Lecture Analytique, L'homme qui rit, chap 5, Victor Hugo
Commentaire de texte : Lecture Analytique, L'homme qui rit, chap 5, Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cleemlb • 2 Mai 2017 • Commentaire de texte • 1 390 Mots (6 Pages) • 10 692 Vues
Lecture analytique n°1 (L’homme qui rit, V. Hugo, chapitre II)
➔ En quoi le portrait d’un monstre permet-il de mener une réflexion philosophique ?
Introduction
Hugo est un auteur prolifique du XIXème siècle (1802-1885), il s’est illustré dans de nombreux genres, notamment le théâtre avec le drame romantique (Hernani 1830, Cromwell 1827) mais aussi dans le roman avec Les Misérables (1862), et dans la poésie avec ses recueils : Les Contemplations (1856), et Les Orientales (1829). Il s’est également engagé dans son siècle luttant à travers ses œuvres pour faire entendre la voix du peuple et dénoncer les injustices sociales.
L’Homme qui rit est un roman publié en 1869 dont l’action se déroule en Angleterre. Le héros Gwynplain a été enlevé par des bandits qui l’ont mutilé pour en faire un phénomène de foire, il a été recueilli par Ursus, un philosophe. Notre extrait se situe dans la deuxième partie, après une suite de péripétie, et nous livre le portrait tant attendu de Gwynplain.
+ Problématique
- Un véritable monstre
Cet extrait nous présente le personnage de Gwynplain qui se démarque par sa monstruosité mais n’est pas dénué d’un certain sens artistique.
- De la laideur vers le rire
Ce texte met en avant l’extrême laideur de G. qui devient hyperbolique, son visage est difforme ce qui est traduit par la présentation des différents éléments du visage qui s’entremêlent (l2/l3 « une bouche s’ouvrant jusqu’aux oreilles », « des oreilles se repliant jusqu’à sur les yeux », « un nez informe »). Ainsi le narrateur utilise comparaison et métaphore afin de représenter ce visage (« un hiatus pour bouche », « une protubérance camuse », et « des yeux pareils à des jours de souffrance » l6/7). Cette laideur est l’œuvre d’une violence monstrueuse d’un chirurgien criminel. En effet, on voit une énumération de participes passés notant la déformation avec les préfixes négatifs « -de » et « -dis » (l20). On note également de nombreux termes scientifiques à la ligne 20 « obtusion », « ligature », « lésion » (l22), « chirurgie » (l18), « sciences » (l17), ce vocabulaire insiste sur le travail prémédité et acharné de destruction. Hugo fait même une comparaison ironique entre ce travail et l’alchimie (l17/18). Le personnage est également clownesque puisque sa laideur fait rire (l3/4) « un visage qu’on ne pouvait regarder sans rire »), Hugo s’interroge sur la naissance de ce monstre et sur son but (l15 « a-t-il été créé ne fusse que dans un but d’exhibition ? »), en effet le monstre est celui qui est montré, regardé, d’où le champ lexical du regard, du spectacle (« saltimbanque », « bateleur », « public », « maque »,...). Gwynplain est une bête de foire qui amuse les gens jusqu’à créer un véritable paradoxe puisque l’homme est détruit peut guérir. La monstruosité devient thérapeutique : « il guérissait les hypocondriaques » (l29). Gwynplain représente le rire de manière allégorique comme le montre l’antithèse « Spleen était un bout et Gwynplain à l’autre » (l31). Cependant, au delà de son personnage clownesque, il n’est pas dénué d’un intérêt artistique.
- Une véritable œuvre d’art
Nous notons le champ lexical de l’art, « chef d’œuvre » (l8), « sculpture puissante et profonde » (l24), « masque », « admirablement réussi » : Gwynplain est donc une création extraordinaire qui transforme la laideur en beauté , il est d’abord assimilé à une merveille de la nature, à la ligne 1 « la nature avait été prodigue de ses bienfaits », puis le narrateur nie cette possibilité par le biais d’une question rhétorique à la ligne 4 « mais était-ce la nature ? ». En effet, il affirme sur le temps d’une vérité générale que « la nature ne produit pas toute seule de tels chefs-d’œuvre » (l8). Le lecteur doit donc interpréter et comprendre que Gwynplain n’est pas une création naturelle mais née d’un travail de l’homme. Il représente un véritable oxymore, une création admirable née de la destruction. C’est donc un personnage présentant une dualité
- Un bouffon tragique
- Le pouvoir et l’origine du rire
Nous venons de voir le registre comique qui est bien représenté, cependant G. fait rire malgré lui. Il y a donc une opposition entre son apparence et son ressentir, « c’est en riant que G. faisait rire, et pourtant il ne riait pas ». Ici le polyptote du verbe rire montre bien qu’il a plusieurs significations et notamment qu’il peut signifier le désespoir. Cette hypothèse est soulevée par l’auteur dans la question rhétorique « Le rire est-il synonyme de la joie ? » (l9). De même, le parallélisme « sa face riait, sa pensée non » (l34) insiste sur l’opposition extérieure/intériorité. Les périphrases utilisées pour désigner le sourire sont à ne pas oublier « un hiatus pour bouche » ou « l’état béant » (l23) et insistent plus sur la déformation que sur le sourire.
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