploie des termes hypocoristiques [= petits mots gentils], quand il s’adresse à elle (« ma charmante », ll. 4-5 ; « ma petite Suzanne », l. 9) ;
– celle-ci emploie également des termes hypocoristiques pour s’adresser à lui (« mon fils », l. 8).
2. Refus de la chambre par Suzanne et incompréhension de Figaro : l. 11 à 22.
Dans le passage suivant (l. 11 à 22), Suzanne refuse le lit offert par le comte, sans justification malgré la demande pressante d’explications de Figaro.
Cet échange se fait sur un rythme rapide : les répliques font de deux (« Pourquoi », l. 14) à neuf syllabes (« Oh ! quand elles sont sûres de nous ! », l. 20). Ce sont des stichomythies.
Alors que Suzanne s’adresse toujours à Figaro en le tutoyant, ce dernier la désigne en employant le pronom personnel indéfini (« On dit une raison », l. 18) ou en l’englobant dans l’ensemble de la gent féminine (« Oh ! quand elles sont sûres de nous ! », l. 20). Il s’agit de développer le topos du caractère capricieux des femmes, popularisé par l’adage attribué au roi François 1er : « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie ».
Suzanne répond par un paradoxe (« Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort », l. 21-22), qui renforce le topos évoqué précédemment : les femmes sont des créatures irrationnelles.
Pour finir, elle tente de clouer le bec de Figaro en utilisant un raisonnement par l’absurde (« Es-tu mon serviteur ou non ? » l. 22), en s’appuyant sur le code amoureux élaboré au Moyen-Âge, du temps de l’amour courtois : le chevalier servant doit obéir aveuglément aux ordres de la Dame de ses pensées et ne jamais la contredire : si Figaro la contredit, c’est qu’il n’est pas véritablement amoureux d’elle.
Dans ce passage, Beaumarchais utilise le comique de caractère : Suzanne représente toutes les femmes et a un défaut qui est censé leur être commun.
3. Les raisons du refus de Suzanne : ll. 23 à 65.
Figaro tente alors de la convaincre, et fait donc appel à un argument logique : il faut accepter cette chambre à cause de sa commodité (« la chambre du château la plus commode », ll. 23-24).
À l’exemple utilisé par Figaro pour illustrer son argument (« La nuit, si Madame est incommodée, elle sonnera de son côté ; zeste ! en deux pas, tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque chose : il n’a qu’à tinter du sien ; crac ! en trois sauts me voilà rendu », ll. 25 à 28), Beaumarchais fait répondre Suzanne, en utilisant un parallélisme, qui fait appel au comique de mots, notamment par le réemploi des interjections « zeste » (l. 30) et « crac » (l. 31), et de l’expression « en trois sauts » (l. 31) qui, tout en continuant d’évoquer la rapidité, prennent un sens grivois dans ce nouveau contexte.
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