Le sonnet 32
Commentaire de texte : Le sonnet 32. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Benkatia • 18 Juin 2016 • Commentaire de texte • 843 Mots (4 Pages) • 2 437 Vues
Introduction
Le sonnet 32 est situé dans le premier tiers du recueil de 1550. Dans le précédent recueil, L'Olive de 1549, qui contenait cinquante sonnets, il n’existait pas. On peut supposer que le sonnet 32 est en quelque manière lié au sonnet 33. Il développe, en effet, le thème du temps : le poète y oppose le temps qui passe et qui fane la beauté physique ou les œuvres d’art, à l'éternité qui touche les vertus morales et intellectuelles d'Olive et sauve aussi les oeuvre. On a donc dans ce poème la présence de deux temporalités disctinctes : l'une définie et bornée humaine aussi, l'autre qui tend vers l'infini et aspire à l’éternité.
Les relations entre le poète et le temps sont également développées dans le sonnet 33. Le poète y évoque, en effet, l'union originelle qui existait entre sa dame et lui ainsi que le regret et la recherche de cette union. En revanche, si le poète développe le thème d'un temps passé révolu qui a vu naître son amour, il n'évoque pas directement cette éternité qui, par la permanence qu'elle confère aux êtres et aux idées, permet de dépasser le caractère éphémère des biens terrestres. Or, l'ajout, en 1550, du sonnet 32, qui mentionne clairement l'éternité consolatrice, suggère au lecteur de partir en quête de celle-ci, dans le sonnet 33.
Nous verrons donc (plusieurs possibilités) :
- comment dans un poème lyrique le poète se subordonne à son œuvre, qui elle seulement peut devenir immortelle
- Comment derrière le poète générique se cache Du Bellay qui souhaite tout de même laisser sa trace
- Comment derrière la modestie apparente se devine la fierté du poète
Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'œuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?
Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.
Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,
Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robe.
Structure
La structure du sonnet est bien identifiable, les strophes possèdent chacune leur unité syntaxique et se répondent deux à deux de manière croisée. S’il est vain de croire que le poème peut devenir immortel (strophe 1) car les poème de l’antiquité sinon devraient toujours bien faire partie de notre présent (srophe 2) il ne faut pas pour autant abandonner la création (1er tercet) et même en tant que premier à avoir écrit sur Rome la mémoire collective s’en souviendra (2ème tercet)
Développement …
Quelques idées :
- les monument cités sont ceux de Rome qui a dominé le monde (sonnet 2), par les arts et par les armes (sonnets 6 et 7) ; bien qu'en ruine, elle émerveille le monde entier (sonnet 13) ; sa grandeur couvre le monde entier (sonnet 26) ; elle est plus honorée aujourd'hui que des cités plus récentes et plus florissantes (sonnet 28), elle a rassemblé l'art du monde entier, et elle constitue son tombeau (sonnet 29).
- Dans les Regrets, notons que c’est la Rome en ruine dont parle le poète.
- Il apostrophe ses propres vers dans la strophe 1
- La lyre est une référence à la création antique et poétique. Il s’inscrit de fait dans la lignée des Dieux (comme héritier et passeur).
- L’histoire est cyclique et ce qui est grand ne le reste pas. Tout ce qui est grand finit par s'épuiser (sonnet 16) ; et le sens de l'Histoire descend vers la chute : Rome, qui contenait le bien et le mal, en mourant ne nous a laissé que le mal (sonnet 19). Il en est de même pour les œuvres.
- Du Bellay est assez peu présent dans ce recueil, sinon sous la forme générique du poète. Il n'en est pas moins une figure essentielle, puisqu'il l'ouvre et le clôt, introduisant ainsi une structure cyclique aussi.
- On note des oppositions entre dur et mou, fort et faible, fragile et solide, grandeur et petitesse (relever les champs lexicaux). Rien n’est fait pour durer, même ce qui semble immuable.
- Dans la dédicace ("Au roi"), le sonnet 25 et enfin le sonnet final, il affirme qu'il fait revivre la Rome antique, et qu'il est le premier Français à le faire, et dans le premier sonnet, il invoque ses pairs, les poètes antiques – sans les nommer. Et dès le 2ème sonnet, il entre dans le vif du sujet, en glorifiant Rome. Mais cette gloire et cette résurrection ne sont que provisoires : le poète ne peut espérer (contrairement à ce qu'affirmait Ronsard) une gloire immortelle...
- La pointe sur le mot Robe est une allusion sonore à Rome, mais montre aussi justement son changement.
Conclusion :
Poème qui clôt un recueil et délivre un message, en reconnaissant à la fois la fuite du temps et ses ravages et la survivance rare de quelques œuvres qui sortent du lot commun. Comme son recueil unique car premier. En affirmant ne pas pouvoir connaître l’immortalité, il est clair qu’il la cherche !
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