Lecture Analytique "Heureux qui comme Ulysse" Du Bellay
Commentaire de texte : Lecture Analytique "Heureux qui comme Ulysse" Du Bellay. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Inès Hauguel • 14 Mai 2018 • Commentaire de texte • 1 243 Mots (5 Pages) • 1 542 Vues
LA n°1 : « Heureux qui comme Ulysse » Du Bellay
Intro : Joachim Du Bellay est un poète humaniste français né vers 1522 à Liré en Anjou. Il passe quatre ans à Rome en tant que secrétaire intendant de son oncle mais il n’y connaîtra que déception, tracas et amertume. Il en rapporte cependant 3 recueils dont Les Regrets qui offre une vision décevante de la ville. Du Bellay y manifeste ses malheurs, son ennui et sa désillusion. Dans le sonnet « Heureux qui comme Ulysse » le poète exprime la nostalgie de son pays natal dans un registre lyrique.
Lecture du poème/Problématique/Annonce des Axes
I / La parole du poète exilé
A. L’élégie
- Le poème évoque l’expérience et les sentiments de Du Bellay.
- Tout d’abord l’expérience universelle est suggérée par le premier quatrain écrit à la 3ème personne.
- Dans les strophes suivantes le poète intervient directement avec la 1ère personne v.5 et v.7 et des adjectifs possessifs (mon, ma, mes) utilisés à 5 reprises dans les 10 derniers vers.
- La dimension affective des possessifs est renforcée par plusieurs adjectifs évoquant le familier et la compassion : « mon petit » (v. 5 et 13), « ma pauvre » (v.7).
- La plainte douloureuse est soulignée par une ponctuation expressive : des exclamations (strophe 1) et des interrogations (strophe 2).
- L’interjection « hélas » au v. 5 mise à l’hémistiche // un soupir montre la nostalgie du poète par rapport à son passé et son incertitude quant à l’avenir.
B. Un exil douloureux
- Cette nostalgie exacerbée domine tout le poème :
- Il loue, d’une part, les mérites du voyage en commençant par « Heureux » v.1 pour montrer que le voyage peut-être positif.
- Mais le passage à la 1ère personne permet d’évoquer un autre aspect du voyage : la douleur de l’exil.
- Il fait face à une pénible incertitude et une complainte lancinante par la répétition du verbe «reverrai-je» v.5 et v.7 et la reprise de l’interrogation temporelle : « quand », « en quelle saison »
- L’utilisation d’enjambements renforce la nostalgie v.5 et v.6 (« de mon petit village/Fumer la cheminée »)
- Ainsi que l’hyperbole : « beaucoup davantage » v.9
Transition : Dans « Heureux qui comme Ulysse », l’évocation de l’exil et la nostalgie du pays natal se prolongent dans un parallèle avec le mode de vie romain, où le lyrisme se mêle à un ton plus critique
II – La Nostalgie du pays natal
A. Du rythme et de l’expressivité
- Du Bellay utilise le sonnet pour accompagner les thèmes qu’il développe : les deux tercets finaux sont dédiés à la comparaison entre Rome et son pays natal : mise en parallèle de ces deux lieux : anaphore « Plus…que » (5 occurrences dans les 6 derniers vers) : supériorité de son Anjou natal.
- L’opposition se fait élément par élément autour de la césure à l’hémistiche dans l’alexandrin : v.11 à 14 => 6 syllabes pour Rome et 6 pour l’Anjou
- Le rythme s’accélère :
- Le passage du quatrain au tercet : format plus court.
- Des ellipses sont utilisées par exemple le verbe « plaire », au 1°tercet, disparaît dans le second.
- Le sonnet se clôt donc sur une strophe sans aucun verbe : l’exaltation du poète culmine.
B. Du faste de Rome à la modestie angevine
- La douceur angevine est mise en avant :
- Par le champ lexical de la construction aux v.5 à 11 : évocation de bâtiments et matériaux : « cheminée », « maison », « palais », « front », « marbre »,« Ardoise ».
- Par le champ lexical des éléments géographiques et naturels : fleuves et montagne (v.1-13) « l’air marin » (v.14).
- Clôture sur une expression double : « douceur angevine » : le climat mais aussi le confort et la quiétude amène à la douceur et l’intimité qui dominent dans la description nostalgique de la terre natale.
- Par le foyer géographique et familial : « parents », v.4 ; « aïeux », v.9.
- Cette intimité se prolonge avec la référence au « clos » (v.7), évoquant le cocon.
- la métonymie de « la cheminée » au v.6 symbolise un lieu de vie et de rassemblement pour la famille et le village.
- La douceur prend un caractère simple et humble grâce à une succession de modalisateurs : les villages sont « petits » (v.5, 13), la maison « pauvre » (v.7), l’ardoise « fine » (v.11).
- Ces qualifications s’opposent à la grandeur froide de Rome :
- Le poème contient de nombreuses références à des lieux chargés d’histoire et de majesté tel que le mont Palatin, les palais de marbre… Le poète fait ainsi une critique de la dureté et de l’arrogance de Rome : personnification des palais : « front audacieux » v.10 à la diérèse écrase qui par métonymie s’adresse aux Romains // « marbre dur » au v.11
III / Un sonnet humaniste
A – Références et valeurs humanistes
- Ce sonnet est biographique et s’inscrit dans un héritage et une visée plus larges : le mouvement humaniste. Ce courant met l’homme au centre de la réflexion philosophique et artistique, et œuvre pour la diffusion de la connaissance et la redécouverte de la culture antique :
- Références mythologiques : « Ulysse » (v.1) et Jason V2.
- Références historiques : L’Antiquité romaine : « Le Tibre latin » (v.12, le « mont Palatin » (v.13)
- Ces références sont au service d’une réflexion sur le voyage : moment d’apprentissage :
- Rime entre « voyage » (v.1) et « âge » (v.4) « usage» (v.3) laisse paraître un bonheur simple, savant et raisonnable, créé par l’expérience, en accord avec les valeurs humanistes.
B – La défense et illustration de la langue française :
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